En l’espace de dix ans, le secteur de la santé a connu plusieurs changements. C’est un record. Oui, en une décennie, sept ministres ont pris les rênes de ce département. C’est, pratiquement, le seul secteur névralgique qui a été confronté à une telle instabilité.
L’intersyndicale des praticiens de la santé publique regroupant le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) a dressé, hier lors d’une conférence de presse animée à Alger, un tableau noir de l’état du secteur. La santé publique se trouve depuis des années dans une impasse et c’est la première fois depuis l’indépendance du pays qu’une crise aussi grave et multiforme secoue le secteur de la santé. « Depuis le 17 mars, il n’y a eu aucun contact entre les partenaires sociaux et la tutelle. De par le monde et en dehors des crises, le partenaire social est consulté systématiquement. Chez nous, on nous tourne le dos », a déclaré Dr Youcefi, porte-parole du SNPSSP. Le nouveau ministre, selon les syndicats, va hériter d’une profonde crise. « On ne peut pas occulter cette réalité : Barkat a très mal géré le secteur. Il a prouvé ses limites et sa gestion et démontré beaucoup de défaillances.
En somme, le ministre sortant a laissé des traces indéniables », a révélé Dr Merabet qui n’a pas manqué de rappeler que lors de la désignation de Barkat à la tête du secteur, il ne les a invités à une réunion de travail qu’après une année, et ce, à l’issue d’un sit-in tenu devant le siège du ministère. « Nous espérons que le nouveau ministre ne prendra pas autant de temps pour nous convoquer à une réunion de concertation. Nous avons une plate-forme de revendications et nous souhaitons qu’elle soit prise en charge », ont lâché les syndicalistes qui sont convaincus que si le chef de l’Etat a opéré un changement à la tête de leur tutelle c’est parce que la santé publique est malade. L’ère Barkat, selon les praticiens, était « entaché de problèmes », après les pénuries de médicaments, de vaccin, il y a eu les grèves cycliques. Situation qui s’est répercutée sur la prise en charge des citoyens. « Nous ne connaissons pas M. Ould Abbès. Toutefois, nous allons lui donner un sursis. Nous allons entre temps évaluer les choses, il faut aller de l’avant et apporter des solutions pour sortir le secteur de sa léthargie et ses crises multiformes », a tonné Dr Youcefi. Les porte-parole des deux syndicats sont persuadés qu’il est important d’ouvrir un large débat sur toutes les questions et les maux qui rongent le monde de la santé. Un débat qui doit se faire avec les praticiens, les paramédicaux si l’on veut relever les défis, disent les médecins. « Dans son plan quinquennal, le président de la République a insisté sur le volet ressources humaines comme il a parlé de relever le défi de construire des hôpitaux et des centres de soins.
Le ministère doit appliquer ses directives en s’occupant de l’élément humain, longtemps relégué au second plan », a regretté Dr Merabet, qui note que si les doléances des praticiens ne sont pas prises en charge, il se prononcera, dès la rentrée sociale, sur la démarche à suivre. L’intersyndicale s’est réunie ce week-end pour étudier les résolutions des deux conseils nationaux du SNPSP et du SNPSSP. A cet effet, cette organisation syndicale a réitéré son attachement à la plate-forme de revendications et la détermination des praticiens de la santé publique à la faire aboutir, comme elle a affiché sa disponibilité pour un dialogue sérieux et responsable, suite aux récentes déclarations de l’ex-ministre de la Santé par rapport à la révision des statuts particuliers et suite à l’installation du nouveau ministre. « Il y a quelques mois, les pouvoirs publics avaient affiché un niet catégorique quant à la révision de notre statut qui ne répond pas à nos aspirations. Aujourd’hui, ils sont revenus à de bons sentiments puisqu’ils ont annoncé la révision de notre statut, probablement dans une année », ont conclu les syndicalistes.
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