Le recul de la liberté d’expression au Maroc est de plus en plus inquiétant. Un retour en arrière marqué par une série de condamnations à l’encontre des journalistes, blogueurs et défenseurs des droits humains. En effet, le tribunal de première instance de Guelmime, a condamné, le 15 décembre 2009, le blogueur El Bachir Hazzam à quatre mois de prison ferme et Abdellah Boukfou, propriétaire d’un cybercafé, à un an de prison ferme. Trois manifestants ont également été condamnés à six mois de prison pour "usage de la violence", "trouble à l’ordre public" et "insultes à fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions". Les trois étudiants doivent payer une amende de 500 dirhams chacun. Ils ont été immédiatement incarcérés. El Bachir Hazzam a été arrêté, le 7 décembre 2009, trois jours après avoir publié sur son blog un communiqué diffusé par des étudiants dénonçant l’intervention musclée des forces de l’ordre pour réprimer leur manifestation du 1er décembre à Taghjijte, à 200 km au sud d’Agadir. Le blogueur a été condamné pour « diffusion de fausses informations portant atteinte à l’image du royaume concernant les droits humains ». Quant à Abdullah Boukfou, il a été arrêté dans son cybercafé le 4 décembre. Les autorités auraient retrouvé sur son flash disk des communiqués de l’organisation amazigh Al Haraka. Il a été condamné pour avoir diffusé des informations relatives aux manifestations et pour « possession de publications incitant à la haine raciale ». Le 1er décembre 2009, des manifestations pour des revendications sociales organisées par des étudiants ont éclaté à Taghjijt dans la province de Guelmime. Trois étudiants ont alors été arrêtés par les autorités sous les ordres du Caïd, provoquant ainsi un rassemblement plus large de soutien aux interpellés, réprimé violemment par les forces de l’ordre. Les autorités ont dépêché de nouveaux renforts et instauré un couvre-feu. Reporter sans frontières et le groupe du travail sur la liberté d’expression en Afrique du Nord (WGFENA) ont condamné avec fermeté cette campagne de harcèlement visant à réduire au silence les blogueurs qui osent couvrir et dénoncer les violations commises par les forces de sécurité et les autorités administratives.
A. Haizer