Le journaliste tunisien dissident Taoufik Ben Brik a été condamné aujourd'hui à six mois de prison ferme, par la justice de Ben Ali, a annoncé son avocat Mokhtar Trifi. Hier Benbrik avait été privé de visite. Ni sa famille, ni ses avocats n'ont eu le droit de le rencontrer. Alors qu'ils protestaient devant l’entrée de la prison contre le refus des autorités, tous les détenus ont le droit de recevoir leurs familles et leurs avocats, ils ont été chassés par les forces de l'ordre.
Mardi, les avocats d'un autre journaliste emprisonné, Zouhaïer Makhlouf, au cours de la seconde audience du procès, n’ont pour ainsi dire pas pu plaider. Et le juge a annoncé que le verdict serait rendu le 1er décembre.
Comment Ben Ali harcèle les dissidents
Lorsqu’elle se déplace à pieds, Sihem Bensedrine, a toujours une moto qui la suit. Quelques fois, le motard s’approche très prés et va même jusqu’à la bousculer avec son engin. C’est ce qui s’est passé lundi 23 novembre. Elle a part la suite été empêcher de rendre rentrer au journal El Tejdid, la police lui a barré l’accès. Même chose lorsqu’elle a voulu rendre visite à une autre militante, Sana Benachour.
La surveillance autour des domiciles des journalistes, des avocats et de presque tous les militants est impressionnante. Des véhicules, des équipes qui se relaient 24h sur 24, des filatures, les écoutes, tout y passe. Même les grands criminels n’ont pas droit à autant d’attention et de moyens. Ces pressions n’ont pas seulement pour but de vérifier qui ces gens reçoivent. Leurs domiciles sont inaccessibles, presque des prisons. Seuls les proches parents sont autorisés à y pénétrer. Le domicile de Taouwfik Benbrik n’échappe pas à la règle. Non content de l’avoir jeté en prison, la police de Ben Ali, maintien une surveillance stricte. Personne ne peut rendre visite à son épouse. Le tout, bien entendu sans aucun motif officiel, ni surtout de décisions de justice. Ben Ali agit à sa guise en faisant fi des lois qu’il a lui-même écrites et promulguées.
Du harcèlement à la persécution
En empêchant les opposants de se rendre visite les uns les autres, non plus seulement sur les lieux de travail, mais maintenant à leurs domiciles, Ben Ali veut les empêcher de communiquer. Ce harcèlement concerne Lotfi Hadji, le correspondant d’Al Jazeera, Lotfi Sidouni, Omar Mestiri, Ziad Elhani, les avocats Raouf Ayadi et Mohamed Abou, la militante des droits des femmes Khedidja Cherif et bien d’autres. Tous le téléphones sont sur écoutes et aucun d’eux n’a accès à internet. Même lorsque l’on tente de les joindre de l’étranger les appels sont détournés et sonnent dans le vide pour les priver du soutien international et les empêcher de raconter ce qui se passe en Tunisie. Leurs mails, quand ils arrivent à leurs destinataires, sont lus par la police politique. Il n’est pas rare que leur contenu soit changé par les sbires de Ben Ali. On y troue des vulgarités, des insultes et des menaces. Bref le harcèlement est permanent et tourne à la persécution.
Les capitales occidentales ne réagissent toujours pas. Prompt à donner des leçons de démocratie et de respect des droits de l’homme partout sur la planète, la France de Sarkozy et de Kouchner, se mure dans un silence assourdissant face aux agissements du dictateur Ben Ali.
Yahia Bounouar