par Yazid Alilat
Le mois de jeûne en France en particulier, et en Europe en général, est observé par des dizaines de millions de musulmans.
Maghrébins, communautés turcophones, asiatiques, arabes et même européens convertis, ils ont cependant une différence de taille : chaque communauté a sa propre gastronomie, sa propre culture du terroir qu'elle tente de revivre l'espace d'un mois en Europe.
Mais le ramadhan c'est aussi une immense opportunité pour les opérateurs et hypermarchés de faire des affaires, d'améliorer leurs chiffres d'affaires, passablement ébréchés par la crise économique. Bien avant l'approche du ramadhan, de grandes campagnes publicitaires sont organisées en direction des quelque plus de 4 millions de musulmans de France pour vanter autant les mérites de telles marques de viande halal, des articles ménagers, des produits agricoles, etc.
Pour les patrons de l'industrie agroalimentaire de l'Hexagone, dont les résultats financiers sont plus moroses que l'actuelle déprime économique en France, ce mois sacré est une aubaine pour faire des affaires. Tout y passe : des couscoussiers géants, de la vaisselle du bled, de la viande halal, des pâtisseries orientales, et même des programmes culturels pour la communauté musulmane de France.
En fait, le marché «islamique» est devenu un grand enjeu économique : en France, le seul marché de la viande halal pèse 5,5 milliards d'euros, dont 4,5 milliards sont dépensés par les familles musulmanes. Le mois de ramadhan, pour les professionnels de l'agroalimentaire autant en France qu'en Europe, c'est du pain béni.
La consommation de produits agricoles, agroalimentaires et produits dérivés durant ce mois sacré est estimée à plusieurs dizaines de milliards d'euros. Au niveau mondial, ce marché est estimé à environ 500 milliards d'euros, et au niveau européen il connaît une croissance d'environ 15% par an depuis plusieurs années.
Pour les pays européens, qui traversent une crise économique aiguë marquée par un ralentissement généralisé de la croissance, les habitudes de consommation des musulmans sont une véritable bouée de sauvetage, selon des experts européens.
Pub à outrance pour les produits halal
Et sur ce registre, les campagnes publicitaires font feu de tout bois pour les produits que les musulmans de France consomment habituellement au mois de ramadhan, Ainsi, les catalogues publicitaires «spécial» ramadhan parlent de semaine orientale ou de «mille et une saveurs» en utilisant une typographie faite d'arabesques afin de donner une saveur exotique à leurs réclames. Les produits proposés se veulent majoritairement évocateurs d'un terroir arabe ou maghrébin. Les pâtisseries orientales, les sacs de semoule de 5 kilos pour le couscous, incontournable durant ce mois de grande consommation alimentaire, où les salades en pot, mais aussi les services à thé et autres plats à couscous créent de fait un lien entre les musulmans vivant en France et des objets identifiés comme arabes ou maghrébins.
Le «bizness» du ramadhan en France est phénoménal : du simple coriandre à la livre de foie de mouton, en passant par les ingrédients pour la chorba ou la h'rira, les amandes et le kalbellouz, c'est pratiquement un marché unique qui se crée et anime les grandes places commerciales, mais également les hypermarchés et les marchés de quartier.
Les sommes dépensées représentent pour les grandes surfaces ou les épiceries de quartiers, mais aussi les marchés de fruits et légumes, un chiffre d'affaires de plusieurs mois. Les musulmans de France, ainsi que ceux d'Europe, vont durant ce mois de ramadhan tirer à la hausse les indices de consommation et limiter les dégâts inflationnistes. Et la fin du mois de ramadhan sera également une autre occasion pour les industriels de la bonneterie et du textile, les professionnels de la confection d'améliorer leur chiffre d'affaires avec les traditionnels achats de vêtements pour les enfants à l'Aïd El-Fitr. En somme, pour les économistes, le mois de ramadhan est depuis longtemps devenu une période idéale et unique où des milliards d'euros sont dépensés par les musulmans à travers l'Europe communautaire.