Les Algériens consomment-ils de la datte israélienne provenant des terres volées aux Palestiniens ?
C'est ce que laissent entendre des associations de consommareurs algériennes qui ont contacté la rédaction et qui tirent la sonnette d'alarme.
Selon elles, comme chaque année, à la période de ramadhan, la plupart des grossistes algériens vendent des dattes israéliennes de type Medjoul et Deglet Nour, commercialisées sous les marques Jordan River, Jordan Plains, Bahri, King Salomon, Carmel, Khalahari, par palettes entières. Ces dattes seraient commercialisées par les sociétés israéliennes d’exportation, Agrexco et Hadiklaïm, qui auraient décidé de vendre des tonnes de dattes sur le marché mondial et notamment à l’Union Européenne, en ciblant particulièrement les populations musulmanes et la période du Ramadan.
Selon ces sources, ces dattes israéliennes proviendraient de palmiers qui poussent sur des terres volées aux Palestiniens, des colonies sauvagement construites notamment dans les Vallée du Jourdain, un «haut lieu d'exploitation d'ouvriers palestiniens, dont des enfants» selon certains militants des droits de l'homme et même syndicalistes israéliens.
L'argent tiré de la commercialisation de ces dattes aiderait à financer l’occupation de la Palestine, préviennent nos sources.
Il est de notoriété publique que des dattes israéliennes sont disponibles au Maroc et publiquement commercialisées. Ramadan oblige, ce sont les dattes d’Outre-Jourdain et elles ont la vedette. Ces dattes venues d'Israël entrent au Maroc via l'Europe, notamment l’Hexagone. Ace jour, le Maroc «officiel» continue en effet à nier toute relation avec l'Etat hébreu, y compris commerciale et ce depuis la fermeture du bureau de liaison israélien à Rabat le 23 octobre 2000 au lendemain de la Seconde Intifada. Et pourtant. Si l'on se fie aux derniers chiffres de The Israeli Export and International Cooperation Institute, pour
le premier trimestre 2006, près de 46 firmes israéliennes auraient exporté au Maroc pour un total de 2 millions de
dollars, soit une augmentation de 23,5% des exportations par rapport à la même période en 2005. Un autre rapport, émanant
lui de l'Organisme économique égyptien, fait état d'un volume d'échanges maroco-israélien de 5,9 millions de dollars en 2000, ce qui placerait le Maroc en troisième position parmi les pays arabes à commercer avec l'Etat hébreu après l'Egypte et la Jordanie
Ce fait, s'il venait à se confirmer, s'ajouterait au récent scandale révélé par TSA selon lequel de la graine de coton algérienne a été exportée en 2006 vers Israël, à partir de Annaba. La cargaison aurait pris la route d’Israël au lieu de l’Afghanistan la destination annoncée. Cette exportation douteuse a été suivie par le départ précipité d’Annaba des experts français et la dissolution, 18 mois après sa création, de Somicoton à l’origine de l’opération. Un départ que, quatre années après, l’associé algérien n’arrive pas à expliquer.
Tout cela indiquerait qu'entre l'Algérie et Israël, la normalisation se fait progressivement, par le commerce clandestin.
L.M.