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PARTIE 1 : LE PLAN DE ZIROUT

TIE 1 : LE PLAN DE ZIROUT


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« Mettez la révolution dans la rue, vous la verrez reprise par tout un peuple. » Larbi Ben M’hidi (1923-1957) Si l’insurrection du 1er novembre 1954 a marqué le déclenchement de la Révolution algérienne, celle du 20 août 1955 dans le Nord-Constantinois fut une étape décisive dans l’histoire de la lutte de libération nationale algérienne. Par son ampleur, son caractère populaire mais aussi par la colère qui la portait, l’offensive du 20 août 1955 marqua profondément la Révolution algérienne. L’entrée en scène des masses rurales fit irrémédiablement basculer l’Algérie dans le camp de la Révolution.

Après l’insurrection du 1er novembre, la situation était difficile pour le Front de Libération Nationale (FLN) et pour sa branche militaire, l’Armée de Libération Nationale (ALN) (photo ci-dessus). Si l’ALN parvint progressivement à gagner la confiance de la population, elle devait faire face avec des moyens rudimentaires à une armée organisée et puissamment équipée. Principalement concentrée dans les Aurès au moment du déclenchement de la Révolution, l’ALN étendit son action au Nord-Constantinois et à la Kabylie à partir de la fin de l’année 1954. Face à cette montée en puissance de l’ALN, les autorités françaises firent passer le nombre d’hommes déployés en Algérie de 50.000 en novembre 1954 à 80.000 en février 1955. Ces hommes étaient principalement concentrés dans les Aurès qui restaient le principal foyer de l’insurrection. De plus, le FLN avait perdu certains cadres de premier plan au début de l’année 1955 : responsable du Nord-Constantinois, Mourad Didouche fut tué au cours d’un accrochage le 8 février 1955 ; respectivement responsables des Aurès et de l’Algérois, Mostefa Ben Boulaïd et Rabah Bitat avaient été arrêtés le 14 février 1955 à la frontière tuniso-libyenne pour le premier et le 23 mars 1955 à Alger pour le second.

Alors que le FLN remporta une victoire diplomatique sur la scène internationale en participant à la conférence de Bandung en avril 1955, l’ALN passa à l’offensive dans le Nord-Constantinois au printemps de la même année. Des actions armées furent lancées sur Philippeville et Bône et le 8 mai, dix ans après les massacres de Sétif et de Guelma, la première bombe éclata dans la ville de Constantine. Le 10 mai, la commune El Milia fut encerclée par des moudjahidin de l’ALN. Des routes furent coupées et des postes de gendarmerie attaqués (1). Toutefois, la population n’était pas encore activement engagée dans le processus révolutionnaire visant à renverser la domination coloniale.

Face à la montée en puissance de l’ALN, les autorités françaises intensifièrent la répression. Le 3 avril 1955, la loi sur l’état d’urgence permettant, notamment, la création de camps d’internement fut mise en application. La loi fut d’abord appliquée dans les Aurès, en Kabylie et dans l’Est-Constantinois à partir du 4 avril puis étendue à l’ensemble du département de Constantine et à certaines communes des départements d’Alger et d’Oran le 16 mai 1955. La répression s’étendait à mesure que le FLN déployait son action. Sur le terrain, les parachutistes français passèrent à la contre-offensive en appliquant une politique de répression collective meurtrière contre le peuple algérien. Cette politique répressive était faite d’expéditions punitives, d’exécutions sommaires et de destructions de mechtas (2).

Dans le Nord-Constantinois, dirigé par Youssef Zighoud depuis la mort de Mourad Didouche, les cadres de la zone II décidèrent de mettre sur pied un plan visant à répondre à la répression et à impliquer l’ensemble du peuple algérien dans la lutte de libération nationale. Insistant sur l’importance de cette implication, selon Salah Boubnider, Youssef Zighoud mettait l’accent sur la nécessaire auto-libération du peuple algérien. Le dirigeant du Nord-Constantinois affirmait à ses hommes : « C’est au peuple de se libérer lui-même. Nous ne sommes pas leurs libérateurs. Nous ne faisons que l’organiser. La responsabilité lui revient. De deux choses l’une : ou il se libère ou il coule. » (3)

Du 25 juin au 1ier juillet, Youssef Zighoud convoqua une conférence générale de la zone II afin de mettre sur pied un plan insurrectionnel. Les participants discutèrent de la situation de la Révolution algérienne tant à l’intérieur qu’à l’extérieur mais aussi des luttes de libération dans l’ensemble du Maghreb. En plus de vouloir impliquer l’ensemble du peuple algérien, les participants mirent en avant la nécessité d’affirmer les liens de solidarité existant entre les différents pays du Maghreb en lutte pour leur libération. Pour cela, l’insurrection fut fixée au 20 août ; date anniversaire de la destitution et de la déportation du sultan marocain Mohammed V par la France en 1953 (4). Cette date se voulait un symbole manifestant la fraternité d’armes entre militants nationalistes des différents pays du Maghreb.

Le plan insurrectionnel de Youssef Zighoud était simple. Il consistait à lancer des offensives, en attaquant les postes militaires et en déferlant sur les villes et les villages, dans tout le Nord-Constantinois. Durant les offensives, les moudjahidin de l’ALN devaient encadrer des paysans sommairement armés. Youssef Zighoud avait déjà lancé des attaques de paysans encadrés par des moudjahidin dans certains points du Nord-Constantinois. Il s’agissait donc de généraliser ce type d’actions dans l’ensemble de la zone II. La préparation active débuta dans les premiers jours d’août par une campagne de sensibilisation des paysans et un stockage de matériel nécessaire à l’insurrection. Des listes de collaborateurs travaillant avec les autorités françaises furent dressées. Sept jours avant l’insurrection, les hommes furent regroupés en différents points de la zone II et les instructions furent précisément données.

Youcef Girard

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