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PARTIE 2 : « Allahou Akbar »

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L’offensive débuta le 20 août 1955 en fin de matinée par des appels au Jihad. Les insurgés criaient « Allahou Akbar » ou « Jihad fi sabilillah ». L’islam qui avait été au cœur de la résistance algérienne, servait une nouvelle fois à organiser et à orienter la résistance populaire. Encadrés par des moudjahidin en armes, les insurgés étaient dans leur grande majorité des paysans armés de gourdins, de couteaux ou d’outils agricoles (fourches, haches, faucilles…). La colère accumulée par plus de cent vingt ans de domination française compensait le caractère extrêmement rudimentaire de l’armement. Les cibles des attaques étaient des objectifs civils (colons européens ou algériens jugés collaborateurs) ou militaires et administratifs (postes militaires, gendarmerie, mairie…). Ces objectifs étaient des symboles de la domination coloniale que l’insurrection populaire devait détruire.

Cette volonté des insurgés de détruire les symboles de la colonisation, prélude à la libération nationale, suscita un accueil enthousiaste de citadins algériens qui virent les masses rurales déferler sur leur ville. A Philippeville, où plusieurs milliers d’hommes descendirent de la campagne environnante, la population musulmane fournit ravitaillement et soins aux insurgés. Dans cette ville, les combats furent particulièrement durs : « grenades contre les cafés, les voitures, combats entre groupes d’attaquants et ceux de l’armée, de la gendarmerie et des civils européens. Tirs de tous côtés, du sang, des morts et cela jusque vers seize heures. » (5). Les insurgés qui tentèrent de s’emparer des locaux de la police, furent finalement repoussés par les troupes coloniales.

Les combats qui se déroulèrent dans la région de Philippeville, furent d’une rare violence. L’aéroport de la ville fut attaqué et des avions furent saccagés. Faute d’armes à feu, à Sidi Mezghiche, l’assaut du village fut donné uniquement à l’arme blanche. A El Arrouch, pour repousser l’attaque qui dura environ une heure, l’armée utilisa des armes lourdes. Les fumées permirent aux assaillants de se retirer.

L’offensive prit un tour tragique dans le village minier d’El Halia, dans les environs de Philippeville, où les insurgés aidés par les ouvriers de mine attaquèrent plusieurs maisons de colons entraînant la mort de 37 Européens. Le retournement de la violence subie par les colonisés contre les colonisateurs était porté par un tel sentiment d’humiliation qu’il entraînait des excès difficilement contrôlables. La violence de la colonisation était telle que la réponse des colonisés ne pouvait s’exprimer que par le recours à une violence cathartique.

A Constantine, des postes militaires furent attaqués et des bombes éclatèrent en plusieurs endroits de la ville, notamment au restaurant Gambetta, rue Caraman, et au cinéma ABC. Plusieurs cibles précises avaient été désignées. Le drapeau algérien fut accroché sur le minaret de la mosquée Sidi Lakhdar. Après l’offensive, les insurgés se replièrent rapidement sans que les autorités françaises n’aient le temps de riposter (6).

Soupçonnés de collusion avec les autorités françaises, deux cadres locaux de l’UDMA (7), Allaoua Abbas, neveu de Ferhat Abbas, et Hadj Saïd Chérif furent attaqués par un commando de l’ALN-FLN. Le premier trouva la mort alors que le second survécu et rallia le FLN par la suite. D’autres personnalités, comme le cheikh Kheireddine et Abbas Bencheikh el-Hocine de l’association des Ouléma, ou Ferhat Abbas et Mohammed Salah Bendjelloul, qui avaient été inscrits sur la liste des hommes à abattre, ne purent l’être faute d’avoir été repérés par les commandos de l’ALN-FLN (8). Ne visant pas uniquement les colons, la violence insurrectionnelle s’abattait aussi sur les Algériens jugés trop complaisants à l’égard de la colonisation ou refusant d’apporter leur soutien à la Révolution.

Des combats se déroulèrent à Oued Zenati et à Aïn Abid. A El Khroub, plusieurs centaines de civils algériens attaquèrent un camp abritant 150 militaires. Selon un rapport français, il y eut 53 morts parmi les assaillants : 23 hommes, dont 12 en uniforme, 19 femmes et 11 enfants (9). La ville d’El Milia n’ayant pu être occupée, les combats se déroulèrent dans les environs d’El Gantara et de Taskif. Collo fut occupé pendant près de quatre heures par l’ALN, les soldats de l’armée française s’étant réfugiés dans les casernes. Les insurgés se retirèrent à la suite du débarquement par la mer de renforts de l’armée française.

En différents lieux, les mosquées jouèrent le rôle de centres révolutionnaires d’où des appels au Jihad furent lancés. Dans la mosquée de Robertville, le drapeau algérien fut levé et le muezzin appela à la prière et au Jihad. Dans la commune d’El Arrouch, un appel au Jihad fut lancé de la mosquée. A Saint-Charles, le muezzin donna le signal d’entrer dans le village aux moudjahidin qui l’occupèrent pendant cinq heures (10).

A Guelma, l’attaque eut lieu le 21 août car la veille, les insurgés avaient été bloqués par des troupes blindées et des tirailleurs sénégalais. De même, dans les péninsules de Collo mais aussi à Aïn Berda, Belkheir ou Nechmeya dans l’Est-Constantinois, les combats se poursuivirent les 21 et 22 août. Durant ces journées, le village d’Abdi au sud de Guelma fut entièrement détruit.

Youcef Girard A suivre

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