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Port d’Alger Les dockers menacent et DPWorld se dit victime d’un complot

Les dockers menacent et DPWorld se dit victime d’un complot


Décidément, rien ne va plus entre les travailleurs du port d'Alger et leur employeur, Dubaï Port World Algérie (DPWA).


L'accord pour une augmentation salariale de 22%, obtenu mardi dernier en présence du syndicat d'entreprise (UGA), sous l'égide de la Fédération des transports, n'a pas empêché le débrayage. Depuis près de deux mois, les activités du terminal à containers du port d'Alger, géré par DPWA, ont sensiblement chuté. Les travailleurs accusent leur employeur d'être à l'origine de ce recul, alors que ce dernier parle plutôt de campagne de «sabotage» sans pour autant identifier
les auteurs.

Une situation qui intervient au moment où le syndicat d'entreprise, affilié à l'UGTA, met sur la table une série de revendications, dont l'application de la convention de branches, une augmentation salariale et une refonte du système de travail. Mardi dernier, une réunion s'est tenue au siège de l'UGTA, regroupant le directeur général de DPWA, Mohamed Al Khadar, le secrétaire général du syndicat du port, les responsables de la Fédération des transports et de la centrale syndicale.
Les négociations se sont terminées par un accord de principe pour, entre autres, une augmentation salariale de 22%, une avance sur les bénéfices de 25 000 DA par agent  (en attendant l'assemblée générale des actionnaires de DPWorld, en décembre). Néanmoins, l'accord n'a pu être validé par un procès-verbal du fait que les représentants du syndicat ont refusé de signer, avant de se référer aux membres du bureau. Hier, de folles rumeurs sur le déclenchement d'une grève générale se sont répandues, accentuant le climat de malaise dans le port. Néanmoins, les responsables du syndicat ont annoncé qu'une telle décision ne peut être prise que par l'assemblée générale, prévue aujourd'hui au port d'Alger. «L'accord de mardi dernier comporte des points positifs et d'autres négatifs. Nous allons le soumettre à l'assemblée générale et c'est à elle de décider si on l'accepte tel qu 'il est ou s’il faut l'enrichir», a expliqué M. Cherifi, membre du bureau syndical. Du côté de DPWorld, les responsables ne savent plus à quoi s'en tenir. «La balle est dans le camp de la Fédération des transports et la centrale syndicale sous l'égide desquelles l'accord a été adopté. Nous avons accepté le principe d'une augmentation de 22%, sans compter la hausse de 5% des salaires accordée en 2009, mais à condition que le travail au niveau du port soit sans arrêt, avec des équipes qui se relayent 24 heures sur 24 et tout au long de l'année, parce qu'il est inconcevable que l'activité d'un port comme celui d'Alger soit interrompue», a affirmé le directeur général de DPWA, Mohamed Al Khadar, regrettant au passage «la situation dans laquelle se trouve actuellement le port».


Le responsable n'a pas écarté la thèse de la «résistance» et surtout du «sabotage» dont fait l'objet son entreprise. Selon lui, la chute des activités du port a été "organisée  délibérément" dans le but d'arriver à une situation de «pourrissement», disant même avoir fait l'objet d’un «complot». «Dès notre entrée, au mois de mars 2009, nous avons fait face à une grève, au mois de juillet, pour l'intégration d'un certain nombre de personnes qui n'étaient pas prévues. Nous avions convenu avec le gouvernement de maintenir 620 employés à leurs postes. Mais sous la pression de la grève, nous avons accepté de recruter 130 autres agents, parmi lesquels beaucoup ont été formés à Dubaï. Ils nous demandent d'appliquer la convention de branches qui, faut-il le préciser, ne devait pas nous concerner. Nous n'avons pas été associés à son élaboration. Mais nous l'avions étudiée et estimé qu'elle comportait de nombreux points intéressants. Il suffisait de l'étudier et de l'utiliser comme document de base pour les négociations. D'autant que nous avions accepté le principe de l'augmentation salariale en dehors de cette convention. C'est à cette période que la production a commencé à chuter. Le nombre de containers traités est passé de 8 à 7 par heure à 2 à 3 containers. Le syndicat a exigé une augmentation de 35%, ce qui était pour nous excessif. La situation ne faisait que se détériorer, au point où les travailleurs ne traitaient, en juillet, qu'un seul container par heure, ce qui a engendré un encombrement de la rade. Toutes nos propositions ont essuyé le refus du syndicat», a précisé M. Khadar. Interrogé sur les conditions de travail, ce responsable a exprimé son regret de voir une grande partie du matériel mis en panne volontairement par certains agents. «Nous avions remarqué, durant cette période de crise, que de nombreux équipements tombaient en panne régulièrement. Dans 80% des cas, les expertises faisaient état de sabotage. Nous avons alors pris la décision de responsabiliser les agents pour chaque équipement.

Subitement, le  nombre de pannes a sensiblement chuté», a noté le directeur général. Pour ce qui est des horaires de travail, ce dernier a rappelé son engagement écrit à respecter les 40 heures par semaine, «mais avec des équipes qui travaillent sans arrêt avec un système de roulement. C'est ce que le syndicat refuse. Ce qui met l'entreprise dans une situation très délicate et cause d'énormes problèmes à l'économie du pays. Nous sommes conscients de la gravité de celle-ci et nous sommes obligés de trouver des solutions vu que nous avons un engagement à respecter vis-à-vis de l'Etat algérien, qui nous a fait confiance. Nous voulions apporter une nouvelle méthode de management pour rentabiliser l'activité portuaire. Mais, il semble qu'à l'intérieur de l'entreprise, il y a encore des résistances. Il est inacceptable que dans un port comme Alger, on ne traite que deux containers par heure». En tout état de cause, la situation actuelle du port d'Alger est au rouge, vu les pertes sèches occasionnées par la chute de la production et qui risque de s'aggraver si jamais le syndicat décide, aujourd'hui, de passer à une grève générale. Il est important de préciser qu'en termes de surestaries (des pertes assumées par le Trésor public), les pertes occasionnées par une journée de grève dépassent les 40 millions de dinars, et ce, sans compter les répercussions sur le marché où les pénuries de produits de large consommation se font ressentir depuis le début de l'été. Ce qui explique l'intervention des plus hautes autorités du pays, dont le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. La cellule de crise installée au niveau de l'Entreprise portuaire d'Alger (EPAL), actionnaire de DPWA, peine à trouver une solution et se heurte à l'intransigeance du syndicat. En attendant la décision de ce dernier, prévue pour aujourd'hui, la rade d'Alger ne désemplit pas au grand dam de Dubai Port World et des autorités
du pays.

Salima Tlemçani

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