Depuis le début de ce mois sacré, les services des urgences du CHU d’Oran ont accueilli pas moins de 80 blessés, suite à des altercations sur la voie publique, alors que le service de médecine légale a reçu, de son côté, un peu plus de cent victimes de violence, enregistrées durant cette première quinzaine du mois de Ramadan, la majorité des agressions sont à l’arme blanche.
Amel B. - Oran (Le Soir) - Même si en dehors du mois de Ramadan, Oran ne vit pas à l’abri des agressions et autres formes de délinquance et de violence, le mois du jeûne a de tout temps été particulièrement sujet à un accroissement inquiétant de vols et de violence. Une réalité et non un «délire» de citoyens qui se passeraient volontiers de ce type de rumeurs. Les procédés sont les mêmes, l’agresseur utilise souvent une arme blanche pour menacer sa victime afin de la délester de tout ce qui pourrait représenter une valeur pour le voleur. Souvent, la victime résiste et le voleur n’hésite pas à utiliser la force. Les lieux de prédilection de ces voleurs, notamment durant le mois de Ramadan, sont les banques, comme ce fut le cas ce 23 août 2010 où une victime s’est vue délestée de pas moins de 350 millions de centimes à sa sortie de la banque située au Boulevard de la Soummam. Autre lieux de prédilection des voleurs, la poste où ils n’hésitent pas à agresser un père de famille venu retirer les quelques billets de sa paye pour acheter les vêtements de l’Aïd à ses enfants. Les arrêts de bus sont également un lieu propice pour ces voleurs. Toutefois, un constat mérite d’être fait, les vols à la tire se font de plus en plus rares car le citoyen est devenu plus vigilant, ce qui explique ce recours aux agressions physiques pour obliger la victime à céder. Autre forme d’agression qui semble prendre de l’ampleur, le racket de certains commerçants, ou encore guetter leurs clients et créer ainsi une atmosphère d’insécurité qui porte atteinte au commerce dans certains quartiers. Une situation vécue récemment au niveau de la zone commerciale comprise entre la rue Baghdadi Mohamed et la rue de la Révolution. La tentative d'agression par deux individus munis de couteaux de boucher sur un client, mardi, au niveau de la rue Baghdadi Mohamed, a été la goutte qui a fait déborder le vase et surtout fait réagir les commerçants, qui ont observé mercredi dernier un débrayage durant deux heures avec fermeture de tous les magasins. L'action a été décidée pour interpeller les responsables locaux sur le climat d'insécurité qui règne dans cette zone commerciale. La réaction des services de sécurité a été immédiate, en mettant en place un dispositif de sécurité autour de la zone commerciale comprise entre la rue Baghdadi Mohamed et la rue de la Révolution, avec la présence d'un véhicule de police au niveau de la place Bendaoud. Les Oranais ne s’aventurent plus comme par le passé et préfèrent tout simplement éviter les axes et autres quartiers connus pour leurs bandes de mafieux. Les automobilistes, eux, sont également devenus des cibles de choix pour les voleurs dès lors, le conducteur surveille non seulement sa conduite mais également les alentours afin de ne pas se faire voler son véhicule à un moment d’inattention. De telles situations ont renforcé la règle du «chacun pour soi», plus personne ne veut jouer au héros car l’agresseur, lui, n’hésitera pas à utiliser «ses armes». Et pourtant, en matière de lutte contre la violence urbaine et la criminalité, les efforts et les moyens ainsi que d’importants dispositifs ont été annoncés par les pouvoirs publics concernés. Dès lors, les Oranais sont en droit de se demander d’où provient ce regain d’insécurité ?
A. B.