C’est la consternation ! Alors que depuis plus d’une dizaine d’années, précisément depuis 1998, aucun attentat terroriste n’a été perpétré dans la ville d’El-Abadia, chef-lieu de daïra, à 40 km au nord-ouest d’Aïn-Defla, que la paix totale semblait revenue, voilà qu’un attentat terroriste est venu rappeler à tous les affres de la décennie 1990.
La région d’El-Abadia, adossée aux monts du Dahra avec ses forêts denses, avait constitué durant des années et jusqu’à l’aube des années 2000 un fief, une base logistique mais aussi une base d’entraînement à tuer, d’où partaient des attaques contre toutes sortes de cibles, semant la terreur parmi les populations et les poussant à l'exode. Mardi soir à 21h15, alors que les fidèles entamaient l’accomplissement de la prière des taraouih et pendant le mouvement qui suit la prière d’el icha et que des policiers en tenue assuraient la sécurité de la mosquée, à l’instar de toutes les mosquées de la wilaya d’ailleurs, un groupe armé a ouvert le feu à l’aide d’armes automatiques sur les fidèles qui sortaient ou entraient dans la mosquée par la porte principale située côté nord, de chaque côté de laquelle un policier en tenue était de faction. Tous les lieux de culte, d’ailleurs, ont bénéficié d’un plan de sécurisation et de vigilance. Des témoignages rapportent que les assaillants ont ouvert le feu à l’aide de fusils kalachnikov à partir de zones d’ombre. Selon des informations très crédibles, un citoyen âgé de 73 ans, touché de plusieurs balles, est mort sur l’esplanade de la mosquée, un policier a été blessé d’une balle au bras, et un autre a riposté, faisant battre en retraite les assaillants, surpris par la promptitude de cette réaction. On indique même qu’un policier, qui était dans la rue avec sa femme et ses enfants pour des achats, a tiré en direction du lieu de l’affrontement. Par ailleurs, un fort mouvement de panique s’est déclenché dans la mosquée, les fidèles se bousculant, se piétinant pour en sortir. Immédiatement, les renforts sont arrivés, le quartier a été bouclé, et des barrages filtrants dressés sur les routes de sortie et d’accès à la ville. Les services de la Protection civile sont alors intervenus et ont évacué 8 blessés de la mosquée, et ce en plein mois de Ramadan, le mois sacré chez tous les musulmans de la planète. Au vu de l’impact des balles sur les murs, et des poignées de douilles ramassées, ce fut des tirs à l'aveuglette, au hasard, tuer n’importe qui. «Faire peur, terroriser, manifester leur présence, mais surtout tenter de desserrer l’étau dans lequel sont prises d’autres villes de l’Est où les groupes armés ne cessent de perdre du terrain, des éléments et du crédit auprès des populations Combien étaient-ils, ceux qui se sont attaqués à la mosquée d’El Abadia ? Difficile de le savoir. Mais on estime que le groupe qui infeste la forêt de Frina, au nord de Tachta, ne compte pas plus d’une dizaine d’élément selon un responsable des services de sécurité. «La réaction des services de sécurité, leur promptitude sont le signe d’une vigilance de tous les instants et partout », nous dit-on.
Karim O.