le président de l’Association des techniciens d'Air Algérie
Lemnouar Azzoug, président de l'Association nationale des techniciens de la maintenance avion (ANTA) et ancien organique UGTA du service, persiste à alerter sur la situation qu'il dit «alarmante» du service maintenance de la compagnie.
Président de l'Association des techniciens de la maintenance avion (ANTA), Lemnouar Azzoug ne lâche pas prise quant à la situation qu'il dit «inquiétante» du service maintenance au sein de la compagnie nationale de transport aérien, Air Algérie. Il bat en brèche l'argumentation avancée par le chef de la division maintenance, selon laquelle la filialisation de ce service a suscité «des intentions malveillantes» à l'origine des critiques «aux buts inavoués».
Pour Lemnouar, en fait, le département maintenance «est encore au stade de scission et de démembrement de l'ancienne direction technique, au point qu'aujourd'hui on ne connaît plus les attributions de chacune des deux parties et des liens fonctionnels entre elles».
Il explique à propos du contrat de pool avec Air France, qu'il a été signé «dans un cadre global de partenariat qui permet d'adhérer à un pool regroupant plusieurs compagnies qui exploitent les B737 NG et/ou A330. Dans sa forme initiale, le pool présentait plusieurs avantages qui devaient permettre à terme d'affranchir la compagnie de la sous-traitance des équipements par leur intégration dans nos ateliers».
Néanmoins, précise-t-il, «en cours d'exécution, il s'est avéré que ce pool ne fonctionnait pas correctement pour la partie B737 NG, ce qui avait amené alors l'ex-direction technique à mettre un terme au groupe B737 NG dès novembre 2007, avec effet à partir du 1er janvier 2008. Comment se fait-il que ce pool ait perduré jusqu'à mars 2009 ? Pourquoi l'avoir annoncé par voie de presse plusieurs mois avant la rupture, en dépit des règles les plus élémentaires en la matière. D'ailleurs, il avait conduit le PDG à commettre la même erreur». Revenant sur les ateliers de maintenance, le président de l'ANTA affirme qu'il n'a pas été question de l'ouverture d'un espace de 3000 m2 tel qu’annoncé, «mais plutôt d'un transfert des ateliers de plus grandes surfaces et qui furent beaucoup plus performants, vers des espaces conçus pour d'autres fonctions dans la nouvelle base. Ceci a pour effet l'abandon des installations facilement mises aux normes pour leur certification internationale, moyennant des investissements mineurs qui étaient prévus pour l'année 2008. A l'heure actuelle, ces mêmes ateliers auraient permis l'intégration d'une multitude d'organes avions, actuellement toujours sous-traités à l'étranger». Au sujet du recours à l'affrètement par la compagnie, M. Lemnouar estime qu'il est «excessif» et s'interroge s'il n'est pas plus utile de l’éviter en pourvoyant l'exploitation de suffisamment d'avions fiables et en état de navigabilité, dont dispose Air Algérie.
Il met en doute le recours direct à «la plus grande société» de leasing (ILFC) en soulignant qu’«Air Algérie n'a jamais affrété, au moins directement, auprès de cette société qui n'opère d'ailleurs qu'en leasing opérationnel de longue durée», en s'interrogeant au passage sur la volonté de la compagnie à poursuivre la politique de l'affrètement même de courte durée, après la réception 7 B737 NG. «L'affrètement est-il un mal nécessaire même pour de courtes durées ? On se demande comment, avec une flotte vieillissante, le pavillon national avait-il fonctionné sans affrètement jusqu'à cette dernière décennie, au moment où notre pays bénéficie d'une aisance financière qui lui permet d'acquérir la flotte adéquate.»
M. Lemnouar remet en cause toute l'organisation et la politique de restructuration du département de la maintenance durant ces deux dernières années, un service «solide que des générations de techniciens ont bâti».
Pour lui, le mal qui ronge le département technique est son organisation, ses procédures, son assurance qualité, le choix de ses responsables à tous les niveaux et, surtout, la formation continue de son personnel. Il conclut son constat en se demandant et à juste titre, ce qu'est devenu le Centre d'instruction et de perfectionnement (CIP) de la direction technique «qui avait permis la qualification de plusieurs générations de techniciens».
Entre les propos alarmants de ce syndicaliste et ceux rassurants des responsables d’Air Algérie, l'image de la compagnie nationale se trouve aujourd'hui remise en cause, d'autant, et en dépit des démentis de la direction générale, Air Algérie a bel et bien été épinglée par l'Autorité européenne de sécurité aérienne, même si c’est pour des anomalies anodines, liées à la moquette, l'hygiène, les toilettes, etc.