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Belgique : les Wallons lèvent le tabou de la scission

 

Après l'échec des négociations entre Flamands et francophones, les politiques wallons évoquent pour la première fois une éventuelle scission.

L'hypothèse d'une scission du pays commence à faire son chemin dans le monde politique belge francophone. Plusieurs représentants de premier plan ont ouvertement évoqué cette éventualité dimanche après l'échec des négociations entre Wallons et indépendantistes Flamands qui auraient dû aboutir vendredi à la formation d'un gouvernement. Les déclarations sont toutes venues du parti socialiste, vainqueur des récentes élections législatives du 13 juin en Wallonie.

«Espérons d'abord que ça n'arrive pas parce qu'en cas de scission ce sont les populations les plus fragiles qui en paieront le prix le plus lourd», a déclaré la ministre de la Santé et des Affaires sociales du gouvernement actuel, Laurette Onkelinx, dans un entretien paru dans le quotidien La Dernière Heure. «D'un autre côté, on ne peut plus ignorer que parmi une grande partie de la population flamande, c'est un voeu», a-t-elle poursuivi. La vice-Premier ministre a souligné qu'il fallait se préparerchez les Wallons «à la fin de la Belgique». «Sans quoi on risque d'être les dindons de la farce» côté francophone, a-t-elle jugé.

Le parti indépendantiste flamand NV-A a remporté les élections dans la partie néerlandophone du pays en juin. Depuis, des négociations visant à former un gouvernement de coalition avec les francophones ont échoué en raison de divergences sur l'avenir du royaume. Le roi des Belges Albert II a désigné samedi deux médiateurs, un francophone et un Flamand, pour tenter de relancer les discussions et surmonter ainsi la crise politique.

 

«Nous devons nous prendre en main»

Un autre responsable francophone, le ministre-président de Wallonie, Rudy Demotte, a appelé sa communauté à envisager désormais «toutes les hypothèses», dont celle de se prendre en mains toute seule sans la Flandre. «Il est certain que nous devons nous prendre en mains nous-mêmes», a-t-il dit à la radio RTBF. D'après lui, il faut aujourd'hui réfléchir à toutes les hypothèses «qui nous imposent de pouvoir nous assumer». A ses yeux, la Wallonie et Bruxelles, la troisième région du pays - très majoritairement francophone mais enclavée à l'intérieur de la Flandre - ont des outils «pour voir ce qu'on peut faire pour soi-même et ne pas attendre demain».

Ces prises de position s'ajoutent à celle d'un autre responsable important du parti socialiste francophone, Philippe Moureaux. Ce dernier a été le premier à briser le tabou d'une éventuelle scission en évoquant dans une interview vendredi la scission du pays. «On est jusqu'à présent dans un processus de délitement de l'Etat. On va peut-être entrer dans l'organisation progressive de la séparation», a-t-il dit. Si les négociations pour former un gouvernement restent dans l'impasse, les Belges pourraient être convoqués à nouveau devant les urnes, avec un risque de radicalisation accrue de l'électorat flamand.

Dimanche, plusieurs dizaines de milliers de Flamands ont participé à une manifestation annuelle consistant à faire le tour de Bruxelles à vélo ou à pied pour rappeler aux francophones qui résident dans la capitale et sa banlieue qu'ils vivent entourés de la Flandre, et pour bien marquer le caractère néerlandophone de leur territoire.

(Avec AFP)

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