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Miloud Brahimi. Avocat, défenseur des droits de l’homme «Aucun texte pénal n'incrimine un non-jeûneur»

 

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En plus de l'illégalité des arrestations dont font l'objet des citoyens qui n'observent pas le jeûne, maître Brahimi parle également de l'inquisition et d'une dangereuse manifestation de l'intolérance qui est une conséquence de l'ignorance.






- On a assisté depuis le début du mois de Ramadhan à des arrestations en règle contre des citoyens qui n'observent pas le jeûne et ils sont traduits devant la justice. Existe-t-il une base juridique sur laquelle s'appuie la justice pour condamner les non-jeûneurs ?


Tout d'abord, il faut souligner que ces arrestations sont contraires à la Constitution algérienne qui garantit pourtant la liberté de conscience. D'un point de vue strictement juridique, il n'y a aucune base légale sur laquelle peuvent s'appuyer ses poursuites contre des citoyens qui n'observent pas le jeûne. Aucun texte pénal n'incrimine le fait de ne pas faire le Ramadhan. Nous assistons effectivement à une grave atteinte à la liberté des citoyens. Ces agissements contre des citoyens sont d'une gravité extrême, qu'il faudrait justement punir.


- Comment peut-on décider alors de l'arrestation de ces personnes ?


C'est sur une initiative propre des agents de police qu’on constate qu'il y a une atteinte et le procureur engage une poursuite. Dans ce cas, il n'y a aucune plainte qui est déposée contre les mis en cause. Il s'agit bien évidemment d'un abus de pouvoir et de droit. La personne arrêtée, en cas de relaxe, peut déposer plainte et exiger une réparation si elle juge qu'on lui a porté préjudice. Je dois dire que la justice n'a pas besoin de ce type de procès. Espérons que les personnes arrêtées ne seront pas condamnées.    

 

- La plupart de ces arrestations se sont déroulées dans des endroits privés, particulièrement en Kabylie. Ne pensez-vous pas qu'il s'agit d'un plan élaboré ?


Non, je ne le pense pas. Je suis catégorique là-dessus, ce n'est pas délibéré. Il s'agit plutôt de fait d’agents zélés qui se croient dans un autre temps. Il n'y a aucun plan prémédité, mais on assiste malheureusement à une manifestation dangereuse de l'intolérance. Une inquisition. Et effectivement c'est encore plus grave quand ces arrestations se font dans les domiciles et les propriétés privées des citoyens. Il s'agit d'une grave violation de la vie privée des gens. Et quand cela se passe en Kabylie, c'est encore plus grave, parce que cela risque d'ouvrir les portes à toutes sortes d'instrumentalisation politicienne.
Nous sommes en train de donner un très mauvais exemple en matière du respect des libertés individuelles. Cette intolérance est le produit de l'ignorance. Ceux qui nous donnent des leçons en matière de religion, feraient mieux de faire l'effort de bien comprendre ce que dit la religion.  Nous ne sommes pas plus musulmans que nos voisins. Ces atteintes à la liberté individuelle et de conscience des citoyens ternissent gravement l'image du pays à l'étranger.  

Hacen Ouali

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