Le ramadhan 2010 aura confirmé l’existence intacte d’un potentiel terroriste cinq ans après « la réconciliation nationale ».
Il ne se passe pas un jour sans que la bête immonde du terrorisme ne frappe. Hier encore, trois gardes communaux ont été assassinés mardi par un groupe armé dans la localité de Bordj el-Kaid, l’ouest de Skikda dans une embuscade tendue par le groupe de la « katibat ec-chouhada » de la 6e Région du Gspc menée parle chef terroriste Amar Lamloum appelé « Abou Zakaria ». Cette katibat prend ses quartiers-généraux dans les monts Maçif el-koll, à l’est de Jijel, et se permet des incursions meurtrières à l’ouest de Skikda de manière épisodique. Cette attaque fait suite à l’attaque-kamikaze de mercredi dernier, dans la région d’Ammal et Beni Aïssi, à Tizi Ouzou- et attribuée à l’une des serriate d’El Arkam. Auparavant, Baghlia, localité de l’est de Boumerdès, était endeuillée entre le 16 et 20 août, suite à l’attaque à l’explosif contre un convoi de l’ANP avec 3 morts et trois blessés.
Mais ce ramadhan a marqué surtout le retour à une vraie guerre anti-terroriste.
Tout se passe comme si l’Armée n’attendait plus rien de la « réconciliation nationale »
L’armée est passée de la défensive à l’offensive, les opérations militaires ont touché “le noyau dur” de l’organisation terroriste, et ce, grâce à la maîtrise du contrôle des mouvements des chefs terroristes, suite aux renseignements précis et, aussi, grâce à l’efficacité de l’infiltration dans leurs rangs.
Les opérations militaires au niveau des maquis se poursuivent toujours, et ont même été accélérées au cours de ces dernières semaines, suite aux instructions du chef d’état-major. Le but est de “maintenir la pression sur les groupuscules du GSPC qui demeurent encore en activité, et qui tentent de se redéployer”, nous précise un responsable militaire.
Un dispositif sécuritaire a été mis en place par l’état-major de l’ANP et l’opération militaire Ennasr supervisée, personnellement, par le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, a enregistré des “victoires” selon des observateurs de la scène sécuritaire. Cette opération était destinée à protéger Alger. Elle aurait apporté ses fruits malgré les tentatives avortées du GSPC de perpétrer des attentats dans la capitale.
Pas moins de 15 terroristes ont été abattus depuis le début de ce Ramadhan dans les wilayas de Boumerdès et Tizi Ouzou, alors que 5 autres se sont rendus aux services de sécurité dans la même période.
Cela porte à 88 le nombre de terroristes abattus dans des opérations militaires depuis le début de l’année, dans les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès, Béjaïa et M’sila, Djelfa, Jijel, Bouira, Skikda, Tébessa. L’ANP a réussi à mettre hors d’état de nuire pas moins de 13 “émirs” terroristes depuis le début du mois de janvier de l’année en cours.
Cette nouvelle stratégie militaire semble avoir marqué la fin de la réconciliation nationale chère à Bouteflika.
Elle coïncide avec ce que l’on peut appeler le déclin de Bouteflika (scandale Sonatrach, remaniement gouvernemental…)
Avec l’éviction de Zerhouni, il a été décidé de détacher quelque peu le ministère de l’Intérieur du volet sécuritaire. Confié à Daho Ould Kablia à la faveur du remaniement ministériel du 27 mai dernier, le ministère de l’Intérieur semble avoir recentré ses missions autour des collectivités locales avec à la clé «l’amélioration et la modernisation des services publics, l’amélioration et la qualification de la ressource humaine et la dynamisation de leurs efforts (collectivités locales) en matière de développement.»
La guerre anti-terroriste est enlevée à Bouteflika.
Elle devient affaire strictement militaire.
Elle est surtout efficiente au Sahel.
Depuis décembre 2009, Bouteflika ne gère plus le dossier du Sahel. Il incombe directement aux chefs militaires.
Suite à plusieurs kidnappings d’étrangers au Mali et en Mauritanie, revendiqués par des chefs algériens de la nébuleuse terroriste d’Al Qaïda au Sahel, les Américains avaient fait comprendre qu’ils ne supportent plus les atermoiements de Bouteflika sur le volet terroriste et encouragé les généraux à divorcer avec la « réconciliation nationale » et reprendre les choses en mains.
Avec l’aval des Américains, le Commandement de l’Armée algérienne avait alors décrété zones militaires les zones frontalières séparant l’Algérie du Mali, Niger et Mauritanie, en imposant un laissez-passer. 3.000 militaires supplémentaires sont venus s’ajouter aux 15.000 déjà déployés le long des frontières Sud.
Cette décision a reçu l’aval des Américains et a été mise en pratique suite à la dernière visite surprise à Alger le 25 novembre 2009 du général américain William Ward, Commandant de l’Africom.
Par cette grave décision exclusivement militaire de fermeture des frontières, les généraux ont repris manu militari le pouvoir de décision sur un domaine décisionnel réservé au président, chef suprême des forces armées. C’est une amputation du pouvoir d’un président « marginalisé »
Service politique Lematindz