
Etonnante  coïncidence : Djilali Hadjadj,  président de l'Association algérienne  de lutte contre la corruption (AACC) et représentant en Algérie de l’ONG  anti-corruption Transparency international,  a été libéré de la prison  de Serkadji le jour où paraissait le rapport annuel de l'Observatoire  pour la protection des défenseurs des droits de l'homme, pour l'année  2009.
Le cas de l'Algérie est cité dans le chapitre réservé aux pays  de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et dévoile une tendance à  stéréotyper ou calquer les restrictions aux libertés connues dans le  monde arabe. " L'Algérie, qui tenait jusqu'à il y a quelques années à  donner une façade de «liberté» aux défenseurs des droits de l'homme, est  aujourd'hui entièrement replacée dans le giron des francs agresseurs  des libertés", écrit El-Watan. 
Relation directe avec l'affaire  Hadjadj : le rapport rappelle que " les lois répressives sur la presse,  la dépendance des journaux vis-à-vis des revenus de la publicité du  secteur public et d'autres facteurs limitent leur liberté de critiquer  le gouvernement, l'armée et l'élite politique et économique. Les lois  sur la presse prévoient notamment des peines de prison assorties  d'amendes pour diffamation et pour insultes aux représentants du  gouvernement et aux institutions de l'Etat». Le rapport rappelle, comme  signe de durcissement, l'adoption par l'Assemblée populaire nationale en  juin 2009, la loi sur les règles particulières de prévention et de  lutte contre les infractions liées aux technologies de l'information et  la communication. «Les dispositions très générales de cette loi laissent  craindre l'utilisation de cette loi pour surveiller et réprimer des  activités de défense des droits de l'homme»
De plus, ajoute le  document, les autorités ont interdit la tenue d'un séminaire de  formation pour les journalistes portant sur «le rôle du journaliste dans  la protection des droits de l'homme». Ce séminaire, organisé par la  Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) devait se  tenir à Zéralda, à l'ouest d'Alger, les 26, 27 et 28 mai 2009, et  rassembler 25 journalistes venant de différentes villes. Ceci et de  souligner que la LADDH a reçu une notification écrite non motivée des  services de la DRAG lui interdisant de tenir une «Rencontre nationale  sur l'abolition de la peine de mort» qui était prévue pour le 10 octobre  afin de célébrer la Journée internationale pour l'abolition de la peine  de mort. La liberté syndicale est aussi citée comme cible des  atteintes.
«En  2009, la liberté syndicale a continué de ne pas être assurée, les  personnes qui tentent de former un syndicat étant soumises à de fortes  pressions». Et de noter que «plusieurs rassemblements pacifiques  organisés par des syndicats ont été dispersés, parfois de façon brutale,  par les forces de l'ordre et les manifestants ont fait l'objet de  poursuites judiciaires». Les défenseurs des droits de l'homme et les  journalistes ont aussi fait les frais d'une cabale judiciaire sans  précédent, indique le rapport. Le document souligne : «Sans surprise,  les élections présidentielles en Algérie et en Tunisie ont maintenu en  place les présidents sortants, et ce, grâce à des amendements  constitutionnels introduits au mépris du principe de l'alternance au  pouvoir, lequel constitue l'une des garanties d'un système démocratique.  Ces élections ont donné lieu à diverses mesures visant à affaiblir les  principales figures de l'opposition à travers l'adoption de mesures  répressives et le musellement de toute voix contestataire».
Evoquant  le contexte politique algérien, le rapport indique le maintien de l'état  d'urgence, comme dans certains régimes arabes, qui soumet les  défenseurs des droits de l'homme et toute voix dissidente à une  législation d'exception qui porte atteinte aux droits et libertés  fondamentales et entrave le droit aux libertés d'association et de  rassemblement pacifiques.
Ceci et de rappeler l'interdiction faite  d'évoquer les événements de la décennie noire qu'a connue le pays. «Les  autorités algériennes refusent ainsi de faire un travail de justice et  de mémoire sur les événements de ce conflit», indique le rapport. 
Braquant  ses projecteurs sur l'atteinte à la liberté d'association, le rapport  note que «les autorités algériennes ont continué d'empêcher les  organisations de défense des droits de l'homme d'obtenir une  reconnaissance légale. Certaines associations se voient ainsi refuser au  moment de la notification de la constitution de l'association la  délivrance du récépissé réglementaire, sans lequel elles ne peuvent  prétendre à la personnalité juridique et ne peuvent par conséquent mener  leurs activités. 
   
L.M.
Sce : EW