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il y'a pas de sécurité en algerie

 SITUATION SÉCURITAIRE À BOUMERDÈS
Faut-il passer à une nouvelle étape dans la lutte antiterroriste ?

Automobilistes impatients que nous sommes, combien de fois avons-nous pesté contre les barrages de contrôle des services de sécurité ? Nous les accusons de créer des files d’attente, voire de nous interdire de circuler librement. Chacun de nous lance des regards noirs au policier ou au gendarme accusé de lenteur pour narguer les usagers de la route.
Dans la conjoncture sécuritaire actuelle, ces barrages sont malheureusement un mal nécessaire. Non seulement ces points de contrôle, comme nous le verrons, doivent être maintenus, mais en plus renforcés. Il y va de la sécurité dans les villes et tout simplement de vies humaines. Ces barrages sont pour l’heure la parade la plus efficace contre les attentats dans les centres urbains. Ils empêchent les terroristes de se mouvoir à leur guise. C’est la stratégie de l’étouffement que mènent les forces de l’ordre. Cela reste néanmoins insuffisant car les émirs des phalanges d’AQMI se sont adaptés à la réalité du terrain. Evacuons l’aspect politique du problème, notamment le débat sur le maintien ou l’abrogation de l’état d’urgence, pour n’examiner que le volet sécuritaire. Une petite rétrospective sur les deux derniers attentats kamikazes perpétrés dans la wilaya de Boumerdès. Celui qui a ciblé dans la nuit du 11 juin 2010 l’unité de la Gendarmerie nationale stationnée à Ammal et celui dirigé mercredi dernier contre un convoi militaire au niveau de Zaâtra, dans la commune de Zemmouri, donnent un aperçu sur la nécessité de ces contrôles, biens désagréables, c’est sûr ! La première remarque, c’est que les deux terroristes qui conduisaient les véhicules transformés en bombes mobiles ne sont passés par aucun point de contrôle. Le kamikaze qui s’est lancé contre la gendarmerie d’Ammal venait, c’est une certitude, de l’immense forêt de Djerrah par le CW28. Cette route qui descend de la zone montagneuse d’Aït Amrane et d’Ammal longe sur plusieurs kilomètres la périphérie de la fameuse forêt. Ce chemin de wilaya aboutit à la RN5, plus exactement à l’entrée ouest des gorges de Lakhdaria. Une fois arrivé à la grande route, le kamikaze vire vers l’ouest et, à 200 mètres, débouche à hauteur de la structure militaire qui a été attaquée par le kamikaze, attaque suivie d’une tentative de prise d’assaut par un important groupe armé. Rappelons, en outre, que le point de contrôle sur le CW28 de l’ANP se trouve plus haut, au niveau d’un carrefour qui mène vers le village de Djerrah, abandonné. Entre ce point de l’ANP et la brigade, sur une grande distance, il n’y avait aucun contrôle. On imagine le scénario des préparatifs de l’attentat contre les gendarmes. Le véhicule est acheminé vers le CW28. La bombe a été, sans aucun doute, confectionnée dans une casemate de cette forêt quasiment inaccessible et acheminée sur le dos des terroristes. C’est presque un jeu d’enfant que de trouver un endroit dans cette zone pour réaliser le montage de l’engin explosif sur la Toyota qui a servi de bélier. Même situation concernant l’attentat qui a ciblé récemment à Zaâtra, dans la commune de Zemmouri, un convoi militaire. Inutile de se voiler la face, cet attentat a causé d’énormes dégâts. S’agissant du lieu de l'agression, la RN24D, reliant Si Mustapha à Zemmouri, il existe des barrages autour de ces deux agglomérations mais aucun entre les deux et sur une distance d’une dizaine de kilomètres. Or, en amont et en aval de la RN24D, il y a le massif de Ouled Ali et en face des terres agricoles enclavées de la plaine de Leghata et plus loin la grande forêt balnéaire de Zemmouri. Tout le monde sait que ces zones étaient le fief de deux seriates (Zemmouri et Ouled Ali) très dangereuses. Elles constituent l’essentiel de la nuisance de la sinistre katibat El Arkam, laquelle, du moins ce qui reste de son effectif, sévit dans le centre de la wilaya de Boumerdès. En outre, on peut estimer raisonnablement que les commanditaires de l’attentat de Zaâtra disposent dans les zones citées plus haut d’un ou de plusieurs réseaux de soutien.
Nouvelle stratégie d’agression
L’organisation de l’attentat de Zaâtra contre le convoi militaire mérite une lecture. C’est, en effet, une nouvelle méthode d’organisation d’attentats suicide contre les services de sécurité. Rappelons-nous que, jusqu’à l’attaque de Zaâtra, tous les attentats suicide ont eu pour objectif des structures sécuritaires fixes de la police, de la gendarmerie et de l’ANP. Le coup de Zaâtra indique qu’il y a une nouvelle stratégie d’utilisation des kamikazes par le GSPC, devenu AQMI. En effet, les villes sont bien ceinturées par des dispositifs sécuritaires fixes. Les éléments d’AQMI qui activent dans la wilaya de Boumerdès savent désormais qu’il leur est quasiment impossible de faire entrer un véhicule piégé dans une agglomération. Par ailleurs, les islamistes armés n’ont plus de capacités militaires pour déclencher avec succès un accrochage contre des unités des services de sécurité. Citons, à titre comparatif, le dernier accrochage qui a été tenté contre l’unité de gendarmes d’Ammal. En dépit des renforts parvenus d’autres régions du pays, comme nous l’a affirmé une source sécuritaire, la tentative d’assaut a tourné au fiasco pour les islamistes armés. Les assaillants étaient incapables de tirer avantage de la nuit, de l’explosion de la bombe que transportait un véhicule bélier et de l’effet de surprise. Bien qu’ils aient reçu un coup terrible, les gendarmes, qui ont survécu à l’explosion de la bombe, ont opposé une vaillante résistance. Par ailleurs, et c’est le point le plus important de cette opération, quelques minutes à peine après l’explosion, les renforts de l’ANP ont convergé vers la brigade. Ce qui signifie qu’il y a un bon quadrillage du territoire. Ce quadrillage pousse d’ailleurs les officiers à chercher des points de contacts avec les groupes armés pour organiser la riposte et se lancer à leur recherche. Conscients qu’ils n’ont plus les capacités pour attaquer ni la possibilité de faire entrer facilement des explosifs dans les villes, les islamistes armés exploitent les zones blanches (espaces non couverts par la présence physique des militaires), tout particulièrement les grands axes routiers, passages obligés des services de sécurité, se préparent et frappent à coup d’explosifs (pose de bombes sur les bords des routes ou attentats suicide). C’est à coup sûr ce qui s’est passé à Zaâtra. C’est donc une nouvelle stratégie d’agression qu’adopte le GSPC version AQMI.
Présence mobile et dissuasive
Il existe dans la wilaya de Boumerdès plusieurs sections de routes importantes qui traversent des zones troubles et qui sont susceptibles de devenir source de danger. Nous en avons recensé quelquesunes. Il s’agit de la RN12 entre Tadmaït et Thénia, de la RN5 entre Thénia et Souk El-Had et Aït Amrane et Ammal, de la RN25 entre Tadmaït et Baghlia et Benchoud et Tagdemt, de la RN68 qui relie les Issers et Chabet El-Ameur ainsi que plusieurs sections de la RN24 et son annexe la RN24D. A cette liste s’ajoutent les CW2 (Laâziv Sidi/ Daoud), 68 (Souk El Had/Chabet El-Ameur), 107 (Les Issers /Timezrit/ Laâziv) et le CW123 reliant Bordj-Menaïel à Cap Djinet. Il est évident que les services de sécurité ne peuvent être présents tout au long de ces itinéraires et d’autres. Cela fait des centaines de kilomètres à surveiller. Il est aussi évident qu’il y a une nouvelle stratégie d’agression mise en exécution par les islamistes. Cette nouvelle stratégie est de plus fondée sur au moins trois critères tactiques : imprévisibilité, surprise et surtout mobilité. Les groupes armés, une fois le forfait commis, se scindent en petits groupes restreints et légers et se séparent. Leur mobilité les rend difficilement localisables. Aux trois critères cités plus haut s’ajoute celui qui fonde la vocation des islamistes armés : la violence sans limite. Il est clair que les services de sécurité ne manqueront pas d’adapter leur tactique à la nouvelle forme d’attaque sur les axes routiers. Les barrages autour des villes ont donné des résultats probants. Les cités sont, jusqu’à présent, protégées. Dès lors le commun des observateurs ne peut que s’aventurer à faire le parallèle cette situation positive et formuler des questionnements : les services de sécurité mettront-ils en place des barrages qui seront institués sur la base de l’imprévisibilité (irrégularité des choix des sites enlevant aux terroristes toute possibilité de planification d’attentat contre ces barrages flottants), la surprise et la mobilité ? N’est-ce pas par ailleurs un autre moyen qui participe à l’étouffement de l’ennemi dans sa propre stratégie ?
Ali F.

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