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Tiens ! J’ai du courrier !

Le MDN dément catégoriquement : «les civils n’ont pas besoin de notre autorisation pour …

…voler» !

Ça y est ! On vient de me remettre la feuille de route. L’ordre de mission dûment signé du président en personne. Et que dit Abdekka dans cette feuille de route adressée aux journalistes ? Ceci, à la virgule près : «Les médias nationaux doivent porter le message d’une Algérie de paix, de réconciliation nationale et d’ouverture sur le monde.» Plus une minute à perdre ! Un ordre présidentiel, ça s’exécute sur-le-champ ! Je dois absolument donner de l’Algérie une image de paix. Ah ! Là, j’en ai une d’image de paix à l’algérienne. Et je la trouve magnifique. Je suis sûr que mon président adoré va l’aimer, cette image-là. C’est l’épouse de mon collègue Djilali Hadjadj, malade, s’appuyant difficilement sur une béquille et trainée malgré tout devant une juge pour y être condamnée conjointement avec son mari, militant anti-corruption, à des peines de prison et à des amendes. Pour une abracadabrantesque histoire d’ordonnances et d’arrêt de travail. Au moment où ces condamnations des Hadjadj tombaient, Hassan Hattab se pinçait le bras droit (le gauche, la yadjouz !) pour la 478 546 231e fois afin de se convaincre qu’il ne rêvait pas, que l’incroyable idylle qu’il était en train de vivre avec ses gentils hôteliers, que les tapis rouges flamboyants rouge sang, que le régime déroulait sous ses claquettes à chacune de ses sorties, prises de parole et appels lancés n’étaient pas une simple illusion. Avouez, tout de même, que c’est une belle image de paix, hein ? Un médecin et son épouse enseignante présentés en procès au beau milieu de dealers et de faucheurs de mobylettes, et un chef tango investi par l’Etat de la haute mission de médiateur officiel auprès des frères récalcitrants. Bon ! Passons à la suite de la feuille de route transmise aux journalistes par le Petit Père des Rédacteurs en Chef, Boutef’. Il nous demande de mettre en relief l’ouverture de l’Algérie sur le monde. Et là aussi, je la tiens ma belle image, ma sublime image d’ouverture sur le monde. Ces dizaines, ces centaines de barques, de coquilles de noix avec à leur bord vacillant des êtres encore plus vacillants et transis, esquifs en partance de ce pays vers l’inconnu, parfois vers l’Au-delà ou juste le néant. Ouuuuuuuui ! L’Algérie est ouverte sur le monde. Par mer. Par terre. Par air. L’Algérie s’ouvre férocement sur le monde extérieur. L’Algérie d’Abdekka se vide à gros bouillons sur le monde. Nous nous déversons. Nous sommes en crue ! Ya la gaaaaaaaarde ! Plus que ça comme ouverture sur le monde, on peut pas M’sieur le Président ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

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