
Des secteurs de l’industrie nationale restent l’apanage des...
La dévaluation du dinar et l’expansion tentaculaire de l’informel sont venues achever le peu qui reste du tissu industriel, selon la CIPA.
Déclinée jeudi dernier à l’APN, la déclaration de politique générale du Premier ministre ne semble pas rassurer le patronat. Du moins dans son volet consacré à l’entreprise privée. Réticence, exclusion, discrimination : les chefs d’entreprise se sentent lésés. «Il existe toujours des distinctions entre l’entreprise publique et la privée. Malgré la volonté affichée par le gouvernement d’aplanir les choses, les réticences à l’égard du secteur privé persistent. La réalité du terrain le prouve», déplore Mohamed Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), joint hier par téléphone.
Les contraintes auxquelles sont soumises les sociétés privées, particulièrement l’accès au foncier et au financement par les banques, restent sans solution, a-t-il rappelé. «Le gouvernement est conscient de ces problèmes. Le Premier ministre a lui-même reconnu ces contraintes», dira-t-il comme pour mettre dos au mur Ahmed Ouyahia. Selon lui, il est temps de «préparer» le rapprochement entre les sociétés issues des deux secteurs et de favoriser le partenariat algéro-algérien. En clair : permettre aux patrons privés de contribuer à la croissance économique du pays. Un objectif qui passe, pour M. Naït Abdelaziz, par la réforme «d’une administration incompétente» et la mise en place de «conditions adéquates pour relancer l’outil de production national». C’est là l’éternelle rengaine patronale restée sans écho. «La balle est dans le camp du gouvernement. Ce dernier doit créer un environnement des affaires transparent», exige le patron du CNPA.
 Même son de cloche auprès de Boualem M’rakech, président de la  Confédération algérienne du patronat (CAP). Lui reste affligé quant au  sort réservé au secteur privé : «Ouyahia, dans sa déclaration de  politique générale, dit qu’il va renforcer les entreprises publiques et  aider les entreprises privées. Il y a une sacrée différence dans la  démarche», proteste-t-il, estimant que les entreprises privées ont  toujours été reléguées au second rôle. Alors que, dans tous les pays du  monde, l’économie est tirée grâce à l’apport du secteur privé. Ce qui  n’est pas le cas de l’Algérie, dont la machine économique est alimentée  par la rente pétrolière. D’ailleurs, explique-t-il, le gouvernement  recourt au Trésor public pour faire tourner l’économie. Une option fort  préjudiciable aux opérateurs privés. «Nous voulons que l’entreprise  privée puisse jouer réellement son rôle dans la création d’emplois et de  richesses. L’entreprise ne demande pas d’argent. Juste un environnement  adéquat», réclame M. M’rakech.
 La Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) est  plus incisive : «L’on remarque au passage que l’on ne raisonne plus  «entreprises économiques algériennesî s’entend par là public et privé  (Ö). Le secteur privé est cité à travers trois maigres articles. Par  contre, le secteur public se voit gratifié de 11 articles si consistants  qu’ils font pâlir d’envie tout nouveau promoteur désireux d’investir  dans ce pays», a déploré la CIPA dans un communiqué parvenu à notre  rédaction. La CIPA souligne que les actions menées par le gouvernement,  par le passé, en direction des PME-PMI, se sont avérées infructueuses :  «Les mises à niveau Meda 1 et Meda 2 n’ont nullement atténué les goulots  d’étranglement subis par les PME (Ö), les zones industrielles édifiées  depuis l’indépendance sont devenues des cimetières, les promoteurs de  l’industrie algérienne ne disposant d’aucune base juridique de leur  foncier subissent le mépris et l’indifférence des banques  d’accompagnement», dénoncent les rédacteurs du communiqué.
 Autre scories relevées : la dévaluation du dinar et l’expansion  tentaculaire de l’informel, «adjuvants de l’offensive mise en place pour  casser l’Algérie», sont venues achever le peu qui reste du tissu  industriel, déplore la CIPA. «Le corps que composent les PME  post-indépendance se trouve très meurtri et son état comateux très  avancé», conclut cette organisation patronale.
 L’état d’esprit au niveau du Forum des chefs d’entreprises (FCE) est tout aussi morose.
 L’indice de confiance des patrons pour le mois de septembre 2010  affiche une valeur négative (-10), selon l’organisation de Rédha  Hamiani.