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Crise du lait, diktat des boulangers et absence de l’État Le retour des pénuries inquiète les Algériens

 

Par : Farid Belgacem

La crise du lait qui semble perdurer, la fermeture des boulangeries pendant l’Aïd, sans respect de la réglementation, et l’augmentation vertigineuse des prix des produits de large consommation constituent les éléments d’une situation sociale fragile.

Samedi soir, des camions frigorifiques alimentaient en masse les commerces en lait. Certains livreurs ont détourné des quantités énormes de ce produit pour les vendre à même le trottoir, comme ce fut le cas sur la voie rapide de Triolet, à Alger. Le sachet a été vendu à… 40 DA !
Les commerçants s’érigent en faiseurs de loi et défient l’État, à commencer par les tutelles chargées de la régulation du marché, à chaque circonstance, comme les fêtes religieuses et autres jours fériés, pour faire chanter les consommateurs. Les Algériens, lassés d’une situation désastreuse de la gestion du commerce, prennent leur mal en patience et cèdent devant la supercherie des grossistes et des détaillants, devenus, fort malheureusement, maîtres de la situation.
Par la force des choses, ces derniers pourrissent l’état des lieux et profitent de la cacophonie qui règne dans les services de contrôle pour spéculer sur les produits de première nécessité, au grand dam des bourses déjà fragilisées par le pouvoir d’achat et l’inflation. Le cas du sachet de lait illustre bien ce constat. Vendu, samedi soir, à 40 DA le sachet — 30 DA si vous êtes du quartier — le sachet de lait est devenu sujet de prédilection et de… débat ! Mieux, samedi soir, des distributeurs faisaient circuler la rumeur selon laquelle les producteurs compteraient faire un “pont” jusqu’à dimanche prochain.
Autrement dit, le consommateur devra se rabattre sur le lait en poudre au prix fort de 480 et 520 DA le kilo, l’équivalent de 8 sachets de lait.
Bien évidemment, les commerces ne seront pas approvisionnés pendant six longs jours, et à l’État de faire valoir son autorité pour la pérennité du service public. Advienne que pourra, les commerçants ont déjà planté le décor de la fête de l’Aïd el-Adha, un décor fait de désertion des lieux, de fermeture des locaux, de congés prolongés, d’abandon de poste au sommet des instruments de contrôle, et passons ! Pourtant, il y a quatre jours seulement, le ministère du Commerce a sommé les boulangers d’ouvrir boutique pendant cette fête religieuse, non sans les menacer de fermeture dans le cas contraire.
Comme si les besoins des Algériens se limitent à la baguette de pain alors que la moralité voudrait que la même tutelle applique les termes des cahiers des charges et les clauses inscrites dans le registre du commerce. À 40 DA le sachet de lait, entre 65 et 80 DA le kilo de pomme de terre, 150 DA la tomate (en fin de vie), 130 DA la salade, 240 DA le piment, pour ne citer que ces produits, les ministères du Commerce et de l’Agriculture sont plus que jamais interpellés pour faire régner l’ordre, à défaut de ne pas flouer le consommateur qui se fie souvent aux décisions et autres mesures, comme celles prises pour une meilleure distribution du lait et le respect des prix des légumes et fruits.
Hier, près de la moitié des boulangeries ont baissé rideau. Idem pour les restaurants, les fast-foods et les cafétérias qui ont déjà fermé 48 heures avant l’Aïd.
Un rituel ancré chez les commerçants qui plantent leur décor au grand jour. Quant au service public — le service rendu au citoyen contribuable — l’État pourrait tout dire, sauf que le consommateur est bien servi par quelques images… du journal télévi

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