MOUVEMENTS DE REDRESSEMENT 2004-2010 
 La guerre de succession
 
Y a-t-il crise au FLN ? Si ce  n’est pas encore la grande «révolution» au sein du plus vieux parti  d’Algérie, ce n’est pas la paix non plus ! Et pour qui connaît  l’ex-parti unique, cet état de ni guerre, ni paix ne saurait durer  éternellement.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Pour la première fois depuis 2004 et  		son arrivée aux commandes du parti à la faveur du coup de force opéré  		par Abdelaziz Bouteflika, l’actuel secrétaire général du FLN fait face,  		depuis quelques semaines, à une fronde publiquement menée et assumée par  		des cadres de haut rang. Deux ministres en exercice, El- Hadi Khaldi et  		Mahmoud Khoudri, deux anciens ministres, Mohamed Seghir Kara et  		Boukerzaza, entre autres, mènent ce mouvement lui donnant, du fait de  		leurs profils respectifs, un cachet «officiel» difficile à contester.  		Que l’on se rappelle 2003 : l’ex-patron du FLN, Ali Benflis, avait lui  		aussi fait face à des ministres en exercice qui avaient pour noms,  		Abdelaziz Belkhadem, El- Hadi Khaldi, Saïd Barkat, Amar Tou, pour ne  		citer que ceux-là. Ce qu’on a appelé «le mouvement de redressement »  		était en réalité un putsch directement chapeauté par la présidence de la  		République et accompli sur le terrain par les ministères de l’Intérieur,  		de la Justice, des Affaires étrangères ainsi que la chefferie du  		gouvernement. Le tout-puissant appareil d’Etat était donc entièrement  		mobilisé contre Ali Benflis, à qui Bouteflika n’a jamais pardonné  		l’acte, pourtant légitime, de se porter candidat à la présidentielle. Le  		«mouvement de redressement», une étrange fédération regroupant quelques  		militants du FLN mais beaucoup d’indus militants, des fonctionnaires,  		des dissidents d’autres formations politiques et, aussi, des  		représentants de l’administration, verra désigné à sa tête un certain  		Abdelaziz Belkhadem. Un choix imposé par Abdelaziz Bouteflika. C’est  		naturellement que, dès 2004, il se retrouve à la tête du FLN. Un choix  		que consolide le congrès de 2005 : Bouteflika, qui s’impose président du  		parti, reconduit Belkhadem au poste de SG. Avec pour mission simple,  		celle de mettre le doyen des partis au service du président, notamment  		en prévision de l’élection présidentielle de 2009. Ce ne sera qu’au  		sortir de ces élections-là que des cadres, pourtant issus du mouvement  		de redressement, commencent à contester Belkhadem. La toute première  		voix contestatrice et que l’on redoute le plus au FLN : celle de  		Abdelkader Hadjar. L’actuel ambassadeur d’Algérie au Caire a carrément  		mis en garde Belkhadem, lors du dernier congrès en mai dernier. «Si tu  		te fais élire par le congrès et non pas par le comité central, nous te  		réserverons une surprise» ! Tout est dans cette mise en garde de Hadjar.  		Depuis quelque temps, Abdelaziz Belkhadem est «soupçonné » de nourrir  		des ambitions présidentielles pour 2014. Il faut dire que la maladie de  		Bouteflika a fini par bousculer bien des pactes, bien des certitudes qui  		paraissaient des évidences avant octobre 2005 et la fameuse évacuation  		de Bouteflika au Val-de-Grâce. La prochaine présidentielle a-t-elle  		alors commencé au FLN, comme c’est la tradition d’ailleurs ? L’issue de  		la fronde en cours fournira la réponse à cette interrogation qui tient  		en haleine tous les observateurs. 
 K. A.