Les islamistes combattent le pouvoir depuis sa naissance pour l'instauration d'un mythique Etat qui au mieux ressemblerait au Soudan et au pire à la Somalie, le régime les combat pour entretenir un état de fait qui ne l'arrange même pas lui même, sauf s'il répond à un agenda étranger.
Cependant, avoir un ennemi commun n'a jamais été un facteur de rassemblement entre des camps qui lui reprochent des choses diamétralement opposées. Certains sont même pires que lui en matière d'étroitesse de vue et de méthode de répression et surtout de moyen de légitimation.
Soyons sérieux, on ne lance pas une démarche politique, en s'intronisant promoteur du changement sur la toile, sans en préciser les contours exacts, et un minimum d'engagements concrets et précis sur la forme du projet de société que l'on propose et les voies et moyens d'y parvenir.
Avec soixante partis qui patinent dans le yaourt depuis 1990, et qui n'ont même pas réussi à proposer un programme interne à leurs militants définissant de manière claire leur rôle dans le parti et la société, ainsi que les règlement internes au parti, on va s'encombrer encore d'une profusion d'organisations virtuelles sur le net, qui proposent des projets encore plus opaques que ceux des partis, et avec des démarches qui vont de l'alignement sur un nouveau messie, aux incantations de zaouïa sur la fraternité et le bonheur qui doivent régner sur terre en guise de programme politique.
Bientôt on aura des prophètes et autres envoyés du ciel sur le net, et avec des pseudos en plus.
La catégorie qui cherche une solution rationnelle et réalisable au problème de la mal gouvernance, ainsi que des réponses concrètes à ses questionnement sur l'avenir, et qui est obligée de les chercher sur internet faute d'autres canaux verrouillés par le système ou encombré par la fausse opposition, ne marche pas aux incantations ni aux sentiments aussi noble soient –ils. Elle veut des programmes concrets avec des outils concrets de concrétisation. Ceci ne peut être que le fruit d'une réflexion profonde et de haut niveau qui prend en charge du plus petit détail à la plus large vision du problème, de sa solution et de la pérennité de cette solution.
Celui qui aspire à manipuler cette catégorie, n'a qu'à se retrousser les manches et attendre un événement tragique ou une émeute déjà lancée pour la chevaucher sur le terrain et pas face à un clavier, et ensuite à en assumer tous les résultats avant de penser aux dividendes politiques.
L'heure est effectivement grave, raison de plus pour ne pas l'aggraver par des initiatives « don quichottesques » pour certaines, et manifestement intéressées pour d'autres. Sans compter les manipulations en tout genre qui à défaut de réussir permettent de disperser les efforts dans de vaines actions vouées à l'échec, comme prévu dans la stratégie de ceux qu'on prétend dégommer d'un clic de souris.
Ce régime auquel on reproche son mépris de l'intelligence de ses vis à vis, doit bien rire de notre mépris de sa propre intelligence, car qu'est ce qui l'empêche de lancer les incitatives et autres actions qu'il veut sur le Net à raison de trois par jour pour parasiter tout cet univers déjà parasité.
Le vocabulaire d'un opposant renseigne déjà de lui même, sur sa nature d'opposant ou d'opportuniste, ainsi que sur ce qu'il propose comme alternative même quand il s'essaie à le camoufler dans des concepts creux où la démocratie transparait plus comme un outil que comme une conviction, et même les coups d'état ont intégré cette pseudo défense de la démocratie dans leur déclaration post opératoire.
Les Algériens ont besoin de liberté, d'épanouissement et de réussites en lieu et place d'échecs et de drames, sous la houlette des actuels messies ou de nouveaux messies en herbe ou en épines.
Les Harragas ont montré un début de route par la destination pour laquelle ils risquent leur peau en mer, et c'est ce qu'ils cherchent dans cette destination qu'il faut leur fournir ici. Quand à l'autre destination qui couvre le malheur du manteau de "l'authenticité" et des valeurs "indéfinies", la destination est déjà occupée en partie par le régime et le reste par les tangos, dont tout le monde souhaite la disparition simultanée, sauf ceux qui se nourrissent de ces deux mamelles du malheur.
En ce qui me concerne, je ne suis prêt à m'inscrire dans aucune initiative dont les auteurs, les contours et les buts et moyens d'y parvenir sont indéfinis et souvent brumeux, et je crois qu'une bonne partie du peuple partage ce sentiment. C'est ce qui fait son semblant de passivité. Ce n'est pas pour décourager les initiatives que je dis cela, mais depuis le temps que tout le monde appelle à une chimérique révolution personne n'a émis un avis cohérent sur les contours politiques, économiques, juridiques et culturels de cette Algérie de rêve, ni émis la moindre proposition concrète de reforme. Ne serait ce que d'un texte de loi ou d'une institution pour se prévaloir d'un appel au renouveau.Commençons par la tracer cette Algérie du futur dans nos têtes, et ensuite mettons nous d'accord sur ce tracé, et le reste suivra de lui même.
Ferhat Ait Ali