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L’Algérie, «un pays malheureux»

 

Le journal libanais Al Akhbar a publié, sur son site internet, quelques-uns des câbles, classés, «secret», concernant l’Algérie. Même s’il n’est pas précisé la manière dont le journal a pu obtenir ces documents, ils présentent toutes les caractéristiques dont sont dotés les câbles publiés directement sur WikiLeaks.

C’est un bien triste tableau de l’Algérie que dresse l’ambassade US à Alger, à la veille de la visite du secrétaire d’Etat à Alger. Dans ce câble écrit alors que l’amendement de la Constitution se profilait afin de permettre à Abdelaziz Bouteflika de briguer un 3e mandat, l’Algérie est décrit comme «un pays malheureux». «Il y a beaucoup de discussions dans les milieux politiques sur la Constitution, le troisième mandat et les questions de succession, mais il n’y a que peu de discussions, précieuses, sur la façon de traiter l’aliénation politique de longue date et le mécontentement social dans tout le pays», explique l’ambassadeur. Ce dernier dresse ensuite une longue liste d’indicateurs, logement, chômage, inflation, qui ne peut que conduire de larges pans de la société à la contestation.

«D’ailleurs, durant votre visite, nous nous attendions à une grève dans l’enseignement. La fermeture des écoles facilitera vos déplacements grâce à la circulation plus fluide, Inchallah», prévoit l’ambassadeur. Pourtant, souligne-t-on, le pays est immensément riche. Et le peuple le sait. «La seule approche de Bouteflika et de son équipe est la dépense de milliards de dollars dans des infrastructures et des projets grandioses». En vain. La raison, en est, selon les diplomates, «la bureaucratie, les lourdes réglementations, la centralisation ralentissant les projets et empêchant les nouveaux investissements privés».

Le gouvernement, incapable de résoudre ces problèmes systémiques, prouve ainsi qu’il y a «un manque de vision au sommet». «Bouteflika et son équipe ne savent pas s’il veulent que l’Algérie intègre l’économie de marché mondiale, ou si le gouvernement doit perdurer dans le contrat social des années 1960-1970», est-il affirmé dans le document. Et ce mécontentement social ne dit rien qui vaille à l’ambassade US. «Cela offre à Al Qaîda (AQMI) un vivier de nouvelles recrues, mais ne suffit pas à menacer la stabilité du pays. Toutefois, cela nuit à la crédibilité de l’amnistie nationale du président Bouteflika, et l’aura probablement affaibli», explique-t-on.

Dans ce domaine, et concernant la coopération bilatérale, les services algériens sont décrits par l’ambassade US comme étant «épineux et paranoïaques», et «pas pressés à coopérer avec le FBI» dans la lutte contre les réseaux terroristes. Pour ce qui est de la politique extérieure de l’Algérie, il est estimé que «Bouteflika est son propre ministre de l’Extérieur, et sa conception politique régionale n’a pas évolué depuis les années 1970». Et l’on s’étonne des lacunes de renseignements des autorités en ce qui concerne les «mouvements régionaux», puisque l’on «peut dire que les chaînes satellitaires sont leur plus grande source d’information». Pour ce qui est de l’Irak par exemple, «le président a demandé au sénateur Nelson de ne pas se retirer trop rapidement du pays».     

Ghania Lassal

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