Baisse du chômage en Algérie : des chiffres trompeurs !
Les chiffres officiels sur le recul du chômage en Algérie...
Les chiffres sur le recul du chômage en Algérie sont "trompeurs". C'est ce qui ressort d'une étude de Carnegie Moyen-Orient qui porte sur "les défis de l'emploi au Maghreb". Cette étude prouve que c'est plutôt la pression sur le marché du travail qui a été réduite en Algérie, comme dans les autres pays du Maghreb, et non pas le chômage.
Les chiffres brandis récemment par le gouvernement concernant le recul du chômage en Algérie ne traduisent nullement la réalité de l'emploi dans notre pays. Selon une étude de Carnegie Moyen-Orient, le chiffre flatteur de 10, 2% de chômeurs en Algérie cache une réalité plus mitigée, et beaucoup plus amère.
En effet, cette enquête menée par Lahcen Achy, professeur à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (INSEA) de Rabat et chercheur au sein du cabinet Carenegie, a dévoilé les véritables facettes du marché de l'emploi au Maghreb. En Algérie, c'est la baisse de la fécondité et la faible participation des femmes qui ont réduit considérablement la pression sur le marché du travail.
Ce sont ces deux indicateurs socio-économiques qui expliquent la baisse du chômage dans notre pays. Mais cette baisse demeure un leurre car dans la réalité, les jeunes Algériens, notamment les jeunes diplômés, n'ont jamais subi aussi cruellement le chômage que durant ces dernières années.
L'étude de Carnegie Moyen-Orient nous apprend d'abord que le taux d’activité dans la population totale âgée de 15 et plus est très bas en Algérie. Alors qu'il se situait à 48,1% en 2001, ce taux ne dépasse guère aujourd'hui les 41 % ! "Ailleurs, ces ratios peuvent atteindre jusqu’à 70% : 65% en Amérique latine, 69% en Asie du Sud-est et 73% en Asie de l’Est et le taux moyen au niveau mondial se situant à 64%", souligne cette étude.
A ce sujet, l’étude de Carnegie avance comme explication à ce recul des taux d’activité, le faible niveau de participation des femmes. En Algérie, les femmes ne représentent que 14 % de la part des personnes actives alors qu'elles étaient plus de 17 % dix ans tôt !
Par ailleurs, le chômage des jeunes âgés de 15 à 29 ans reste très élevé en Algérie, comme partout ailleurs au Maghreb. D'ailleurs, le chômage des jeunes de cette tranche d’âge s’est établi dans notre pays à 21,5 %. En plus, la qualité des emplois offerts à ces jeunes "ne sont le plus souvent pas adaptés aux qualifications de ces jeunes, en tout cas pas à leurs attentes", indique-t-on.
Les jeunes diplômés sont également la catégorie la plus exposée aux affres du chômage en Algérie. Selon l'étude de Carnegie Moyen-Orient, le chômage de ces jeunes a augmenté dans notre pays de 10% en 2001 à plus de 20 % depuis 2008. Paradoxalement, ce sont les jeunes "non éduqués" qui souffrent le moins au Maghreb puisque leur taux de chômage est inférieur à 5 % dans les trois pays maghrébins, Algérie, Maroc et Tunisie.
A la lecture de cette étude, il apparaît qu'il est impératif que les politiques publiques en Algérie se penchent sur la qualité des emplois plutôt que leur quantité. Et aujourd'hui plus que jamais, il est plus que nécessaire de revoir les critères que l'Office National de Statistiques (ONS) utilise dans la définition du chômage.
Commentaires
Il serait étonnant que l'ONS utilise des critères différents de ceux de l'INSEA, pour définir le chômage. Voilà bien longtemps que les statisticiens de part le monde, Algériens et Marocains compris, se sont mis d'accord pour définir le chômage afin que des comparaisons entre pays soient possibles. Les questions que semble avoir soulevées A.Achy (je n'ai pas lu son texte mais seulement le résumé qu'en fait A. Semmar) ont plutôt trait à la structure de la population active occupée qui est, notamment, affectée par le faible taux d'activité des femmes. Ceci n'affecte en rien la qualité statistique du calcul du "taux de chômage". Maintenant est ce que ce taux donne une idée précise des Algériennees et Algériens succeptibles d'être occupés utilement "alors qu'ils n'ont pas recherché un emploi au cours des 6 derniers mois précedent l'enquête", c'est une autre histoire...certes importante mais sans incidence sur le contenu statistique du chômage.