«J’apprends chaque jour de Bouteflika, qui était l’élève de Boumediène»



 
  
 
Je vous ai livré dans mon exposé les points forts et faibles de notre politique. Je n’ai jamais dit que tout était beau. Il existe des insuffisances que nous essayons de corriger chaque jour», a reconnu le chef de l’Exécutif qui s’estime heureux et chanceux de travailler avec un géant de la politique, Abdelaziz Bouteflika.
«J’apprends chaque jour de Bouteflika, qui était l’élève de  Boumediène», a affirmé le Premier ministre, qui dit ne pas adhérer  toutefois au raisonnement formulé par Mme Zohra Drif Bitat du tiers  présidentiel et vice-présidente du Conseil de la nation, lors des  débats.
 «L’Etat algérien n’a jamais menti sur les chiffres. L’institution qui  donnait un taux de chômage de 30% il y a quelques années est la même qui  avance aujourd’hui un taux de 10%. Pourquoi, à l’époque, personne n’a  remis en cause le chiffre de 30%, voire plus ?» s’est défendu, hier,  Ahmed Ouyahia lors de ses réponses aux interrogations des membres du  Conseil de la nation à l’issue du débat autour de la déclaration de  politique générale. Dans sa plaidoirie de deux heures, le Premier  ministre a balayé d’un revers de la main les accusations de certains  sénateurs quant à la non-prise en charge de la jeunesse algérienne, des  phénomènes de la harga, de la corruption ou des problèmes dans le  secteur de l’éducation.
 S’agissant de l’émigration clandestine, M. Ouyahia a fait remarquer  qu’il ne faut pas s’attendre à ce qu’il y ait, au niveau du  gouvernement, une personne qui légitimera les harraga, arguant que  «celui qui se jette à la mer, s’il ne meurt pas ou n’est pas fait  prisonnier, est embauché comme saisonnier, alors que l’Algérie offre des  emplois saisonniers à 2000 DA la journée qui ne trouvent pas preneurs.  Ce n’est pas normal». Et de souligner que la responsabilité des  «grands», des sages et des parents, aujourd’hui, consiste en le devoir  de pondération et en la nécessité de porter le message et de faire  parvenir la préoccupation et l’intérêt. «Je ne suis pas un donneur de  leçons, mais il faut nourrir l’espoir à la place de la violence. Il faut  informer nos jeunes qu’en raison de notre insouciance, du gaspillage et  du populisme, nous avons perdu notre souveraineté économique lorsqu’on a  eu recours au rééchelonnement. Il faut apprendre aux jeunes comment  revaloriser sa richesse pour mieux faire», a-t-il noté. Le Premier  ministre ne nie pas que la question de la jeunesse représente un «enjeu  majeur» pour l’avenir du pays et nécessite une prise en charge et une  «attention particulière».
La culture de l’espoir contre celle de la violence
 En abordant la responsabilité à l’égard de cette jeunesse, il rappelle  avec amertume : «On a poussé nos jeunes au terrorisme, ce qui nous  impose aujourd’hui de les raisonner pour qu’ils ne commettent plus  d’erreurs à l’avenir, comme ce fut le cas pour la génération  d’Octobre 1988 qui a attisé le feu de la fitna.» L’erreur, de l’avis du  Premier ministre, était qu’on a fait croire aux jeunes, à l’époque,  «qu’ils iraient au paradis». Selon l’intervenant, l’Algérie «n’est ni un  pays riche ni un pays pauvre et ses enfants nourrissent de grandes  ambitions», a-t-il indiqué, précisant que l’Etat avait commencé à  prendre en charge ces ambitions grâce à sa «bonne gouvernance», en  s’acquittant de ses dettes et en retrouvant son autonomie de décision.
 Sur un autre chapitre, M. Ouyahia a défendu bec et ongles la réforme du  système éducatif en estimant que la bataille de la quantité ayant été  gagnée, reste la bataille de la qualité.
 Abordant le chapitre de la corruption, l’intervenant a relevé que  l’Etat, dans le cadre de la lutte contre le crime économique, a créé un  office de lutte contre la corruption, la réévaluation des projets à la  charge des secteurs économiques de la police judiciaire et élaboré une  série de mesures pour tracer l’argent. Ces mesures ont trait,  essentiellement, à la «modification de la loi sur le mouvement des  capitaux transfrontaliers, modification de la loi sur le crédit et la  monnaie, obligation faite aux opérateurs économiques d’utiliser des  chèques pour toute transaction de plus de 500 000 DA et l’introduction  du crédit documentaire ainsi que le nouvel identifiant fiscal», a-t-il  indiqué.