Par Abderrahmane Semmar
La "Françafrique", cette machine à laver le sale "fric" des dictateurs africains alliés de la France finançait les campagnes politiques des présidents Français Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ! Ce qui était donc naguère une rumeur fantaisiste est désormais confirmé par un télégramme diplomatique américain divulgué par WikiLeaks et cité par le quotidien espagnol El Pais.
Selon une note diplomatique, datant du 07-07-2009 et classée confidentielle, de l’ambassade américaine à Yaoundé (Cameroun), pas moins de 36 millions d'euros ont été détournés de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) par le défunt président gabonais Omar Bongo.
Cette information n’aurait choqué personne, puisque les détournements de fonds sont légion en Afrique, si le télégramme américain nous n’avait pas appris qu’une partie importante de ces fonds a aussi profité à des dirigeants politiques français en particulier "à Chirac mais aussi Sarkozy" !
Et si le cadre de la BEAC qui a révélé sous l’anonymat aux diplomates américains ce détournement à grande échelle n’a pas précisé les montants exacts remis aux présidents français, il ne manque pas de relever que le défunt président Gabonais Omar Bango ne fut pas pour rien "le favori de la France parmi tous les autres présidents Africains".
Un favori qui savait bien, apparemment, comment gagner les faveurs des dirigeants français. Ces derniers, rappelons-le, affichaient publiquement leur affection pour ce dictateur qui a pillé les richesses de tout un pays. Ces mêmes richesses, dévoile encore ce câble, faisaient l'objet d'une surveillance particulière de la part des "technocrates du trésor français".
Leur "influence était même démesurée", confie encore le cadre de la BEAC qui explique comment les réseaux de la "Francafrique" ont joué un rôle important lorsque le gouverneur de la BEAC, le Gabonais Philip Andzembe, avait placé en secret 500 millions d'euros dans un investissement à haut risque de la banque française Société générale !
Par la suite, ce placement n'a fait que révéler "des malversations encore plus larges et plus audacieuses, liées à la hiérarchie des officiels gabonais", note le document américain. En effet, "le défunt président Omar Bongo et son fils Ali, ministre de la défense et candidat à la présidence (élu depuis à la tête du pays), ont bénéficié du détournement de fonds", explique-t-on.
Des fonds qui finiront également par atterrir dans les caisses noires des partis politiques de la Droite Française, affirme sans hésitation le haut fonctionnaire de la BEAC.
Soulignons enfin que ces révélations interviennent au moment même où la Justice française mène une enquête sur le patrimoine dans l'Hexagone de trois présidents africains et de leurs proches, dont Omar Bongo, à la suite d'une plainte de Transparency International.