HIER À LA CHAÎNE I :
«Sincèrement, je ne peux accuser une quelconque partie d’être derrière les derniers événements qui viennent de secouer le pays.» C’est ce qu’a affirmé, hier mercredi, Abdelaziz Belkhadem, le ministre d’Etat, représentant personnel du président de la République, lors de son passage à l’émission «Tahaoulate» de la Chaîne I de la Radio nationale.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Pas de manipulation donc dans la violente vague des émeutes de la semaine dernière pour le ministre qui parle, il faut bien le souligner, au nom de Abdelaziz Bouteflika. «Nous regrettons qu’il y ait eu trois morts durant ces événements», car, tenait-il à préciser, «la personne annoncée pour morte à Annaba n’est pas à attribuer à ces mêmes événements ». Pour Belkhadem, «c’est l’image du pays qui en pâtit «dans cette affaire. Il s’explique : «Si en 1988, beaucoup d’ingrédients étaient réunis pour expliquer l’ampleur de l’explosion comme les pénuries, le chômage, la baisse des recettes pétrolières, ce n’est pas le cas de nos jours.» Aussi, il n’omettra pas de rappeler que le pays «n’avait plus investi depuis 1986. A cette situation de non-investissement, était venue se greffer la décennie de terrorisme et de terreur qui a ravagé l’Algérie». A l’arrivée, «lorsque le président Bouteflika accédait au pouvoir en 1999, il y avait trop de retard cumulé. Le chômage, par exemple, dépassait à l’époque les 30%». Il en vient alors à «la politique de développement engagée par le président» avec les différents plans dont les montants sont considérables. Ce qui lui permet une bonne opportunité pour décocher une petite pique à l’endroit de… Ahmed Ouyahia. Même indirecte, c’est quand même le Premier ministre qui sera visé à travers la phrase qui suit : «Le président s’occupe des grands choix stratégiques pour le pays. Quant à la gestion quotidienne, elle est laissée au gouvernement. Il y a trois ans ( Belkhadem était alors chef du gouvernement, ndlr), le gouvernement a pu endiguer le phénomène de la spéculation qui frappait de manière récurrente le prix de la pomme de terre et ce, en procédant à l’achat de toute la production aux agriculteurs, au prix de saison. De la sorte, on inondait le marché dès que la pénurie commençait à menacer.» Ce qui l’amène à dire : «Il faut que nous prenions nos précautions à l’avenir pour prévoir des situations comme celle de fin décembre dernier où nous avons été pris de court par les montées brutales des prix du sucre et de l’huile sur le marché mondial.» Belkhadem parlera ensuite des monopoles : «Il est anormal que l’importation d’un produit aussi important que le sucre soit sous le monopole de cinq personnes. Il faut casser ces monopoles sur tous les produits stratégiques. Du sucre au médicament». En revanche, Belkhadem préconise «l’encadrement du marché informel exercé par les petits commerçants. Essayer de l’intégrer dans l’économie nationale formelle au lieu de tenter de l’éradiquer». Reconnaissant par ailleurs qu’il «existe effectivement des tares et des insuffisances», comme la corruption, certaines injustices dans les distributions de logements, Belkhadem estime injuste d’accuser les partis et la société civile. «C’est faux que d’affirmer que ce sont les partis politiques et la société civile qui sont responsables des derniers événements.» ! Et là, c’est directement le ministre de l’Intérieur qui est visé. Daho Ould-Kablia avait en effet accusé les partis politiques et la société civile d’être responsables des événements, par leur passivité.
K. A.