Et pendant ce temps-là, Khalida Toumi parle de cinéma, Ghoulamallah du projet de Grande Mosquée d’Alger, Amar Tou du permis à points et Ould Abbès de greffe du poumon.
Elle est pas belle, la vie ?
— Chef ! Y a le RCD qui veut marcher ! — Le RCD tunisien ? Qu’il marche bien évidemment. L’Algérie n’empêchera jamais un parti légal d’un pays frère de marcher. — Heu… là, chef, en l’occurrence, il s’agit du RCD dialna, celui du psy. — Quoi ? Le RCD de Sadi ! Pas question qu’il marche. Interdit ! —Chef ! Ils veulent aussi un débat sur les récentes émeutes à l’APN. — Quoi ? Y a eu des émeutes à l’Assemblée ? Bon Dieu, mais personne ne me met au courant de ce qui se passe dans ce pays. — Pardon chef, je me suis mal exprimé. Le RCD de Sadi voudrait que les députés débattent à l’APN des dernières émeutes qui ont secoué le pays. — Pas question ! Si le RCD tunisien veut venir parler des émeutes de Tunis et de Sidi Bouzid, ici même, dans l’enceinte de notre Assemblée, je n’y vois aucun inconvénient. L’Algérie n’empêchera jamais un parti légal d’un pays frère de venir s’exprimer librement chez nous. Mais le RCD du toubib Maboulette, walou, zéro débat à l’Assemblée. Dites à Ziari de faire comme d’hab’. — C’est ce qu’il a déjà fait, chef ! — Brave garçon ! — Chef, reste tout de même cette liste de citoyens qui s’immolent par le feu. Elle s’allonge, chef. Maintenant, y a une femme parmi les victimes – Et alors ? J’ai toujours défendu la parité femmes-hommes. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais reculer en interdisant aux femmes de faire comme les hommes. Tant que je serai aux commandes, les femmes algériennes auront les mêmes droits que les hommes de s’asperger d’essence et de s’immoler. J’y veillerai personnellement. — Heu… chef, sauf votre respect, et n’y voyez surtout pas une quelconque curiosité mal placée, mais c’est quoi toutes ces valises dans votre hall ? — Ça, mon garçon, ce n’est rien. C’est juste au cas où… — Au cas où ? Au cas où quoi, chef ? — Au cas où j’aurai une envie soudaine d’aller accomplir une omra, à La Mecque, en Arabie saoudite. Depuis le temps que j’y pense. Jusque-là, mon agenda ne me le permettait pas. Mais là, je pense que je vais pouvoir me libérer. — Chef ! Je peux vous demander une petite faveur ? — Dis toujours ! — Je peux vous accompagner en Arabie saoudite ? Parce que, voyez-vous, chef, moi aussi je sens que c’est le moment d’une petite virée là-bas. Et de toutes les façons, ici sans vous, je ne saurais quoi faire. Je tournerais en rond. Et je finirais moi aussi par fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
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