Par : Djamel Bouatta
Les explications fournies par les nouvelles autorités tunisiennes devant le sommet n’ont certainement pas été rassurantes pour les autres membres de la Ligue arabe.
La Tunisie, membre fondateur de l’organisation panarabe, est représentée à Charm el-Cheikh par son ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane, reconduit à son poste dans le gouvernement de transition, a informé, lundi soir, ses homologues, lors d'une rencontre à huis clos sur la situation dans son pays. Il n’a pas été rassurant en leur affirmant que “le peuple tunisien a dit son mot et est sorti vainqueur de ce soulèvement populaire” et que le but du gouvernement de transition de son pays est clair, organiser le processus de démocratisation revendiqué par les Tunisiens, avec la participation de toutes les parties. Et pas question ni de revenir en arrière, comme l’a souhaité Kadhafi, ni de passer outre les exigences populaires. Quant au chaos que prédisent des voix arabes, il est réfuté par de nombreux spécialistes.
Pour la Tunisie, le redémarrage est difficile mais possible. La Tunisie a toutes les conditions et atouts pour mieux ancrer son développement : une solide industrie touristique axée autour d'attraits géographiques merveilleux, un islam modéré qui a, entre autres, permis l'émancipation des femmes par le travail, des liens économiques étroits avec plusieurs pays d'Europe, des partis d'opposition certes embryonnaires parce que longtemps interdits, des syndicats de travailleurs… Plus encore, des acteurs d’une économie moderne, la plus moderne dans la région. Et par-dessus tout : une population politisée, au sens patriotique aigu et qui veut tourner la page de la dictature et du populisme pour instaurer la démocratie universelle. La Tunisie, observée avec attention, pourrait tracer la voie à ses frères qui n'ont pas de régime démocratique, c'est-à-dire, tous les autres pays de la Ligue arabe.
Par ailleurs, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal a affirmé, hier, que le président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali, réfugié dans le royaume depuis sa fuite vendredi sous la pression de la rue, y était “interdit de toute activité” contre son pays. Son accueil “ne peut conduire à une quelconque activité (de Ben Ali) sur la Tunisie depuis le territoire saoudien”, a-t-il affirmé dans un entretien avec la télévision d'État saoudienne. La présence du président déchu dans le royaume s'accompagne “de conditions et de restrictions. Aucune action ne sera autorisée (contre la Tunisie)”, a-t-il ajouté. “Son accueil répond à une tradition arabe : accorder la protection à celui qui la demande”, a déclaré le prince Saoud. “Le royaume a agi selon une politique suivie depuis longtemps. Je ne crois pas que cela nuise au peuple tunisien et à sa volonté, comme cela ne représente pas une ingérence dans les affaires internes de la Tunisie”, a-t-il encore dit.