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MANIFESTATION DU RCD À PARIS «Notre combat n’est pas celui d’une région mais de tout un pays»



De notre bureau de Paris, Khadidja. Baba-Ahmed
Le rassemblement auquel a appelé le RCD France a bien eu lieu hier à la place de la République.
Des centaines (entre 400 et 500 manifestants) se sont retrouvés dès 14h30, bravant froid et pluie battante. «Halte à la répression» ; «Stop à la politique du flic et du fric» ou encore «Bouteflika dégage» ou faisant, comme il fallait s’y attendre, la jonction avec la révolution tunisienne, beaucoup de banderoles, en français, arabe ou berbère avertissaient «Hier Benali, aujourd’hui Bouteflika». Sur fond sonore du chant Min Djibalina, les militants qui ont répondu à l’appel criaient leur rejet de «l’injustice, la hogra, le régime policier». Justice et liberté, appelaient, criaient en chœur un groupe de jeunes arborant, comme la plupart des présents, le drapeau algérien. Et c’est justement par l’Algérie que l’intervention du responsable du RCD France, Hocine Slifi, a commencé, remettant les pendules à l’heure en précisant que cette manifestation n’est organisée pour aucune région du pays mais pour tous les Algériens, confrontés aux mêmes problèmes, à la même hogra et même déni de justice et au même bâillonnement des expressions. S’adressant plus directement encore à ce qu’il appelle «les émissaires de l’ambassade» et qu’il a reconnus dans la foule venant pour tenter de jeter le trouble, il devait, les traitant de harkas, leur tonner : «Ce que l’on dit ici, nous le disons de la même façon là-bas (en Algérie) et ce n’est pas d’aujourd’hui, nous l’avons dit il y a très longtemps et nous avons été que de fois incarcérés pour cela. Il y a bien eu des tentatives de provocation (très peu nombreuses) mais des consignes de ne pas y répondre ont étouffé dans l’œuf les propos de deux femmes, l’une venant dire «il ne faut pas se donner en spectacle» et l’autre «Bouteflika est le grand bâtisseur de l’Algérie». Les deux envoyées ont dû battre en retraite très vite et on ne les a plus revues. En lien direct avec Alger, Hocine Slifi intervenait régulièrement pour donner des nouvelles de la manifestation à Alger qui a été interdite et pour laquelle le pouvoir a quadrillé des quartiers entiers et notamment le siège du RCD, confinant les militants à l’intérieur. Ainsi, lorsqu’il annonça qu’un député a été blessé par les forces de l’ordre «lâchées par le pouvoir contre les militants», la colère, déjà présente, s’est mue en cris de «pouvoir assassin», «la liberté et la démocratie triompheront bientôt» ou encore «Bouteflika, ton heure est venue». Au moment où nous quittions la place de la République, la pluie ne cessait de tomber et la température avec, mais la foule de manifestants ne cessait de grossir.
K. B.-A.

Interview express de Hocine Slifi, responsable RCD France
Le Soir : Le rassemblement n’est pas encore terminé, mais comment évaluez-vous cette mobilisation ?
Hocine Slifi :
Nous sommes très contents de cette mobilisation, parce qu’il y a une adhésion trans-partisane. Je vois ici nos militants mais aussi ceux du FFS et des anciens camarades du Pags.
Quelle suite allez-vous donner à votre mouvement ?
Nous n’avons pas l’habitude de rentrer à la maison comme ça. Ce n’est pas normal qu’en 2011, surtout après la révolution du Jasmin, nous allons tranquillement nous terrer et ce n’est surtout pas dans nos habitudes. Nous allons forcer ce pouvoir, soit à discuter et dans ce cas-là, nous souhaitons une évolution ordonnée de la situation. Par contre, s’il continue à agir par le mépris, l’injustice et la répression, nous n’allons certainement pas nous arrêter là.
Vos actions de mobilisation en France vont-elles se poursuivre et sous quelle forme ?
Nous attendons de voir comment cela va évoluer à Alger et nous relaierons ici, c’est notre devoir.
Propos recueillis par Khedidja Baba-Ahmed

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