Dans l’état de déliquescence ambiant –émeutes et manifestations un peu partout, absence de l’Etat et fonctionnement général au ralenti – la police est sûrement la seule institution qui travaille. Hier, elle était encore présente pour assurer un bon fonctionnement de l’Etat. Des cars, des engins allemands, des milliers de policiers et des centaines de véhicules tout neufs, la DGSN a tenu à ne pas rater ce nouveau rendez-vous, après ceux manqués avec la délinquance, le terrorisme et la corruption. De l’avis unanime, la police a fait du bon travail pour pallier au manque de coordination de la Coordination et, pour le reste, aucune nouveauté n’a été notée.
Le régime, incapable de mobiliser ses troupes du RND ou du FLN, ou encore les travailleurs de l’UGTA et les jeunes de l’Ansej et de l’UNJA, a encore payé quelques gamins pour le représenter, confirmant la problématique des relais : aucun élu, nommé, député, client, chef de daïra, rentier ou importateur de sucre n’a daigné venir épauler le pouvoir qui les paye pourtant grassement. Uniquement des gamins, très amusés, qui chantaient «Vive Ouyahia, dawla islamiya», renvoyant à la face du régime toute sa propre absurdité. L’un d’eux, d’ailleurs, dans une crise de sympathie envers les manifestants, a cru bon devoir donner un conseil du haut de ses 18 ans : «Si vous voulez du changement, ce n’est pas comme ça, il faut tout casser, tout brûler» pour expliquer que cette stratégie de s’allier avec n’importe qui contre n’importe qui conduit fatalement à n’importe quoi.
Il restera que policier reste le seul métier d’avenir dans un pays où tout est bouché comme un canal d’expression. Pourtant, c’est écrit dans les livres, une révolution arrive au moment où les institutions sont incapables de préserver l’intérêt du plus grand nombre. L’Algérie est déjà dans ce cas. Après, il faut du temps. Et certainement un peu moins de paresse.
Chawki Amari