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Les services secrets conseillent à Bouteflika d’engager en urgence des réformes



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Les services secrets algériens ont conseillé au président Bouteflika d’engager en urgence des réformes pour contenir la colère sociale, selon le contenu d’un rapport remis récemment au chef de l’État et révélé ce dimanche 20 février par le site web de la chaîne qatarie Al Jazeera. Ce rapport a été élaboré à la demande de Bouteflika lui‑même pour comprendre les raisons des émeutes qui ont marqué le pays début janvier 2011 et les contestations qui secouent plusieurs secteurs (santé, justice, collectivités locales, etc.).

 
Il a été constaté que la colère populaire est liée à la hausse généralisée des prix des produits alimentaires et aux politiques poursuivies par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Reprenant des conseillers du président, le site d’Al Jazeera a annoncé que Bouteflika sera amené à se séparer de son Premier ministre. « Il doit nommer une autre personnalité qui sera mieux acceptée par la population. Des discussions sont toujours au niveau de la Présidence pour choisir cette personnalité », est‑il précisé.
 
Il est également indiqué que le chef de l’État changera les ministres qui sont restés longtemps au sein du gouvernement. Comme il est annoncé que Bouteflika prononcera un discours, probablement le 24 février courant, à l’occasion de l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. « Il y annoncera des décisions historiques en réponse aux exigences populaires. Il est attendu que le président confirme la levée définitive de l’état d’urgence », est‑il souligné.  Par ailleurs, et selon la même source, le président Bouteflika a demandé à ce que l’on réponde clairement à la question relative à sa popularité, plus d’une année après le début de son troisième mandat.
 
En fait, selon nos informations le gouvernement était au courant dès la fin 2010 d’une subite dégradation de la situation au plan social en Algérie. Les services de renseignements (DRS) ont alerté les responsables politiques sur l’étendue du mécontentement populaire et l’imminence d’une explosion sociale, sur la base d’enquêtes réalisées sur le terrain et de conclusions d’experts. Les rapports ont été remis aux autorités bien avant les émeutes meurtrières contre la cherté de la vie début janvier et même avant l’éclatement de la révolte en Tunisie. Ces rapports concernent tous les aspects, y compris la gestion de l’information et de la télévision.
 
Le gouvernement a été destinataire de rapports détaillés sur la situation sociale au bord de l’explosion, conséquence de l’accumulation des problèmes sociaux, de la généralisation de la corruption, de la bureaucratie tatillonne de l’administration et de l’opacité dans la distribution des logements sociaux, accaparés par les pistonnés et les clientèles du régime, au détriment des vrais nécessiteux.
Les services de sécurité ont même fourni aux responsables politiques des propositions de sortie de crise et proposé des mesures sociales à prendre en urgence pour apaiser le front social. Il a été demandé par exemple aux responsables politiques au niveau central et local de communiquer davantage avec le citoyen, afin d’expliquer les efforts de l’État pour reconstruire le pays, résoudre la crise du logement et de l’eau. Les radios locales devaient servir de relais pour ces opérations de communication. Les services de sécurité ont également préconisé l’ouverture de la télévision au débat public. Mais au plan local, certains responsables, notamment des walis, ont refusé d’appliquer ces instructions.
Dans le même temps, les services de sécurités se sont également bien préparés pour réprimer sans faire de victimes les manifestations et les marches contre le pouvoir. Ils ont profité des expériences tunisiennes et égyptiennes, mais aussi de leur propre expérience dans la lutte contre les mouvements de foule, notamment lors des émeutes meurtrières qui avaient endeuillé en 2001 la Kabylie.

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