«Le dollar civilise avec les canons». (Maxime Ndebeke. Gloire aux peuples en lutte)
Le western spaghetti, une formule sarcastique employée par les Américains pour designer l’origine italienne de leurs réalisateurs avant de devenir un genre. Du produit purement alimentaire, le western spaghetti s’était transformé, grâce aux talents de gens comme Sergio Leone, un art à part entière au même titre que les grands classiques américains. Ses titres accrocheurs, ses anti-héros mal habillés, suant et ramassant les poussières des chemins de l’Ouest étaient aux antipodes des héros américains qui défendaient la veuve et l’orphelin contre les bandits ou les méchants Indiens. Leurs caractères dessinés à gros traits forcés tendaient à la caricature tant ils paraissaient extravagants. C’était dans la forme et dans le fond la dérision du genre créé par Hollywood. C’est le 1er mars 1966 que sortait un modèle du genre qui allait lancer un acteur réalisateur de talent: Clint Eastwood. Pour une poignée de dollars raconte les efforts d’un aventurier qui arrive dans un coin perdu et qui va chercher à soutirer de l’argent à deux familles rivales. Le terme «dollars» sera alors largement repris par d’autres films de la même veine qui chercheront à exploiter le succès du film de Sergio Leone. Le talentueux réalisateur italien aura compris que malgré la devise pieuse inscrite sur le billet vert «In god we trust», toutes les motivations des américains, grands ou petits, gros ou maigres, de droite ou de gauche, sont liées à l’obtention du sésame qui ouvre toutes les portes. Ce n’est pas pour des prunes que la diplomatie s’exprime le plus souvent à l’aide de canonnières envoyées aux quatre coins du monde pour faire entendre raison à des régimes qui ne veulent pas participer à la pérennisation de la démocratie aux USA, pérennisation qui est assurée par un racket généralisé sous des formes multiples, des richesses du reste du monde. Sans remonter jusqu’au creusement du canal de Panama ou à la création de l’United Fruit, on peut se référer aux dernières guerres menées en Asie: la lutte contre le régime des taliban pourtant installés de concert par la CIA, les services secrets pakistanais et les pétrodollars arabes ou l’invasion de l’Irak qui sera suivie du meurtre du premier dictateur arabe déchu par l’Otan, peuvent donner une idée des dividendes amassés par la première puissance du monde. Les armes de destruction massive n’ayant pas été trouvées en Irak, Washington peut alors sortir les siennes: Facebook et Twitter pour éliminer, dans une opération qui ressemble à un jeu électronique, les derniers dictateurs qui bloquent les pipe-lines. Sans effusion de sang américain, bien sûr!
Selim M’SILI