Il compte rendre public prochainement un texte
« Il y a des moments de l’Histoire que l’on regrette d’avoir eu à vivre, les dérives sanglantes des années 90 et 2000 font partie de ces moments douloureux. Mais il y a des moments qui peuvent être formidables à vivre. Aujourd’hui, qui a commencé avec le Printemps de Tunis, fait partie de ces moments où les femmes et les hommes d’un pays sont appelés à donner le meilleur d’eux-mêmes ». C‘est ainsi que le président du Front des forces socialistes (FFS) entame sa lettre adressée au Conseil national du parti, ce vendredi 18 mars.
Dans son message à ses militants et aux Algériens, le leader charismatique du FFS évoque les révoltes démocratiques qui secouent le monde arabe. Pour lui, l’Algérie « ne fait pas exception ». Mais Hocine Aït Ahmed, qui compte prochainement rendre public un texte pour expliquer sa démarche, estime que « faire partie du mouvement de l’Histoire ne signifie pas copier mécaniquement ce qui se passe chez les voisins et notre histoire récente a montré les limites sanglantes des aventures que l’on engage la fleur au fusil et que l’on termine sur un champ de ruines ». Comprendre : le FFS ne partage pas l’option d’une révolte sanglante pour faire changer le régime.
Pour le président du FFS, si les Algériens ne sont pas soulevés d’une manière violente comme leurs voisins, ce n’est nullement à cause de la peur. « (…) je ne soulignerais jamais assez, que le génie populaire algérien, inspiré, non par la peur comme veulent le faire croire certains, mais par la sagesse l’éternel esprit de résistance, saura inventer les voies et moyens d’un changement pacifique. Ce fameux fighting spirit a illuminé le mouvement national et nous tient toujours debout ».
Hocine Aït Ahmed explique la démarche de son parti en faveur d’un changement pacifique en Algérie : « là où certains voudraient que l’on participe à leur œuvre de destruction de ce bien, l’Algérie, dont l’Histoire et les générations futures témoigneront combien nous avons œuvré à la préservation ». Le président du FFS compte faire fructifier « le respect » dont jouit son parti auprès des Algériens et de « nos partenaires étrangers » pour « en nous investissant dans la construction des institutions capables, à partir du parti, d’aller à la rencontre des algériennes et des algériens qui partagent nos valeurs de démocratie, de liberté et d’engagement citoyen. »
LE TEXTE INTEGRAL DU MESSAGE D'AÏT AHMED
Chers amis, chers camarades,
Il y a des moments de l’Histoire que l’on regrette d’avoir eu à vivre, les dérives sanglantes des années 90 et 2000 font partie de ces moments douloureux.
Mais il y a des moments qui peuvent être formidables à vivre. Aujourd’hui, qui a commencé avec le Printemps de Tunis, fait partie de ces moments où les femmes et les hommes d’un pays sont appelés à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Notre pays ne fait pas exception. Et comme je le souligne dans un texte que je compte rendre public dans les prochains jours, faire partie du mouvement de l’Histoire ne signifie pas copier mécaniquement ce qui se passe chez les voisins.
On ne peut faire l’Histoire en négligeant son histoire.
Et notre histoire récente a montré les limites sanglantes des aventures que l’on engage la fleur au fusil et que l’on termine sur un champ de ruines.
Ce moment est un moment important.
Important pour la construction d’une alternative démocratique à l’échec autoritaire.
A cet effet, je ne soulignerais jamais assez, que le génie populaire algérien, inspiré, non par la peur comme veulent le faire croire certains, mais par la sagesse l’éternel esprit de résistance, saura inventer les voies et moyens d’un changement pacifique.
Ce fameux fighting spirit a illuminé le mouvement national et nous tient toujours debout.
Les vieux sages de chez nous ont toujours enseigné qu’il faut savoir résister à l’ennemi étranger autant qu’à l’adversaire local. Mais ils nous ont également mis en garde contre nous-mêmes : nos passions et nos emballements irraisonnés.
L’homme d’honneur est un homme qui ne s’engage pas à la légère et qui n’engage pas les siens à la légère.
C’est au prix de la maitrise de soi que l’on peut parvenir à la maitrise de son destin.
Et pour ceux qui ne l’ont pas compris, il faut lire ce qu’en disent Imusnawen que sont Mohammed Arkoun et Mouloud Mammeri dans leurs analyses de deux composantes essentielles de notre culture : l’amazighité et l’Islam.
Il semble qu’il faille rappeler à certains qu’il n’ya pas que des bandits d’honneur dans notre culture, mais il y a aussi des hommes de culture d’honneur, des hommes de religion d’honneur et des hommes politiques d’honneur.
Et il y a bien sur, aussi, les autres.
Ce moment est important et comme tel il nous force à nous dépasser.
Nous devons être capables de donner le meilleur de nous-mêmes, non dans des actes faussement héroïques et spectaculaires, mais dans la discipline que nous saurons nous imposer. Une discipline qui nous forcera à nous dépasser quotidiennement pour construire, construire, construire…
Là où certains voudraient que l’on participe à leur œuvre de destruction de ce bien, l’Algérie, dont l’Histoire et les générations futures témoigneront combien nous avons œuvré à la préservation.
Mais revenons à ce moment précis dont il est important de prendre la juste mesure.
Nous avons tous pu mesurer le respect que nos compatriotes autant que nos partenaires étrangers portent à notre parti.
Ce respect, nous avons le devoir de le faire fructifier en nous investissant dans la construction des institutions capables, à partir du parti, d’aller à la rencontre des Algériennes et des Algériens qui partagent nos valeurs de démocratie, de liberté et d’engagement citoyen.
J’ai à cet effet, et après discussion avec la direction du parti, chargé cette dernière de prendre un certain nombre de mesures allant dans le sens de la mise en place des outils qui ont pour double mission d’accélérer le processus d’ouverture sur la société et d’amorcer le processus d’évaluation.
Nous avons déterminé quatre chantiers à ouvrir en priorité :
Les jeunes, les travailleurs, les femmes ainsi qu’une feuille de route d’étape de restructuration du parti.
J’attends de tous les militants et d’abord des membres du conseil national de se concentrer sur l’essentiel. C’est ce qui doit nous réunir aujourd’hui.
Je souhaite plein succès à vos travaux.