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"Ces logements avaient été construits avec l'accord du président de l'APC"

 

Climat de France : nouvelle chronique de la misère du logement

 

REPORTAGE— Les violences sont retombées à la cité Climat de France mais l'ambiance reste lourde ce jeudi matin. Les jeunes du quartier regardent les bulldozers emmener ce qui reste des habitations illicites qui ont été détruites. Une quinzaine de ces logements de fortune auraient ainsi été rasés hier, selon les habitants de la cité. Aujourd'hui, on ne voit plus que de la tôle ondulée (de ce qui devait être des toits) joncher le sol et les blocs de ciment qui constituaient les murs éparpillés en mille morceaux un peu partout. 

Parmi les habitants de la cité c'est l'incompréhension. « Ces logements avaient été construits avec l'accord du président de l'APC il y a un mois et demi. Il nous a dit qu'on pouvait les terminer mais pas en construire de nouveaux et qu'il n'y aurait pas de problème », raconte Faycal, un père de famille de 52 ans qui vivait dans un de ces logements. D'autres habitants du quartier nous confirment cet accord oral avec le P/APC. D'où leur surprise quand ils ont vu les policiers arriver hier matin. « Ils sont arrivés vers 5 h 45 du matin. Ils ont voulu nous sortir de force. Ils nous ont insultés devant nos familles. Pourquoi ? », s'emporte‑t‑il. Et il raconte que lui et sa famille ont fait une demande pour un logement en 1985 et qu'ils n'ont jamais eu de réponse. « Dans l'appartement (situé dans un des bâtiments de la cité, ndlr) on devait se relayer pour dormir sur les escaliers, dans le couloir, parce qu'il n'y avait pas assez de place », explique Fayçal et c'est pour cela qu'en désespoir de cause il a construit cette habitation en bas de l'immeuble.
 
Hier matin, il a voulu résister aux forces de l'ordre. Résultat: une grosse balafre sur le crâne. D'autres personnes ont ainsi été blessées dans les violences entre les jeunes et la police. Fatima montre un énorme bleu sur son avant‑bras. La trace d'une balle en caoutchouc qui l'a atteinte alors qu'elle était dans son appartement du 1er étage. Elle aussi vit avec 17 autres membres de sa famille dans la cité Climat de France. Deux de ses frères, âgés de plus de 40 ans ne sont toujours pas mariés à cause du problème de logement, ajouté à celui du chômage qui ravage la cité.
 
En bas des immeubles, les jeunes et les policiers, plus en très grand nombre mais sur le qui‑vive, se toisent. Parfois quelques pierres jaillissent de derrière les maigres barricades que les habitants ont dressées au travers du chemin. Les forces de l'ordre reculent mais ne répondent pas. La moindre étincelle pourrait rallumer les violences.

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