LIBYE
Reporters sans frontières apprend qu’une journaliste tunisienne est portée disparue. L’envoyée spéciale en Libye pour le journal Le Quotidien, Fatma Ben Dhaou, n’a pas donné de nouvelles depuis le 18 mars, alors qu’elle se rendait à Tobrouk en compagnie d’une autre journaliste tunisienne.
Les quatre journalistes d’Al-Jazeera - deux correspondants et deux cameramen - arrêtés à Zenten, près de la frontière tunisienne, sont toujours détenus par les forces pro-Kadhafi à Tripoli.
Les trois journalistes arrêtés le 19 mars près d’Ajdabiya ont quant à eux été libérés dans la nuit de mardi 22 au mercredi 23 à Tripoli : Dave Clark, Roberto Schmidt, tous deux de l’AFP, et Joe Raedle, de l’agence Getty Images, sont arrivés en Tunisie ce 23 mars à la mi-journée.
Bilan actuel :
2 tués
7 disparus (1 Tunisienne et 6 Libyens)
4 arrêtés
YEMEN
Reporters sans frontières a appris le décès du journaliste, Mohamed Yahia Al-Malayia, correspondant du journal Al-Salam, des suites de ses blessures. Il avait été touché par le tir d’un sniper lors de la brutale répression d’une manifestation, le 18 mars 2011, place du Changement à Sanaa, qui a fait plus de 126 blessés et 52 morts, parmi lesquels le photographe pour le quotidien indépendant Al-Masdar Jamal Al-Sharabi, et plus de 126 blessés. Ceci porte à deux le nombre de journalistes yéménites tués depuis le début des manifestations qui agitent le pays.
Mohamed Yahia Al-Malayia est le fils du porte-parole de la Congrégation yéménite pour la réforme (Al-Islah) dans la province de ‘Amran (nord de Sanaa), dont Al-Salam est le journal.
Nos condoléances vont aux familles de ces deux journalistes qui ont payé de leur vie leur volonté d’informer. Ces exactions sont inacceptables.
Le 22 mars à l’aube, les bureaux d’Al-Jazeera au Yémen ont été attaqués par une vingtaine d’hommes armés, qui ont pillé le matériel de retransmission. La chaîne déclare ignorer l’identité des responsables de ce raid, mais mentionne que les policiers en uniforme à proximité des bureaux ne sont pas intervenus, alors que des hommes armés, aux visages masqués par des foulards, étaient positionnés sur le toit du bâtiment de la chaîne jusqu’à la mi-journée.
Ceci fait suite à l’expulsion du pays de deux correspondants d’Al-Jazeera, le 19 mars, au prétexte que les intéressés, Ahmed Zidan et Abdulhaq Saddah, “travaillaient illégalement au Yémen”, “incitaient à la violence”. Reporters sans frontières rappelle que le 11 mars 2011, les autorités yéménites avaient saisi les appareils de transmission de la chaîne ainsi que ceux d’Al-Arabiya, accusées de manquer de neutralité dans la couverture du mouvement de protestation dans le sud du pays (lire le communiqué du 21/03/2011 : http://fr.rsf.org/maghreb-et-moyen-orient-2-tues-3-disparitions-7-21-03-2011,39836.html)
Bilan actuel :
2 tués
8 expulsés
SYRIE
Depuis la mi-mars, les autorités syriennes répriment fermement les journalistes et les médias qui couvrent les manifestations anti-gouvernementales organisées dans différentes villes du pays, notamment celles de Deraa (100km au sud de Damas, près de la frontière jordanienne).
Selon l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme, Louay Hussein, journaliste, écrivain et militant a été arrêté par les autorités syriennes le 22 mars après l’assaut de sa maison dans le quartier Sahnaya à Damas. Prisonnier politique entre 1984 et 1991, Louay Hussein avait récemment lancé un appel sur Internet en solidarité avec les manifestants dans la ville de Deraa, suite à la répression des manifestations, le week-end dernier, qui a fait de nombreuses victimes.
En outre, les employés de la chaîne satellitaire privée Orient TV, qui émet depuis les Emirats arabes unis, ont fait l’objet de menaces de la part de hauts responsables de sécurité syriens. Ceci fait suite à la couverture par la chaîne des manifestations anti-gouvernementales à Deraa et dans d’autres villes. La chaîne a également réalisé des interviews de figures de l’opposition. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, trois employés auraient démissionné suite à ces appels téléphoniques de menace. Suite aux pressions, la direction de la chaîne a annoncé ne plus couvrir les événements en Syrie.
BANDE DE GAZA
Reporters sans frontières condamne les exactions commises par les forces de sécurité du gouvernement du Hamas à l’encontre de journalistes, le samedi 19 mars, alors qu’ils couvraient une manifestation dans la ville de Gaza. Le rassemblement de jeunes était organisé, appelant à la réconciliation entre le Hamas et le Fatah.
Le cameraman d’Associated Press, Khaled Mohammed Al-Ashqar, a été frappé et brièvement interpellé, ainsi que son chauffeur. Les bureaux de l’agence Reuters ont ensuite été saccagés par les forces de sécurité, à la recherche de la vidéo montrant l’agression du journaliste d’AP. Du matériel technique a été vandalisé, et les employés menacés et agressés. Un des employés s’est même vu menacé d’être défenestré, un autre a eu la main cassé.
D’après le communiqué publié par le Palestinian Center for Human Rights, le 20 mars dernier, cinq agents des forces de sécurité, en civil, ont débarqué dans les bureaux de la chaîne France Télévision et la station de radio Al-Manar, situés au 11e étage de l’immeuble Bank of Palestine (Rimal, ouest de la ville de Gaza). Quatre individus ont également pénétré dans les bureaux de la chaîne japonaise NHK, situé au même étage. Un raid similaire a visé les bureaux de la chaîne américaine CNN, ceux de la Mayadeen Company.
La journaliste freelance Manal Hassan Al-Nawajha a été prise à partie par un agent des forces de l’ordre, alors qu’elle couvrait l’évacuation forcée, par ces mêmes forces de l’ordre, de la place du Soldat inconnu. Son appareil photo a été confisqué. La journaliste a été interpellée pendant plus de deux heures par la police.
Certes, le gouvernement du Hamas a présenté ses excuses. Mais de telles exactions sont inacceptables. Reporters sans frontières exhorte les autorités contrôlant la bande de Gaza d’ouvrir une enquête et de sanctionner les responsables. Des instructions claires et précises doivent être données aux forces de sécurité afin qu’un tel déploiement de violence ne se réitère, et que les journalistes puissent travailler librement.
Le journaliste Ahmed Al-Baghdadi, qui travaille pour la chaîne de télévision de l’Autorité palestinienne Palestine, a été arrêté le 20 mars 2011 à Gaza par les forces de sécurité dans la bande de Gaza. Il a été libéré le 22 mars dans la soirée.
Il témoigne : “On était tout un groupe d’amis rassemblés chez le journaliste Alaa Al-Tahrawi quand des agents de la sécurité intérieure ont pris d’assaut la maison. Ils nous ont embarqués moi, Alaa Al-Tahrawi et trois autres personnes. Direction, le siège de la sécurité intérieure à Deir Al-Balah. Nous ont pris nos cartes d’identité, ont confisqué nos téléphones portables et autres documents personnels. Ensuite, ils nous ont interrogés, nous accusant de nous réunir pour organiser les marches. Quand je leur ai dit que j’étais journaliste, ils se sont moqués de moi, disant qu’ils ne nous reconnaissaient pas comme journalistes. Ils m’ont demandé si j’avais participé à la marche du 15 mars dernier. J’ai répondu positivement en ajoutant que de nombreux journalistes du Hamas y avaient également participé. Je leur ai demandé s’ils avaient également arrêtés ces journalistes pour les interroger. Ils m’ont gardé 48 heures, les yeux bandés, m’insultant et me frappant.”
BAHREIN
L’Agence de régulation des Télécommunications (ART) du Bahreïn a annoncé le 22 mars avoir retiré sa licence à 2 Connect, compagnie de télécommunications et fournisseur d’accès à Internet, créée et gérée par Ibrahim Sharif, leader du parti d’opposition Waad, arrêté la semaine dernière. Les autorités n’ont pas donné de raisons à cette décision, qui devrait être effective à compter du 27 mars prochain. Les clients de 2 Connect ont jusqu’à cette date pour changer de fournisseur d’accès, a indiqué l’ART.
En outre, un message posté sur le blog de la journaliste Lamees Dhaif mentionne être sans nouvelles d’elle depuis le 15 mars dernier (http://www.lamees.org/articles1/p2_articleid/374).
KOWEIT
D’après le rédacteur du quotidien chiite Al-Dar, Abdel Hossein Al-Sultan, le ministre de l’Information, Rudhan Al-Rudhan, aurait porté plainte contre le journal, pour avoir utilisé le terme d’ “invasion” pour qualifier le déploiement des troupes saoudiennes au Bahreïn. Le journal avait titré en Une “Invasion saoudienne”, condamnant l’entrée de soldats saoudiens, le 14 mars dernier, sur demande des autorités bahreïnies pour contenir le mouvement de contestation. Abdel Hossein Al-Sultan déclare avoir reçu des instructions afin que le journal cesse de publier toute information qui pourrait, à terme, nuire aux relations entre les différents pays du Golfe.
EGYPTE
Un journaliste d’Al-Jazeera a été arrêté par l’armée, le 22 mars 2011, alors qu’il couvrait une manifestation organisée devant le bâtiment de la télévision nationale égyptienne. Les manifestants exigeaient une refonte des programmes de la chaîne après la chute d’Hosni Moubarak.