Vingt militaires ont été tués vendredi soir dans la région de Yakouren et dimanche matin dans la région de Lakhdaria. C’est beaucoup, c’est grave. Visiblement, l’AQMI (Qaida au Maghreb islamique) semble avoir choisi le jour du lancement de « Tlemcen, capitale de la culture islamique » pour lancer ses attaques, dans le but de se rappeler au bon souvenir de ceux qui prônent le « pardon » aux islamistes radicaux. Plus grave encore, le fait qu’on ne rend même pas un hommage public à ces jeunes soldats tués par les islamistes comme cela se fait dans les pays civilisés, est scandaleux !
A Tlemcen où le chef de l’Etat a prononcé un discours, a-t-on au moins observé une minute de silence à la mémoire de ces jeunes soldats ? J’en doute. A-t-on entendu nos imams dénoncer ces actes, eux qui se sont mobilisés comme un seul homme le vendredi 11 février pour inciter les fidèles à ne pas prendre part aux manifestations auxquelles avait appelé la CNDC (coordination nationale pour la démocratie et le changement). Entre parenthèses, je conseille vivement pour ceux qui lisent l’arabe l’excellent article du journal Al Khabar du samedi 12 février rapportant la teneur des prêches dans les mosquées du pays stigmatisant l’appel à manifester le 12 février ! Qui plus est, l’ENTV dans ses éditions de samedi et dimanche n’a pas soufflé mot sur ces attaques terroristes. Ce sera donc l’AQMI – c’est dans ses habitudes – qui va certainement balancer sur la toile une vidéo sur ses exploits guerriers !
Une chose est sûre, ces attaques sont un cinglant démenti au discours officiel affirmant que la paix est revenue grâce à la politique de Concorde civile. Qui plus est, continuer de minimiser le danger islamiste ne sert pas cette paix civile que chacun souhaite. Bien au contraire, cela ne fera qu’encourager les djihadistes à poursuivre leurs actions. D’autres militaires vont sans doute tomber. Pour la plupart des jeunes, dont certains exerçant dans le cadre du service national, qui seront sans doute inhumés dans un total anonymat. Ou qui, à l’instar de ces militaires, handicapés à vie, ont du sortir dans la rue pour demander une revalorisation de leurs pensions et surtout qu’on ne les oublie pas. Car, malheureusement, rien n’est pire que la culture de l’oubli. Cela s’est vu quand des Gardes communaux - plus de 4000 d’entre eux ont été tués - ont du occuper durant une semaine la place des Martyrs pour se faire entendre. Il en est de même des « patriotes » que certains médias qualifient de « milices » que le pouvoir a désarmé en partie, les livrant à la vengeance des islamistes radicaux ! Pour toutes ces raisons, il nous est interdit de nous taire.
L’AQMI n’est pas fini. C’est une réalité. Elle ne baissera les armes que le jour où elle sera convaincue que l’Algérie s’achemine vers l’Etat islamique. Elle sait que ce ne sera pas par la voix des armes. Mais en multipliant ses attaques, son message est clair : les concessions faites par le pouvoir aux islamistes ( diffusion de la prière cinq fois par jour sur les médias, fermeture des bars et restaurants servant de l’alcool ( plus de mille ont été fermés), chasse aux non jeûneurs durant le ramadan, chasse aussi aux chrétiens algériens et poursuites judiciaires à leur endroit, en bref que l’islamisation de la société algérienne encouragée par des fractions du pouvoir, qui sont à ses yeux insuffisants, doit se poursuivre avec plus de résolution.
C’est cela son message. Ses attaques ne sont pas simplement « un coup médiatique » comme l’a qualifié le ministre de l’intérieur, seul officiel à s’être exprimé sur ces attaques, mais s’inscrivent dans une politique bien définie qu’il ne sert à rien d’ignorer !
H.Z
source le matin dz