Les praticiens spécialistes et généralistes ont répondu à l’appel de leurs syndicats respectifs. Ils ont entamé, hier, une grève illimitée. Pas d’apaisement en vue. Le SNPSP et le SNPSSP jugent «scandaleux» les propos du ministre de la Santé. Dans certaines wilayas, le taux de suivi de la grève était de 80% hier.
Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Les pressions exercées sur les praticiens depuis le dépôt du préavis de grève n’ont visiblement pas dissuadé les médecins. Ils étaient nombreux, hier, à ne pas assurer le service en réponse à l’appel lancé par le Syndicat national des praticiens de la santé publique et du Syndicat national des praticiens spécialistes de la Santé publique (SNPSSP). Une adhésion en dépit des menaces proférées la veille par le ministre de tutelle. Sur le terrain, une note a été adressée aux responsables des secteurs de la santé leur demandant une liste nominative des médecins grévistes et un listing détaillé des interventions chirurgicales reportées. A la veille de la grève, le ministre de la Santé a occupé l’espace médiatique, multipliant les déclarations. S’ils espéraient un apaisement, c’est tout le contraire que ses propos ont provoqué. Les deux syndicats ne décolèrent pas. Le docteur Merabet, président du SNPSP, expliquait, hier, au premier jour de la grève, que «toute la pression mise sur les syndicats ne nous a pas dévié de l’essentiel. Nous sommes encore dans une situation de statu quo. Les propos du ministre de la Santé sont un véritable appel au lynchage du praticien». Revenant sur les propos tenus par Ould Abbès, le Dr Merabet déplore que «le ministre de la Santé transpose un problème purement socio professionnel sur un terrain politique. C’est indigne». Le numéro un du SNPSP défie le ministre de la Santé d’apporter la preuve de ce qu’il avance. «S’il a une seule preuve que nous sommes dans une démarche politique, qu’il le démontre. En vingt ans d’existence, nous avons démontré que nous sommes respectueux des lois régissant l’activité syndicale. Que Ould Abbès saisisse la justice s’il a des preuves», dit-il, estimant que le ministre de la tutelle continue de faire de la propagande, démentant avoir reçu une invitation officielle à une quelconque rencontre au ministère de la Santé. L’indignation est la même du côté du SNPSSP. Son président, le Dr Yousfi, estime que «les déclarations du ministre de la Santé sont scandaleuses. Il parle de politique et d’intérêts. C’est une insulte pour les praticiens. S’il pense que défendre la dignité du praticien, le malade et le système de santé, c’est de la politique, eh bien, nous en faisons ». Commentant les déclarations de Ould Abbès, le Dr Yousfi considère que «sa prestation est un non-événement. Nous avons une plate-forme de six points dont aucun n’a été pris en charge. J’avertis le ministère de la Santé, surtout qu’il ne sorte pas un régime indemnitaire avant le statut, cela serait grave. Nous sommes dans la légalité et nous le resterons». Dans le cadre de l’Intersyndical, une réunion a regroupé hier les deux syndicats en vue d’arrêter les actions à venir.
N. I.