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Paradoxes


Les révoltes arabes représentent un formidable appel d’air à destination des ONG de toutes sortes, notamment celles de défense des droits de l’homme, dans la mesure où les dirigeants de certains pays du Moyen-Orient n’ont pas de position personnelle sur la question lorsqu’ils ne sont pas franchement liberticides. La célébration du cinquantenaire de la fondation d’Amnesty International, officiellement née le 28 mai 1961, par la publication, dans le journal britannique The Observer, d’une tribune dans laquelle Peter Benenson appelait l’opinion mondiale à se mobiliser pour obtenir la libération des personnes emprisonnées et torturées pour leurs idées, est l’occasion rêvée pour les défenseurs des droits de l’homme de donner un nouveau souffle à leur combat. Le tableau noir des droits de l’homme est-il peint d’une autre couleur en Algérie? Des avocats sont invités à la présidence de la République pour dire ce qu’ils en pensent. Maître Brahimi et Maître Boudiaf ont été reçus hier par Abdelkader Bensalah. Avant eux, c’était à Maître Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection des droits de l’homme (Cncppdh) de réclamer une plus grande protection pour la démocratie en allant jusqu’à proposer d’en attribuer le rôle à l’armée pour ne pas trahir l’exemple turc. L’idée de Farouk Ksentini est un bon moyen de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui, il est vrai peu nombreux, ne cessent d’appeler au putsch. L’Etat commence à répondre aux doléances des forces politiques qui ont réclamé davantage de libertés: la récente levée de l’état d’urgence est censée s’inscrire dans cet esprit. Cela demeure insuffisant aux yeux de nombreux acteurs. Les sceptiques n’attendent rien du train de réformes lancé par le président de la République. Ce train vient de quitter la gare et il n’arrivera à destination qu’à la fin de 2012, voire en 2013, lorsque la Constitution sera révisée. A ce moment-là, il serait opportun de juger si le projet a enfanté le plus revendiqué ou s’est dirigé vers l’impasse. Espérons, toutefois, que la seconde éventualité ne soit pas de la partie. Des reculs, il y en a eu tellement qu’il n’est nul besoin d’en rajouter. Exemple: les jugements rendus dans les années 1960 sont meilleurs que ceux rendus actuellement, selon Maître Farouk Ksentini. S’il est plus ou moins aisé de voir des langues se délier sur la question des droits de l’homme en Algérie, il en est tout autrement lorsqu’il s’agit d’aborder la situation dans les pays limitrophes. Certains se posent la question de savoir pourquoi il faut en parler. «Il n’y a pas de conflit qui n’ait de répercussions sur les voisins», a affirmé Lakhdar Brahimi, lors de sa dernière apparition publique à l’Entv. Le diplomate a pris soin d’opérer un distinguo avec l’ingérence dans les affaires intérieures des pays souverains. Or, voilà justement la difficulté qui empêche nos politiques de s’avancer sur ce terrain. Même Ahmed Ouyahia l’a rappelé, toujours sur le plateau de télévision. Avec le risque de voir des puissances étrangères s’installer à nos frontières. Tout l’art de la diplomatie consiste à naviguer dans un contexte de paradoxes dont l’issue reste toutefois, incertaine.

Ahmed MESBAH

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