Sonia Lyes
Le président du RCD, Saïd Sadi, pense que le régime algérien, représenté « par le président de la République et le patron des services de renseignements » n’a aucune volonté de changement. « Bouteflika et Toufik sont absorbés par la sauvegarde du régime qu’ils en oublient la sauvegarde de l’espace national », a déclaré M. Sadi vendredi 3 juin à l’ouverture de la session du conseil national du parti. « Ils sont usés, divisés et ont peur, ce qui rend toute lisibilité politique impossible (….). Le pouvoir est totalement déconstruit, le système est incapable de générer une offre politique sur laquelle on peut se positionner », a‑t‑il ajouté.
Il rappelle que plusieurs partis, dont le sien, ont tenté de faire évoluer le régime de l’intérieur, mais sans succès. « Tous les partis ont tenté d’élargir des espaces dans le système, tous ont tiré la conclusion, y compris nous, qu’il est impossible d’amender les choses de l’intérieur ». Preuve du souci du régime de se maintenir, selon lui, la somme d’argent dépensée depuis les événements de janvier qui seraient « une opération montée par le pouvoir », le vote de certaines lois, comme le code communal qui « vont dans le sens de la fermeture » et l’exclusion, par exemple, des syndicats lors de la récente tripartite. « Depuis janvier, le pouvoir a dépensé 30 milliards de dollars pour éteindre les foyers de tension alors qu’à l’époque de Zeroual, l’Algérie roulait avec 9 milliards de dollars par an », a affirmé Sadi.
Mais cette démarche est porteuse de périls pour la Nation car le changement est inéluctable, estime‑t‑il. « Le retour de manivelle sera dévastateur (…) si on perd encore un peu plus de temps, la Nation va éclater (…) Il faut être naïf pour croire que ce mouvement de révoltes (arabes, ndlr) aussi massif allait s’arrêter à nos frontières », prévient‑il. Comme pour justifier l’absence « d’effet domino » sur l’Algérie, Sadi évoque deux raisons principales : des segments entiers de la société ont été « clientélisés » et la deuxième raison, c’est la nature de l’armée, « inculte et violente ». « L’Algérie devrait être comparée à la Libye et à la Syrie et non pas à la Tunisie ou à l’Égypte », soutient‑il.
Face à cette conjoncture politique « déterminante », marquée par « un climat pré‑insurrectionnel », Sadi estime, « qu’il faut sortir du combat académique ». « Il faut une mise à niveau des formes de lutte ». Mais il n a pas détaillé ces formes. « Le changement ne viendra pas des élites, mais de la jeunesse », a‑t‑il conclu. Par ailleurs, il a estimé que « c’est la première fois que les puissances occidentales ont compris qu’il ne s’agit plus de composer avec les pouvoirs mais d’enregistrer les aspirations des peuples ». « Le choix de l’ONU, de l’UE et du G8 de soutenir les révolutions des peuples, c’est pour éviter que la chute des despotes ne soient remplacée par des dictatures théocratiques », a‑t‑il dit.