L’Algérie travaille. En quelques semaines, elle a organisé quatre événements, l’un à la suite de l’autre dans une débauche d’énergie sans précédent. Une foire, une rencontre avec les partis et les personnalités, un baccalauréat et maintenant une rencontre avec la société civile, sous l’égide du CNES. Si ces quatre événements sont nationaux, ils sont organisés par le régime et il faut bien admettre qu’il n’est pas réellement compétent, pour aucun des quatre. D’abord, la Foire internationale, où la production nationale est tellement insignifiante que cela fait sourire un économiste : «La seule compétition au monde où le pays organisateur n’est pas qualifié.» Ensuite la commission Bensalah, non qualifiée aussi puisque c’est sous ce même Bensalah, numéro deux de l’Etat, que des fraudes électorales, des atteintes aux droits de l’homme et des abus divers sont régulièrement commis. Viennent le baccalauréat, à propos duquel il faut encore rappeler que très peu en possèdent un dans les hautes sphères de l’Etat, et la rencontre du CNES, qui ne fait pas encore la différence entre société civile et société servile. Malgré une apparence de désorganisation, l’Algérie est bien organisée, du moins son Etat.
Sauf qu’elle ne sait toujours pas quoi mettre dans ses organisations, coquilles vides d’escargots morts. L’Algérie sait organiser des rencontres, mais ne sait pas se rencontrer. Elle sait faire des élections, mais ne comprend pas encore qu’il faut compter les voix des électeurs et pas celles des élus. Elle sait monter des télévisions et des radios, mais ne sait toujours pas quoi dire avec. Elle sait organiser la répartition de 200 000 policiers en Algérie, mais ne sait toujours pas comment assurer la sécurité des citoyens. Et depuis la partition du Soudan au début de l’année, l’Algérie est aujourd’hui le plus grand pays d’Afrique. Mais elle ne sait toujours pas quoi mettre dedans.