Les résidents ne renoncent pas
Les médecins résidents ne reculent toujours pas. Hier encore, ils ont observé un sit-in suivi d’une marche à l’intérieur du CHU Mustapha d’Alger, juste pour dire, souligne le Dr Omar Mohamed-Sahnoun, l’un des délégués du Collectif autonome des médecins résidents, que «nous sommes présents et nous irons jusqu’au bout pour changer le système national de santé».
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Le représentant des résidents, dont le mouvement dure depuis 80 jours, a dénoncé les pressions que subissent ses pairs à cause de leur détermination, comme les «ponctions anarchiques». De même qu’il s’est indigné du fait de leur interdire mardi de donner du sang à l’occasion de la Journée mondiale du don de sang. «Comme si nous étions des pestiférés ou que nous portons un virus. Si c’est vrai, nous leur dirons que le virus que nous portons s’appelle détermination et nous ne baisserons jamais les bras», assène- t-il. Et de préciser : «Au début, ils nous ont signifié qu’ils ont reçu des instructions, on ne sait d’où exactement, de ne pas prélever du sang aux résidents. Mais aujourd’hui, vers 11 h, et sous la pression, puisque nous étions nombreux, ils ont cédé et 70 parmi nous ont donné de leur sang. Notre but n’est pas de médiatiser cette action humanitaire mais nous estimons que durant l’été et le Ramadhan, les besoins en sang augmentent et qu’il faudrait réalimenter la banque de sang. Ainsi, nous avons décidé d’étaler cette action sur 15 jours.» Revenons au sujet de la grève, il a rappelé que ces sit-in, puisque trois sit-in régionaux ont été tenus en même temps, à Constantine, Tlemcen et Alger, ont été décidés lors des assemblées générales tenues après la marche du 1er juin jusqu’à l’APN où des délégués des résidents ont été reçus par Abdelaziz Ziari, président de l’Assemblée. Lors de cette réunion, Ziari leur promis l’installation d’un audit pour étudier la question du service civil, point de discorde entre les résidents et la tutelle. «Nous aurions pu tout avoir si nous avons abdiqué par rapport à cette question de service civil», affirme-t-on. Or c’est «le bien-être du malade qui nous pousse à aller de l’avant. Nous refusons que le service civil, solution provisoire qui s’est installée dans la durée, persiste, et que les gens du Sud et des autres contrées reculées du pays se soignent dans les conditions pitoyables qui prévalent là-bas». En fait, avance le Dr Mohamed- Sahnoun, «nous nous battons contre la médiocrité du système de santé, qui doit changer». Les résidents d’Alger, Blida et de Tizi Ouzou, qui se sont rassemblés dès 9 h à l’intérieur du CHU Mustapha, estiment que les mesures pédagogiques prises par la tutelle sont «exceptionnelles». Elles répondent à une situation «exceptionnelle» et ne rassurent guère ni sur leur avenir ni sur l’amélioration du système de santé. A ce propos, ils sont unanimes : «Ce sont eux qui ont peur de l’année blanche, pas nous.» D’ailleurs, insiste le Dr Mohamed-Sahnoun, beaucoup de décisions de la conférence des doyens des facultés de médecine n’ont pas été appliquées. «Qu’ils rattrapent les trois mois de retard que nous avons perdus à cause de la grève et organisent les examens en septembre. Au lieu de cela, ils essayent de diviser nos rangs et déstabiliser notre collectif en annonçant l’établissement de listes des résidents voulant passer les examens. Mais nous, nous n’abdiquerons jamais», ajoute-t-il. Idem pour les engagements de Ziari dont l’audit n’a pas été installé jusqu’ici, tout comme notre statut, contrairement aux annonces du ministre de la Santé, qui situe la bloquage au niveau de la Fonction publique. Néanmoins, un important dispositif de police a été installé tout autour du CHU Mustapha pour empêcher les résidents de sortir. Même s’ils n’avaient nullement l’intention de sortir. Tout au long du sit-in et de la marche, ils scandaient «Nous ne voulons que dignité, dignité pour les résidents», avant de se disperser vers 14 h.
L. H.