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Les dessous d’un statut



El Watan, 26 juin 2011

Pendant des années, l’opinion publique nationale a ignoré quel était le vrai statut des anciens chefs terroristes, Hassan Hattab et Abderrazak El Para. Le premier s’est rendu, tandis que le deuxième a été capturé. On aurait pu, peut-être, comprendre, que les autorités du pays prenaient le temps qu’il fallait pour les besoins de l’enquête, mais cela n’aurait pas duré tout de même autant d’années. Quelques jours ou quelques mois, tout au plus, auraient suffi pour laisser la justice ensuite faire son travail. Mais il existe des logiques inexplicables. On aura attendu longtemps pour que la situation de ces terroristes un peu spéciaux se clarifie un tant soit peu. Beaucoup de zones d’ombre persistent et maintiennent un flou pesant sur une affaire de première importance et sur des personnes entièrement impliquées dans le terrorisme !

Si cela s’explique qu’El Para, qui a longtemps sévi dans les rangs de la sanguinaire organisation terroriste, le Groupe islamique armé (GIA), avant de s’installer dans le sud du pays où il a également semé la terreur, soit mis sous mandat de dépôt, il est difficile de comprendre, par contre, le statut du fondateur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) Hassan Hattab qui, lui, a bénéficié du régime de la résidence surveillée. Nul n’est en mesure d’expliquer, aujourd’hui, le traitement assez singulier réservé à ce dernier. Un jour, lorsqu’on aura dénoué l’écheveau de cette affaire, on comprendra peut-être comment fonctionnent la République algérienne et sa justice. Le comble est qu’à chacun des procès dans lesquels ils étaient cités, ils étaient absents, hors de portée du juge. Donc, entre les mains «des autorités».

Quoi qu’il en soit, la justice est traînée dans la boue, et la notion de droit tout simplement piétinée. Pourquoi avoir fait l’impasse sur cette institution censée crédibiliser toute l’action de l’Etat. Qu’est-ce qui a empêché de les présenter devant le juge ? Ne sont-ils pas justiciables ? A-t-on eu peur du jugement de Hassan Hattab dans un contexte de réconciliation menée au pas de charge ou l’on doit passer l’éponge sur les pires crimes qu’aura connus le pays depuis l’indépendance ?

Des questions auxquelles les Algériens n’ont pas encore trouvé de réponses. Ce qui est sûr, – et c’est l’une des explications que l’on peut avancer –, c’est que les promoteurs de la réconciliation nationale ne veulent pas assumer publiquement et politiquement l’absolution d’un ancien chef terroriste dont les méfaits ne seraient pas exonérés par une loi élaborée par leurs propres soins. Car si justice était rendue, la place de l’ancien chef du GSPC ne serait pas celle où il est aujourd’hui. Un procès Hattab aura certainement révélé l’ampleur des dessous, pour rester dans le jargon officiel, de «la tragédie nationale».

Said Rabia

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