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Fiction(s)

Les dernières grèves d’Air Algérie ou des médecins résidents, qui ont cloué des milliers de passagers au sol pour les premiers des milliers de malades pour les seconds, peuvent paraître non éthiques. Ce n’est pas le cas. Les salaires, de manière générale, sont très bas en Algérie et l’inflation a tué tous les rêves et les pouvoirs d’achat. Les experts gouvernementaux ont évidemment raison ; augmenter les salaires créera de l’inflation. Sauf que la contradiction est là : puisque le régime a choisi le libéralisme, pourquoi continuer à donner des salaires soviétiques ?

Un serveur touche 8000 DA quand un appartement en coûte 10 000 à la location. Une femme de ménage à Sonatrach touche 30 000 DA quand un médecin débutant touche 35 000 DA. Il y a donc un problème d’adéquation et de relèvement général des salaires. Oui mais, comme dirait Ouyahia, où trouver cet
argent ? Dans les centaines d’entreprises publiques, Air Algérie ou les banques étatiques, où ils sont des milliers à percevoir des salaires sans contrepartie avec comme seul CV d’être fils de général ou ami de la famille du PDG. Supprimer ces postes qui ne rapportent rien pourrait économiser à l’Etat quelques milliards de dollars par an qu’il pourra donner en salaires décents, tout en amortissant les effets de l’inflation.

Est-ce possible ? Difficile tant que l’emploi fictif, droit inaliénable à la rente et cadeau de famille, reste ce droit irréel à vivre au-delà de ses propres compétences, droit accepté dans la société puisque la vie sur Terre n’est qu’une fiction et que la vraie vie, bien réelle, nous attend après la mort, au paradis sans loyer. Mais surtout, un fils de général ou un frère d’importateur licencié ne fait pas de grève et ne paralyse pas un hôpital ou un aéroport. Il fait un coup d’Etat, ce qui est autre chose dans l’échelle de la nuisance. Finalement oui, il y a une vie avant la mort.

Chawki Amari

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