comme partout , au suivant ,c'est mondiale!!
Le triplement des effectifs policiers décidé par le premier ministre David Cameron, n’y ont rien changé. Ces troubles urbaines que les médias du Royaume uni appellent « les émeutes shopping » ont débordé de Londres. Pour la quatrième nuit consécutive, plusieurs villes du Royaume-Uni ont été le théâtre d'émeutes d'une extrême violence.
Si Londres, où de violents incidents ont eu lieu en début de semaine, est bouclée par un impressionnant dispositif policier, des violences ont éclaté dans le centre et le nord du pays. Elles ont fait tache d’huile au grand désespoir des policiers qui n’arrivent pas à faire face à une propagation aussi rapide. En exemple, ce sont principalement Manchester, qui avait pour le moment été épargnée, et Birmingham qui ont été touchées. Ainsi à Birmingham (centre), trois personnes ont été écrasées par une voiture dans la nuit de mardi à mercredi.
A Manchester, la ville le plus touchée
Le même scénario semble se répéter partout. "Nous avons été attaqués plusieurs fois. J'ai vu deux magasins attaqués, pillés, incendiés. J'ai vu des jeunes attraper des grillages et les lancer à travers les portes. C'était surréaliste", explique un gérant de magasin du centre-ville. Selon cet homme, les émeutes ont commencé à 17 h 30, "d'un seul coup" avant que le calme ne revienne, vers 1 heure du matin. Des dizaines de magasins ont ainsi été pillés et incendiés. Au total, une cinquantaine de personnes ont été interpellées. A Salford, dans la grande banlieue de Manchester, des émeutiers ont lancé des briques sur des policiers et ont mis le feu à des bâtiments. Ce sont les pires émeutes qu'ait connues la ville en trente ans, selon le chef de la police locale, Garry Shewan, avec une intensité qu'il "n'avait jamais observée auparavant". La police a donc fait appel directement à la population, lui demandant de "réfléchir soigneusement à qui elle soutient", car "dès demain matin [mercredi], nous viendrons procéder à des arrestations" de personnes identifiées grâce à la vidéosurveillance très développée dans les villes de Sa grâcieuse Majesté. Mais la police de Manchester était vivement critiquée pour son peu de préparation à faire face à de telles situations.
En province, les émeutes continuent
A une quarantaine de kilomètres de Manchester, à Liverpool (Nord), trente-cinq personnes ont été interpellées. Deux cents jeunes ont bombardé la police de projectiles et causé des dégâts. Pour la deuxième nuit consécutive, d'autres incidents ont éclaté dans la deuxième ville du pays, Birmingham, et sa banlieue. Deux cents personnes derrière des barricades ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre, brûlé véhicules et magasins. Trois piétons y ont été tués, renversés par une voiture.
A Wolverhampton des magasins ont également été pillés. Au total, cent neuf personnes ont été arrêtées. A Nottingham, c'est un commissariat qui a été incendié par des jets de cocktails Molotov. "Au moins huit personnes ont été arrêtées" pour cet incident, et plus de quatre-vingt-dix au total dans la ville, selon la police. A Gloucester, dans l'Ouest, des pompiers tentaient d'éteindre un bâtiment à l'abandon en feu. Des véhicules ont aussi été incendiés et des jeunes gens ont attaqué la police à coups de pierres et de bouteilles.
Londres est restée calme
Londres, où les émeutes ont commencé samedi, est restée calme. Et pour cause : seize mille policiers y ont été déployés mardi soir, contre six mille lundi soir. Mais une forte tension était perceptible : de nombreux magasins avaient fermé plus tôt que prévu, et à Canning Town, quartier très défavorisé de l'est de la capitale, la police faisait face à des groupes de jeunes, sans affrontement.
Plus de 700 interpellations
Pour tenter de mettre fin à cette situation, le premier ministre, David Cameron, rentré précipitamment de vacances, a promis de la fermeté. "La population ne doit avoir aucun doute sur le fait que nous ferons tout ce qui est nécessaire pour rétablir l'ordre dans les rues et les rendre sûres pour ceux qui respectent la loi, a-t-il assuré. Une réunion d'urgence du gouvernement aura lieu mercredi, suivie d'une session extraordinaire du Parlement, convoquée pour jeudi. Selon la police, sept cent soixante-huit personnes ont été arrêtées et cent onze policiers blessés dans la seule capitale. Pour l'instant, les autorités britanniques ont exclu tout recours à l'armée, même si la police a visiblement été dépassée dans un premier temps par l'ampleur des violences. Des émeutes qui ont fait leur premier mort, mercredi : un homme de 26 ans blessé par balle lundi.
Bristol et Birmingham dans les années 1980
Ce déchainement de violence rappelle ce qui s'est passé à Birmingham, Brixton et Bristol au début des années 1980. Mais encore en France en 2005. L'origine ? Une bavure policière. Mais en réalité, le feu couvait déjà dans les quartiers populaires. A Tottenham, ce sont 113 communautés différentes qui vivent ensemble, et les rapports n'ont pas toujours été faciles. Le terreau est là : les coupes réglées dans les budgets décidées par le gouvernement de David Cameron ont réduit à néant plusieurs milliers emplois. Le malaise est d'abord social. Economique.
S. A/Agences/Lemonde