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Algérie-Qatar : Le « visa » qui cache « Aljazeera »

 

In Kalimadz

 

 

 

Tout le monde sait en Algérie et ailleurs que le chef de l’état algérien, Abdelaziz Bouteflika, et l’émir du Qatar, Cheikh Hamed Ben Khalifa al Thani, sont amis, qu’ils se rendent régulièrement visite et qu’ils se consultent sur de nombreuses questions. Cette relation entre les deux hommes a permis à l’Algérie de bénéficier d’un traitement de « faveur » dans le média phare du Qatar, la puissante chaine d’information « Aljazeera ». Une faveur d’autant plus étonnante que la chaine a été chassée d’Algérie et ses bureaux fermés depuis plusieurs années. Les rares interventions se font par téléphone lorsque l’actualité l’oblige. Contrairement aux autres pays qui ont connu et qui connaissent de vastes mouvements de protestations que la chaine couvre en permanence, Aljazeera, se contente du strict minimum pour l’Algérie. Et encore, lorsqu’elle ne peut pas faire autrement. Pour tout le monde, c’est cette relation « spéciale » entre les deux chefs d’états qui est à l’origine du traitement complaisant, que beaucoup dans la région envient aux régime algérien.

Dès lors, le différent sur les questions de visas est assez surprenant. D’abord parce que le Qatar est une destination presque confidentielle en Algérie, seules les élites politiques et économiques s’y rendent. Ensuite, parce que selon nos informations, le Qatar n’a pas mis d’obstacle à la délivrance des visas, contrairement aux allégations algériennes, très vite relayées par les journaux notoirement connus pour leurs docilités aux services de renseignements. De plus parce que l’Algérie officielle, celle de Bouteflika, n’a jamais élevé la voix contre les restrictions en matière de visas qui touchent ces concitoyens, quelque soit le pays en question. Enfin, ces dernières années, la diplomatie algérienne, étouffée et sans dynamisme, ne communique que par réaction et très rarement de sa propre initiative et, en tous cas, pas pour des « petits conflits » avec des « pays frères ». Difficile de croire que la sortie du ministère algérien des affaires étrangères relève du soucis de délivrance des visas.

Il est évident que le régime algérien supporte de moins en moins, les positions du « petit émirat » notamment en ce qui concerne la Libye et la Syrie. Pendant que l’Algérie officielle s’est ostensiblement placée derrière les régimes dictatoriaux, tant en Tunisie, qu’en Egypte, mais également en Libye et en Syrie, fermant les yeux devant les répressions sanglante et apportant un soutien diplomatique actif, le Qatar a opté pour le choix inverse. Soutenant partout les révoltes populaires, l’émirat a même été, jusqu’à accueillir la première réunion internationale de l’opposition libyenne. Poussant plus loin, il a participe aux frappes aux cotés de l’OTAN contre les forces de Kadafi et assume publiquement son soutien militaire et logistique.

En Libye, le Qatar, ainsi que les pays occidentaux qui ont soutenu l’opposition, se retrouveront très bientôt en «  pays ami » dans les rues de Tripoli. Le même scénario semble se dessiner en Syrie ou la stratégie du tout répressif adoptée par le clan Al Assad, n’a pas fait taire la population.

Le régime algérien sait parfaitement que son tour arrivera. Aux prochaines émeutes, quoiqu’il en dise, l’opinion internationale, demandera des véritables réformes, voire, un changement de régime. La manière dont la chaine de télévision Aljazeera couvrira la contestation qui s’annonce et que tous savent inévitable sera d’une importance non négligeable. Pas étonnant, dès lors que le régime s’empresse de faire du Qatar un adversaire, et le moment venu d’expliquer qu’Aljazeera est un ennemi de l’Algérie, celle là même qui a « fermé les yeux » depuis plusieurs années. Les journaux à la solde de la police politique ont déjà commencé leur travail de discrédit de la chaine.

Acculé par les changements démocratiques dans les pays de la région, le régime algérien sait qu’il ne pourra plus compter sur la complaisance de la communauté internationale ni même, de celle des pays voisins, en pleine phase révolutionnaire. Il sait également que le nouveau pouvoir en Libye , n’oubliera pas de sitôt, son soutien, insensé, à Kadafi, ni celui, tout aussi insensé, à Bachar Al Assad.

Contre tout entendement, le régime algérien espère demeurer un pays autoritaire dirigé par une caste militaire, qui maltraite son peuple et pille ses richesses, au milieu d’un environnement régional ou partout souffle un vent de liberté et une reprise en mains des peuples de leurs destinées.

De toute évidence, ce ne sont pas ces petites manœuvres de « policiers désespérés » qui le sauveront.

Yahia Bounouar

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