Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Chakib Khelil, le bien protégé

 

 
Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

Bizarrement, les révélations de WikiLeaks sur Chakib Khelil n’ont provoqué aucune réaction en Algérie. Pourtant, elles sont très graves. L’homme est accusé d’être le chef d’orchestre de la corruption par un directeur de la société pétrolière BP. Tout le monde est gêné par ces faits qui soulignent l’ampleur de la dilapidation des biens du peuple algérien. La présidence de la République se tait. L’Assemblée nationale, qui n’hésite pas à ouvrir un débat douteux sur le marché de la friperie, est aux abonnés absents, alors qu’en théorie, elle est la gardienne des intérêts de la nation qui, toujours en théorie, l’a élue. Les partis ne se révoltent pas. La justice, qui a le pouvoir de s’autosaisir d’une affaire de ce genre, est paralysée, donnant une nouvelle fois qu’elle est aux ordres, alors qu’elle est capable de faire l’impensable en rendant des jugements la nuit, dans la clandestinité la plus totale.

On aurait dû se pencher sur le cas de Chakib Khelil depuis bien longtemps. Lorsqu’il a été appelé de Washington, où il travaillait pour la Banque mondiale, au début de 2000 par le président Abdelaziz Bouteflika, il n’était pas accompagné d’une réputation flatteuse. Il a commencé par nommer comme directeur de son cabinet Redha Hemch, un homme qui avait eu des déboires judiciaires en France pour son implication dans une affaire de trafic de voitures volées.

Façon originale d’annoncer la couleur. Ensuite, il a fait ce qu’aucun ministre de l’Energie n’a osé faire avant lui. En effet, outre le poste de ministre, il s’est nommé PDG de Sonatrach et président du conseil d’administration de la même société. C’est-à-dire qu’il s’est attribué la mainmise totale sur 98% des richesses de l’Algérie sans possibilité qu’il soit contrôlé et de rendre des comptes. Les rumeurs les plus incroyables sur sa drôle de gestion se répandaient dans tout Alger. Mais l’homme qui l’a ramené, qui lui a permis de s’attribuer les pouvoirs, est resté impassible. Il a fallu le scandale sur la corruption au sein de Sonatrach pour qu’enfin il soit débarqué.

Pour autant, il n’a jamais été inquiété par la justice, alors que son nom était mêlé à tous les stades de la rapine de nos richesses pétrolières. Il serait même à la tête d’une fortune colossale. Il bénéficie de l’impunité totale, ce qui signifie qu’il a des complices très haut placés avec lesquels il partage le butin. Tout cela explique le silence actuel sur cet homme bien protégé encore aujourd’hui.

Tayeb Belghiche

Les commentaires sont fermés.