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L'égalité

 

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«Les hommes naissent bien dans l'égalité mais ils ne sauraient y demeurer.» Montesquieu

L'égalité entre tous les citoyens, celle qui est inscrite en toutes lettres dans une Constitution maintes fois remaniée, serait-elle un vain mot? Les salariés l'apprennent chaque jour un peu plus à leurs dépens.
C'est ainsi qu'à la veille de cette tripartite que tout le monde attendait avec espoir, les travailleurs et les anciens travailleurs, c'est à dire ceux qui ont pris une retraite «normale», à 80% d'un salaire de base plusieurs fois dévalué par une inflation galopante, ou ceux qui ont été dégraissés au temps du démantèlement des entreprises publiques et qui doivent se contenter d'un pourcentage d'un salaire qui ne correspond plus à rien depuis déjà une dizaine d'austères ramadhans. C'est ainsi que dans les discussions animées qu'osent entretenir, entre deux parties de dominos, certains crânes blanchis et certaines têtes chenues ont émis le souhait de voir la prime de la femme au foyer substantiellement revalorisée, car le bruit a couru depuis longtemps que certains fonctionnaires vernis touchaient depuis fort longtemps une allocation qui était comprise entre 4000 et 5000 dinars. Et si jamais vous vous aventurez à relever que nos tendres moitiés, celles qui s'étaient dépouillées de leurs pauvres bijoux pour alimenter un Fonds de solidarité nationale pour permettre à ceux qui avaient pris le pouvoir par les armes de faire mener à cet Etat un train de vie respectable, sont aussi inégales entre elles que leurs conjoints malchanceux, on vous répondra que chaque catégorie sociale a sa caisse.
Ainsi, il y a des catégories sociales pour lesquelles les caisses de l'Etat sont de véritables cornes d'abondance et d'autres pour lesquelles ce sont des mamelles sèches. Donc, cinquante années après l'été de la discorde, il n'est plus question de solidarité nationale. Certains seront branchés directement sur les puits de pétrole tandis que d'autres le sont sur le FMI, la Banque Mondiale et la crise économique générée par les subprimes et la dette grecque. Donc, les travailleurs les plus modestes, ceux dont leurs salaires ne sont pas indexés sur le Snmg devront attendre une décision charitable comme ces mendiants qui assiègent les entrées de mosquées, des restaurants et des boulangeries. Et la politique salariale des gouvernements algériens a toujours été la même, même quand les importations dépendaient de sociétés nationales, il fallait toujours attendre le geste auguste du Semeur. Dans les années 1970, l'inflation galopante avait conduit le gouvernement Boumediene à prendre un décret gelant les salaires. Certains directeurs d'entreprise se sont mis alors à gonfler les primes pour attirer vers eux les travailleurs qui avaient la malchance d'opérer dans des entreprises vivant de subventions. Il était même arrivé à l'entreprise où j'avais échoué, de différer le paiement des salaires parce que la «tranche» ministérielle n'était pas débloquée. Et il faut rendre hommage à l'inventivité de certains directeurs qui «empruntaient» à la banque de quoi faire patienter leurs salariés dont beaucoup ont commencé à faire du nomadisme.
Le SGT était arrivé à point pour calmer les esprits, mais ses travaux ont tellement traîné en longueur qu'il était tombé en désuétude sous les coups des tenants du libéralisme, ceux qui, dans les journaux payés par le contribuable, accusaient les travailleurs d'être des rentiers. C'était sous l'ère des restructurations qui allaient mettre des entreprises viables à la portée des charognards, ceux qui contrôlent à présent les prix des produits de première nécessité. Et le Syndicat, me direz-vous, dans tout cela? Il participe avec fierté aux tripartites stériles.

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