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Les responsables algériens face à la menace de la justice internationale

Après la convocation de Nezzar par la justice suisse

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Le général‑major à la retraite Khaled Nezzar a été auditionné, vendredi 21 octobre, par la justice suisse après une plainte déposée par deux Algériens résidents en suisse pour « crime de guerre et violation des droits de l’homme ». Ce n’est pas la première fois que l’ex‑ministre de la Défense et homme fort du pouvoir dans les années 1990 se retrouve face à une justice étrangère sur des faits qui se sont déroulés en Algérie. En 2001, neuf ressortissants algériens avaient déposé une plainte en France pour des faits de torture. Le général Nezzar avait quitté précipitamment la France pour éviter d’avoir à répondre à une convocation inévitable de la justice, soulevant un tollé d’indignation de la part des associations de défense des droits de l’homme. La plainte avait ensuite été classée sans suite.

 

Le général Nezzar n’est pas le seul responsable algérien à être ainsi menacé par des procédures  judiciaires à l’étranger. En 2009, le président du MSP Aboudjerra Soltani, avait lui aussi été convoqué par la justice suisse pour des fait de torture. Il avait réussi à quitter le pays. L’association Trial, de lutte contre l’impunité, à l’origine de la plainte contre Khaled Nezzar en Suisse, était déjà derrière la procédure contre M. Soltani.

 

 

 

Mais l’affaire sans doute la plus emblématique est celle de l’assassinat des moines de Tibehirine. L’enquête menée par la justice française envisage toutes les pistes, notamment celle d’une responsabilité des services de sécurité algériens, des responsables civils en poste au moment des faits et qui sont toujours au pouvoir. Aucun dirigeant ou responsable de haut rang algérien n’a été convoqué, mais cela pourrait être envisageable.

 

 

 

En fait, ces affaires mettent l’Algérie face à sa propre gestion des années de terrorisme. En décidant de solder les comptes de la décennie noire par la politique de réconciliation nationale,  Abdelaziz Bouteflika et ses partisans espéraient prémunir le pays des conséquences d’un processus judiciaire. En d’autres termes, éviter les douloureuses étapes de procès impliquant les responsables d’actes terroristes, leurs victimes, mais aussi des responsables militaires ou civils qui pourraient être poursuivis.

 

Cette stratégie a fonctionné un temps, même si certaines familles, notamment celles des disparus, ont toujours réclamé la justice et la vérité sur le sort de leurs proches. Mais elle ne pouvait suffire à long terme. Car aujourd’hui, la communauté internationale a bâti des règles, dans le cadre de l’ONU, qui permettent aux personnes se disant victimes de certains crimes, comme la torture, les génocides, etc., de porter plainte n’importe où dans le monde et contre n’importe qui. 

 

 

Pour les responsables algériens qui ont été au pouvoir pendant des années troubles de l’histoire du pays, cette nouvelle donne est impossible à ignorer. D’autant que beaucoup d’entre eux, souvent en déplacement à l’étranger, pour leur santé, pour voir leur famille expatriée, etc., ne sont plus protégés par une immunité diplomatique.

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