L’Entv ne cesse de faire l’objet de critiques acerbes de la part de nombreux analystes et autres observateurs. La “médiocrité” de l’Unique est, en effet, de plus en plus décriée sur tous les toits.
Ni l’ouverture du champ audiovisuel annoncée ni la concurrence imposée par les bouquets satellitaires, et encore moins les dernières remises en cause du chef de l’État et de son ministre de la Communication ne semblent jusqu'à présent perturber la sérénité des responsables de la chaîne publique. Lesquels continuent à "exceller dans le bricolage". L’énième réquisitoire contre l’Unique émane, cette fois-ci, de Ahmed Adimi, docteur en sciences de l’information et de la communication. Invité, hier, à un débat sur la problématique de l’ouverture du champ audiovisuel, organisé par le Centre des recherches stratégique et sécuritaire (Crss), dirigé par le professeur M’hend Barkouk, Ahmed Adimi reproche à l’Entv le fait notamment d’avoir "éliminé tous les symboles de la nation".
Cela étant, juge-t-il, "l’Entv a toujours été un média du pouvoir, et non pas celui de service public et/ou d’intérêt général". Mieux, ajoute-t-il, "le service public n’y a jamais existé". "Si je critique aujourd’hui l’Entv, c’est parce qu’en tant qu’Algérien, je ressens que je n’ai pas une télévision !" a-t-il asséné.
Afin de remédier à cette tragédie de l’exclusion, l’invité du Crss appelle à "ramener les discours de la rue aux studios" de la télévision. En ce sens, M. Adimi invite les responsables de l’Entv à cesser de traiter l’opposition comme "l’ennemi de l’Algérie". Dans son brillant exposé académique, l’universitaire a expliqué, dans le détail, le rôle important que doivent tenir les chaînes publiques lorsqu’elles répondent aux normes scientifiquement requises. Leur rôle, dit-il, est d’influencer et d’orienter l’opinion publique dans l’intérêt général du pays. Naturellement, rappelle-t-il, la télévision publique est censée créer des passerelles et des liens de communication et de lutter contre le vide. Elle doit constituer "le miroir" de toutes les couches sociales et créer, avec le temps, des symboles nationaux.
Une "vraie" télévision publique, dit le conférencier, est celle qui "renforce l’identité collective et l’unité nationale", celle qui "encourage d’aller vers la modernisation à travers la diffusion d’idées nouvelles et diversifiées". Malheureusement, regrette M. Adimi, "tous ces paramètres font encore défaut à l’Entv". Chose reconnue d’ailleurs, même par le ministre de tutelle ou encore le président de la République, qui avait avoué dernièrement qu’"on n’a pas une télévision". Comment remédier à cette situation ? Comment combler ce "vide médiatique" à même de faire face et limiter l’influence des médias étrangers qui, en ces temps des révoltes arabes, exercent une forte pression sur les peuples ? Dans ses réponses, le docteur Adimi préconise "un changement radical" des programmes des chaînes publiques, en étudiant les "besoins réels" du peuple algérien. Ensuite, dit-il, il faut mettre en place une cellule de recherche et d’évaluation des programmes. Selon les recommandations d'Ahmed Adimi, il serait toutefois inutile de tenter de concurrencer les grandes chaînes. La priorité, dit-il, devra plutôt concerner la définition d’une personnalité des chaînes nationales.
La diversification des programmes et la classification des informations par ordre d’importance sont d’autres conseils préconisés par l’universitaire, lequel insiste particulièrement sur la nécessité de créer d’abord un organisme de régulation de l’audiovisuel public. Abordant l’ouverture de l’audiovisuel aux privés, le conférencier juge, là aussi, qu’il est nécessaire de mettre en place un organisme de régulation du secteur pour établir des cahiers des charges adéquats. Le docteur Adimi recommande, dans un premier temps, d’attribuer aux privés des agréments renouvelables d’une période de "trois ans".
Farid Abdeladim