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Djamel Ferhi : "Il est plus aisé de s’insurger en Suisse que dans un pays comme l’Algérie"

 

alors en "y"va  en suisse ,on s'insurge et on revient.... sur air couscous.

Par |

Djamel Ferhi

"Le bunker ou le requérant d’asile en Suisse" de Djamel Ferhi raconte, dans une forme narrative originale, la vie quotidienne de jeunes immigrés de toute nationalité, demandeurs d’asile en Suisse, parqués dans les camps, des « bunkers » à la périphérie des villes helvétiques.

Le bunker ou le requérant d’asile en Suisse, roman de Djamel Ferhi (Ed. Chihab, 2010)

Journal d’un réfugié algérien en terre helvétique

Ce témoignage d’un requérant d’asile en Suisse  décrit la réalité de la vie quotidienne des bunkers dans lesquels le narrateur, Nazim Gaya, est assigné à résidence. Il  raconte sans fioritures les heurts, les solidarités, les larcins, les amours avec les filles du pays et tout cela, avec gravité, humour dans des univers cosmopolites, multiethniques, dans lesquels les langues, les traditions, les religions, les clans communautaires et les rêves se côtoient, s’affrontent, se neutralisent devant la survie des pensionnaires de l’asile. Des emails sont injectés dans le journal (presque intime) du demandeur d’asile ; des texto sur une relation virtuelle entre le narrateur et une femme, M. Marchand . Ceux-ci renseignent sur le passé de "Nazim Gaya" qui ne décline son identité que dans la brièveté de ces emails comme pour opposer le passé qu’ils évoquent au présent des bunkers. 

Le bunker, qui est la référence spatiale du récit, trouve son origine dans les fortifications souterraines militaires construites durant les deux guerres mondiales notamment par les Allemands et sont censés résister aux bombardements de l’artillerie lourde. Ils sont généralement situés hors des agglomérations et tenus au secret. Ce terme à lui seul, imagé, traduit l’identité carcérale de ses résidents étrangers au pays d’accueil ou d’écueils qui, pour s’en protéger, les y parque, à la périphérie de petites villes froides, frontalières, sous surveillance, avec un règlement strict, comme dans une prison sans barreau. « Asile », « chalet », « roulottes », employés tout au long du récit, en constituent un champ lexical qui accentue la charge sémantique contenue dans « bunker » et ces termes ne sont pas sans évoquer les expulsions médiatisées des « Roms » du territoire français et la destruction de leurs « camps ».

Le narrateur, précisons-le, a quitté l’Algérie, non comme un « harrag » mais dans la plus complète légalité. Il a connu, via internet, une femme, mariée divorcée, vivant avec sa fille, Clémentine. Elle lui rend visite en Algérie et l’invite à son tour en Suisse. C’est m. marchand des emails. Il arrive en Suisse où elle l’accueille pour un séjour régulier de 15 jours. Mais, il disparaît de sa vie et ne refait surface que quelques années plus tard dans un email qu’elle reçoit. Il a vécu successivement dans trois bunkers : De Vallorbe à Kreuzelingen, Aarau et Obermumf d’où il rejoint l’aéroport de Zurich pour le retour en Algérie. C’est à Aarau qu’il passe le plus long séjour, qu’il écrit, qu’il pénètre l’inhumanité et l’humanité des résidents, des Russes qui l’adoptent « Victor et Alexei étaient contents que je leur parle de Tchekov, Pouchkine, Gogol, Dostoïevski, Tolstoï et bien d’autres encore et Jean était fier que je lui cite Joseph Conrad et Chopin. Victor, Alexeï et Jean m’adoptèrent. Chaque fois qu’ils se réunissaient, ils m’appelaient pour parler littérature, musique etc. », mais aussi des Polonais, des Palestiniens, des Somaliens, rivés à la télé et les trublions de Tunisiens et Algériens comme lui.

Il se lie d’amitié avec ses compatriotes, personnages attachants, déjà rompus à l’art de la débrouille par des larcins en tous genres, persuadés qu’ils n’obtiendront pas le droit d’asile en terre helvétique. Alors ils se défoncent à cent à l’heure : vol de portefeuilles, de portables revendus, trafic de drogues dans les bars confinés de petites villes à la périphérie du bunker, la nuit. Ils ne rejoignent l’asile qu’au petit matin. Le narrateur, un moment révolté par l’opulence douteuse de Nounou et Rachid qui lui remettent une partie du butin, finit par s’y ranger, non par cupidité, mais par solidarité dans la précarité la plus totale. Il en devient même le spectateur complice non sans scrupules : « Dans le dortoir du bunker, Rachid tira un portefeuille, de couleur marron foncé, gros comme ça. Il l’ouvrit et en tira tous les billets de banques et la monnaie qu’il recelait et il le remit dans sa poche. Il me dit qu’il jettera le portefeuille, dehors, plus tard. Il se mit à compter l’argent. Il y en avait pour plus de 300 francs. Il me tendit 150 francs en disant : voilà ta part. Je regardai sa main tenant “ma part” d’argent. C’était une véritable fortune. Deux semaines de paie d’un seul coup. Mon cœur me disait de les prendre ? Je dis ça car j’ai un cœur légèrement corrompu sur les bords. Mais une chose est sûre, ma tête s’y refusa…C’est donc ainsi qu’on s’en sort. Avec ce genre d’à-côtés. Cela veut-il dire qu’on ne s’en sort pas avec 77 francs? »

Nounou et Rachid ont la nostalgie du pays mais ils ne veulent pas y retourner. Ils sont devenus des oiseaux de la nuit qui ont appris à voler malgré leurs ailes brisées. Ils prennent conscience des dangers que vit leur pays, l’Algérie mais ils n’en font pas dans le discours. Le drame est en eux. Grâce à ce requérant d’asile pas comme les autres, lettré, écrivain, anciennement journaliste dans son pays, Nounou et Rachid vont connaître les délices d’ un autre univers. Ils deviennent en quelque sorte des requérants d’amour auprès de jeunes filles des pin-up où ils sont rois, experts des vols à la tire.

A Aarau, le narrateur vit une relation d’amour charnelle avec Emilie « une anglaise venue vivre en Suisse depuis cinq ans et que j’ai connu début octobre par Internet quand j’étais chez Michèle à Vevey. » Elle compatit à sa situation de réfugié mais, en dépit d’instants de bonheur qu’elle lui procure, il ne cède pas à la tentation d’une relation durable. Il rejoint le bunker sous l’admiration des « siens » pour ses conquêtes amoureuses. Nounou et Rachid vont vivre sur ses pas, des conquêtes féminines équivoques d’ Eve, Noémie et Hélène. Ce qui fera dire à Rachid « 35 ans. Si j’étais resté au pays, je serais demeuré puceau jusqu’au mariage. » Ces conquêtes des filles du pays d’accueil rassurent et donnent l’illusion ou le pouvoir d’une autre conquête : celle du territoire. Nounou et Rachid exorcisent leurs fantasmes sexuels et se libèrent des interdits de leur éducation, de leur personnalité timorée alors même qu’elle est oppressée au quotidien du bunker. Ils se découvrent des dons insoupçonnés, ils sont capables de communiquer avec les filles malgré le handicap de la langue. Ce qu’ils n’ont pas pu faire en Algérie. Leur vraie politique est celle-là. Tout lecteur pourra relever une nette opposition entre le microcosme du bunker, avec son règlement, ses déprimes, ses silences, ses gardiens, ses méfiances et les quelques lueurs des jours de paie misérable d’un côté ; et, de l’autre, l’éclat, les rires, les tournées de bière, avec les filles, leur liberté d’esprit et de corps bien que la plupart soit paumée (l’une d’elle travaille dans un mouroir). A l’absence de vie au bunker, les requérants d’amour se contentent d’illusions de bonheur de ces filles de compagnie. La quête de l’amour, sur fond de mal vie et de tensions psychologiques est une « thérapie » inconsciente. Ce paradoxe rappelle le roman de l’écrivain haïtien, Dany Laferrière ( prix Médicis 2009) Le goût des jeunes filles dans lequel il oppose la joie de vivre des jeunes filles, leur excentricité tapageuse à la noirceur de la dictature du régime de Duvalier. Dans un de ses emails, adressés à m.marchand, « Nazim Gaya » emploie « thérapiser » avec ironie: « Non en effet je ne crois pas que nous soyons en mesure de nous thérapiser :… Mais je ne crois pas non plus que les thérapies soient réservées aux seuls rescapés de guerre. Il y a nombre de simples rescapés de la vie à qui ça fait du bien. »

Dans ces emails dialogiques, qui s’interfèrent au récit, il y a comme une douce ironie des deux correspondants via hotmail. M. marchand est la destinatrice élue des écrits passés et présents ( du bunker) de son requérant de l’intellect. M. Marchand devient une voix vers la fin du récit. Il semble que sa présence-absence par ses messages sur la littérature, la création littéraire et les doutes qu’elle nourrit, soit plus prenante qu’Emilie et toutes les autres à Aarau.
L’insertion d’emails dans le corps narratif du texte est sans doute une technique originale, même si leur distribution est par moments inégale et pas toujours cadrée à l’évolution du récit. Mais ce n’est là qu’un détail. La charpente esthétique du roman entre le récit fluide, prenant, authentique et l’insertion de ce moyen de communication universel – l’email – est d’une architecture taillée aux rigueurs et aux urgences des réfugiés du bunker.
C’est le roman de la rentrée à découvrir, à lire absolument.

L’entretien avec l'auteur

L’auteur du Bunker ou le requérant d’asile en Suisse explique, dans cet entretien, la raison pour laquelle son roman est une suite ininterrompue d’emails écrits de ses camps à une amie suisse qu’il a connue en Algérie…  

Le bunker ou le requérant au droit d’asile est-il un témoignage recueilli et romancé ou est-ce une histoire vécue par l’auteur?
Djamel Ferhi : L’histoire est authentique. Je l’ai vécue. Je dois vous dire deux choses. Tout d’abord, Nazim Gaya avait en tête de partir dans ce pays pour la durée de son visa. C’est-à-dire 15 jours. Ensuite, il n’avait pas l’intention, au départ, de demander l’asile. Il est parti rendre une visite à une amie connue sur internet qui, auparavant, lui avait rendu visite à Alger. Comme le contact lui a semblé plus que positif, elle a tenu à l’inviter, à son tour, à lui rendre visite chez elle. Ce qu’il a failli ne pas faire. Peut-être par peur de l’avion. Oui, c’est la première fois qu’il allait prendre les airs.

Le narrateur est un journaliste algérien qui quitte le pays légalement (contrairement aux harragas). Il arrive en terre helvétique où il demande l’asile. Il est ainsi soumis à séjourner dans des « asiles » dont les pensionnaires sont de nationalité cosmopolite. Pourquoi y reconstitue-t-il sa communauté d’origine ?
Nazim Gaya n’avait que le choix de « reconstituer » sa communauté d’origine pour plusieurs raisons bien que s’il avait été maintenu à Kreuzelingen aux abords du lac de Constance aux frontières de l’Allemagne, il serait resté ami avec les Russes avec lesquels il partageait bien des points communs. Quand on part en exil, surtout forcé, et là je crois que le départ pour le service national en fait partie, on a tendance à se rapprocher de ceux avec lesquels on partage la même culture, les mêmes vue et points de vue, la même langue voire la même religion même si ce dernier point n’est pas le fort de Nazim Gaya. Nazim aurait bien aimé se rapprocher des Noirs Africains, ce qu’il a fait avec une Togolaise à Kreuzelingen, dans le bunker mais ceux-ci faisaient bande à part et étaient occupés avec leur marché de drogue. Ils ne voulaient pas être gênés et ils ne faisaient pas confiance aux « blancs » d’Afrique du Nord. Je rappelle que Nazim s’est lié d’amitié avec Jean le Polonais et Victor et Alexeï, les Russes. Il était même devenu très lié avec Victor comme il était très lié avec Vladimir à Kreuzelingen.

Il séjourne dans trois « centres » dont le plus important est celui de la ville d’Aarau. C’est le « bunker » du titre. Pourquoi cette expression qui rappelle la période fasciste de l’Allemagne ?
Le « bunker » comme son nom l’indique se trouve à Aarau, en Argovie. Il est construit dans la forte tradition des bunkers sous un minuscule monticule. Il est tout de béton fait et creusé sous terre. Je pense qu’il est là pour abriter les civils de quelque bombardement… Evidemment, c’est Nazim Gaya qui lui a donné ce nom de « bunker ». Je ne peux rien dire de plus.

Ces « asiles », situés hors des agglomérations, soumettent les requérants d’asile à un règlement strict N’y a-t-il pas une forme d’aliénation qui accentue l’angoisse et nourrit en eux le sentiment d’être victimes du racisme ?
Là, on arrive à un point nodal. Pourtant soyons sincères, les réfugiés n’ont-ils pas fui leurs pays d’origine justement à cause des nombreux écueils qu’ils y ont rencontrés parmi « les leurs ? » Cela dit, l’accueil est limite, limite. Je peux vous donner un exemple. Nazim Gaya s’est intéressé tôt à la langue allemande qu’il voulait parfaire après son départ de Kreuzelingen pour Aarau, toute deux villes alémaniques. C’est signe qu’il veut s’intégrer car personne alors ne savait que Nazim Gaya avait l’intention de rentrer aussitôt que possible à Alger… Bien, il a reçu une fin de non recevoir. Oui, je confirme : l’accueil dans les pays d’asile est froid même par les journées chaudes d’été et on n’y fait rien pour briser la glace ou balayer les barrières.

Pourtant le narrateur et ses amis s’y « adaptent ». Les plus tenaces vivent de larcins, de vols et sont solidaires. Le narrateur, lui, vit même d’étranges histoires d’amour. Est-ce une manière de peindre à rebours l’Algérien harrag décrit par ailleurs sous une certaine morale ?
On fait bien de mettre ce mot entre guillemets car rares sont ceux qui s’adaptent vraiment. La plupart font plusieurs demandes d’asile dans plusieurs pays d’Europe et vadrouillent ainsi de pays en pays, sans espoir de stabilité. Du reste, il n’y a pas de loi justement au bunker ni de discipline. Pour le reste, l’amour est essentiel pour Nazim Gaya même s’il est sans lendemain.

Alors que la plupart des requérants tiennent à leur culture, tradition de leur pays d’origine, le narrateur lui s’en insurge malgré les pressions de la vie collective au bunker. Comment l’expliquez-vous ?
Je ne m’explique rien, mais je peux vous assurer qu’il est plus doux et aisé de s’insurger en terre helvétique que dans un pays comme l’Algérie où, bientôt, il nous sera, peut-être, interdit jusqu’à de penser. J’ajouterai que Nazim Gaya a toujours été un anti conformiste même sur sa terre natale. Il est comme ça.

Il semble plus révolté par la situation politique de son pays que par sa propre situation de « réfugié ». Qu’en pensez-vous ?
Comme réfugié ou comme étranger dans un pays censé être accueillant Nazim Gaya s’intègre vite avec ceux qui veulent bien de lui. Et c’est vrai qu’il est révolté par ce qui se passe dans son pays, mais entre nous : qui est satisfait de sa situation ou de son pays ? Les Algériens rêvent de la France ; les Français veulent s’installer aux Etats-Unis et les Américains veulent aller sur Mars. Nul n’est satisfait de sa situation ou de son gouvernement. Il faut dire que chez nous ça dépasse certains seuils de tolérance.

Le narrateur décide de revenir au pays et il s’y était même préparé. Cela ne semble pas ambigu ?
Insatisfait pour insatisfait éternel où qu’il soit, ou qu’il se trouve, Nazim Gaya préfère le soleil chaud de son pays. L’ambiguïté est en nous. On la trimbale de pays en pays sans rémission de pouvoir s’en débarrasser un jour.

Dans le bunker, le narrateur écrit, il est le seul à le faire. Veut-il laisser trace de ses séjours aux bunkers ?
Ecrire, Nazim Gaya écrit depuis 1978. Le nombre d’ouvrages qu’il a brûlé est effarant histoire de ne pas embêter le monde avec ses états d’âmes le plus souvent saugrenus. A l’origine, ce livre ne devait jamais être écrit même si la femme de George et mère d’Anne avait fait promettre à Nazim d’écrire sur leur vie à l’asile et de citer son cas. Ce qu’il a fait succinctement.

Le récit est ponctué d’emails dans leur forme d’internet. Des mails entre Nazim Gaya (le narrateur) et m. marchand. Leur échange porte sur ce qu’écrit le narrateur, leur amour tantôt passionnel, tantôt distancé. Il est question aussi d’Algérie et de sujets politiques. Quelle est la relation entre le récit proprement dit et ces emails ?
En effet, le récit est ponctué d’emails. Ce qu’on doit savoir c’est que tout le livre est une suite d’emails. Je m’explique : quand Nazim quitte Michèle, il lui dit : je quitte bientôt cette terre. Il pensait à la terre helvétique. Elle a compris « Terre » avec une lettre majuscule. Elle a cru qu’il allait attenter à sa vie. Il ne lui donne signe de vie que plus de cinq ans après quand il lui envoie un bref salut qu’elle reçoit de façon mitigée. Elle ne sait comment réagir devant ce brusque retour dans sa vie de l’amant disparu qu’elle n’a pas pu oublier. C’est pourquoi, elle ne lui répond qu’au bout d’un mois. Elle veut savoir ce qu’il fait, ce qu’il devient, ce qui a pu bien lui arriver depuis le moment où il l’a quittée et le jour où il réapparaît dans sa vie. Commencent alors les emails qui constituent ce livre. Entendre par-là que tout le livre est une suite ininterrompue d’emails.

Comment vous est venue l’idée d’injecter dans le récit ces mails ?
En fait, pour être sincère, j’en ai lu des livres, mais je n’en ai jamais lu qui soient intercalés d’emails. Je pense que je voulais écrire quelque chose d’original, toujours pour être sincère. Cela dit, je répète que tout le livre n’est qu’une succession d’emails.

Il y a très peu de témoignages poignants comme le vôtre sur ce phénomène alors que foisonnent des fictions qui s’inspirent de ces réalités. Quel est votre avis ?
Je pense que l’exil et les exodes massifs que connaissent les pays à risques sont le mal du siècle. C’est bon d’en parler, de rabâcher, de ressasser et d’étudier le sujet de fond en comble. Ce qui est dommage, par exemple, c’est qu’on ne se penche pas sur l’étude approfondie des raisons et des phénomènes des « harragas », chez nous. On se contente de faire barrage aux harragas, qui préfèrent mourir en mer plutôt que sur la terre ingrate qui les a vu naître, et de leur intenter des procès pour les enfermer. C’est dingue, je trouve. Pour le reste, mon avis est qu’il faut rester modeste. Le dernier mot reviendra aux lecteurs…

Le récit est écrit avec un  "je". Cela renforce-t-il la véracité du témoignage ?
J’ai toujours écrit avec ce « je » qui ne me quitte pas. C’était un jeu entre moi et mes lecteurs potentiels de l’époque où je scribouillais pour mes amis et les membres de ma famille. C’est aussi qu’à mon avis cela donne l’impression pour l’auteur que le lecteur s’implique plus. Même si le « il » permet une certaine distanciation, pour ma part, je préfère sentir que je m’implique dans mes histoires. Ce « je » est peut-être pour moi, une façon de m’affirmer. Comment savoir ?

Note et entretien réalisés par R.M

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